Cette affaire aurait dû rester secrète. Un Tribunal arbitral en avait décidé ainsi en 2014 en statuant sur le différend qui opposait Publicis à SAP, l'agence se plaignant de retard dans l'implantation d'un progiciel de l'éditeur entre 2008 et 2014. L'affaire est passée entre les mains d'un Tribunal arbitral, un accord amiable et confidentiel s'en est suivi. Confidentiel jusqu'à l'intervention du cabinet de  défense des actionnaires,  Gouvernance en action, qui a envoyé une demande d'explication à l'agence de publicité le 24 mars dernier, et la réponse qui lui a apportée l'agence, le 31 mars.

Dans cette réponse, que Gouvernance en action publie sur son site, le Président du directoire de Publicis, Maurice Levy parle de « notre litige avec SAP ».... « nous vous précisons que l'indemnité étant destinée à dédommager Publicis Groupe des coûts liés aux retards et difficultés rencontrés à l'occasion de la mise en place d'un nouvel ERP/SAP, la majeure partie de celle-ci a été reconnue dans les comptes consolidés 2014, d'une part au travers d'une diminution de la valeur au bilan des actifs capitalisés dans le cadre de ce projet et, d'autre part d'une neutralisation des coûts additionnels enregistrés au compte de résultats. Le montant restant a été différé et reconnu au compte de résultat consolidé en 2015 et 2016 afin de couvrir le coût résiduel des retards ».

Les marchés financiers n'ont pas été informés

Dans un communiqué daté du 22 mai dernier, Gouvernance en action commente le communiqué de Publicis, daté, lui, du 17 mai précédent et surtout mentionne le montant de l'indemnité, qui serait selon lui de 150 millions d'euros. Il conclut que « cette indemnité exceptionnelle a donc fortement amélioré la marge opérationnelle de Publicis Groupe sans que les marchés financiers en soient informés. » Le cabinet remet le dédommagement perçu par Publicis dans un autre contexte, celui de la gouvernance de l'entreprise, son orthodoxie comptable et la rémunération de ses dirigeants.

Le groupe Publicis tient son Assemblée générale des actionnaires mercredi 31 mai et Gouvernance en action compte bien interpeller le groupe sur ce sujet. Pour le cabinet, la transaction n'a fait l'objet d'aucune communication au marché, elle n'a pas été comptabilisée comme opération exceptionnelle. Publicis argue du contraire (communiqué du 17 mai) : « Ce traitement comptable a été validé par les commissaires aux comptes qui ont aussi jugé qu'il n'était pas nécessaire de faire mention de cette information, ni dans les notes annexes aux comptes de l'année 2014 ni dans le rapport de gestion ».

Pour sa part, SAP, dans une réponse écrite, nous précise que : « ce dossier étant clos, SAP ne fera aucun commentaire. »