SAP s'est largement investi dans la mobilité depuis son rachat de Sybase il y a quatre ans, en mai 2010. Outre la plateforme mobile et la solution de MDM qu'il a ainsi récupérées et fait évoluer, l'éditeur de solutions de gestion a également porté ses efforts R&D sur Fiori, une initiative qui remodèle ses interfaces utilisateurs. Ses applications de gestion peuvent ainsi proposer de nouvelles expériences d'utilisation sur les tablettes et smartphones. Au-delà du logiciel, SAP a-t-il l'intention de s'aventurer sur le versant matériel de la mobilité ? C'est peu probable. Néanmoins, le Wall Street Journal a repéré une demande de brevet sur un terminal mobile repliable pouvant être reconfiguré pour s'utiliser comme une tablette, un notebook, un téléphone, un lecteur électronique ou autre, qu'un employé pourrait consécutivement utiliser pour diverses tâches.

Demande de brevet par SAP
La description déposée par SAP présente un terminal multi-usage.


La demande a été déposée par SAP il y a déjà un an et demi, en janvier 2013. La description fournie indique qu'au-delà de l'avantage de pouvoir combiner différents terminaux en un seul, cela pourrait améliorer la compatibilité logicielle, réduire les besoins en synchronisation de données et, pour l'utilisateur, la nécessité de devoir s'adapter à différents terminaux. L'idée d'un terminal multi-usage pourrait s'articuler avec son initiative Fiori. Depuis quelques temps, SAP cherche à changer la perception de complexité que son image renvoie généralement au public. Sur son dernier Sapphire, il a aussi dévoilé une nouvelle ligne marketing, "Run Simple", en présentant une approche simplifiée de certaines fonctions financières, Simple Finance, accessible par abonnement sur sa plateforme cloud Hana Enterprise. Cela dit, SAP entretient depuis toujours d'étroites relations avec les principaux fabricants de matériel, dont Intel, HP et IBM. Et la version sur site de sa plateforme Hana, en particulier, s'appuie sur une partie matérielle fournie par une petite dizaine de constructeurs (IBM, HP, Dell, Fujitsu, Cisco, Lenovo, Hitachi...).

Une ligne de défense sur les brevets

Pour l'analyste Ray Wang, fondateur de Constellation Research, interrogé par Chris Kanaracus d'IDG News Service, la demande de brevet de SAP est plutôt de celle que l'on dépose lorsque l'on voit comment les usages vont évoluer, afin de pouvoir l'utiliser dans son portefeuille de brevets. Si l'éditeur devait se constituer un écosystème matériel pour ses logiciels, il pourrait bien sûr se tourner vers un sous-traitant, du type de Foxconn par exemple, pour les fabriquer, mais cette explication est très improbable, reconnaît l'analyste. Pour lui, ce dépôt constitue surtout une bonne ligne de défense sur le terrain des brevets.

Une porte-parole de SAP interrogée par IDG News Service en a également minimisé l'importance en rappelant qu'une demande de brevet ne constituait pas toujours une indication sur un projet en cours ou futur. Toute "spéculation sur l'engagement de SAP dans une activité liée au matériel induirait totalement en erreur dans ce contexte", a-t-elle précisé dans un mail à nos confrères.