« Le business modèle du FTTH ne tiendra pas avec le business modèle de l'ADSL, mais c'est normal », c'est ce qu'a constaté Richard Viel, directeur général délégué de Bouygues Telecom lors des 5èmes Assises du Très Haut Débit, qui se sont tenues le 9 juin à Paris. Il annonce ainsi qu'« un forfait fibre coûtera de 10 à 15 euros de plus par mois qu'un abonnement cuivre ». C'est déjà la cas cher Orange (hors promo) alors que Free propose toujours les technologies ADSL et fibre au même prix et que Numéricable ne tire pas la fibre jusqu'à l'abonné (voir comparatif des offres chez Fibre-News.fr). Apparemment, le modèle économique devrait donc être plus rémunérateur que l'ADSL, pour autant les opérateurs télécoms restent encore frileux tant les investissements sont élevés. Autre inconnue : l'appétence des consommateurs sera-t-elle au rendez-vous?

Orange pour sa part a rappelé qu'il a mobilisé 2 milliards d'euros jusqu'en 2015 pour le très haut débit. Didier Dillard, directeur de la règlementation France chez Orange annonce que l'opérateur s'est positionné sur 200 agglomérations dont certaines dans les DOM-TOM. Didier Dillard veut rassurer ces agglomérations : « nous nous engageons à couvrir la quasi-totalité de la ville en 5 ans ». Il a ensuite précisé ses conditions : « Nous avons besoin d'une stabilité réglementaire, il faut [que le cadre réglementaire, ndlr] soit stable ». Une réflexion qui fait suite à l'intervention de Jean-Ludovic Silicani, président de l'ARCEP, plus tôt dans la matinée et qui avait voulu rassurer en affirmant que « les interrogations sont légitimes. Les opérateurs disposent de règles claires et le temps est maintenant venu pour eux d'investir ». Rappelons que les objectifs du gouvernement sont que 100% des Français soient équipés avec la fibre optique d'ici à 2025. Objectif qui soulève de grandes interrogations.

En attendant 2025, que faire ? Une période de transition semble nécessaire avec une augmentation du débit pour faire patienter les zones peu denses de l'hexagone. Un tiers de la population française vit en zone rurale. Comment les atteindre ? David El Fassy, Président d'Altitude Infrastructure estime que « le satellite sera nécessaire pour couvrir les zones de moins denses, les plus isolées du territoire ». Il demande également plus de spectre radio pour proposer des débits de l'ordre de 20 Mbit/s pour des services fixes. Selon lui, il existe bien de l'appétence pour la fibre optique en milieu rural. Pour preuve, Altitude a déployé en moins de six mois, 650 prises au coût moyen de 1200 €/prise, soit 11 km de fibre et 2 km de génie mécanisé. Au bout du compte, Altitude a reçu 550 demandes de raccordement.

Illustration principale : table ronde lors des 5èmes Assises du Très Haut Débit (D.R).