S pour simple, 4 pour 4ème génération. La suite de logiciels d'entreprise de SAP, qui fonctionne désormais au-dessus de HANA, sa base de données en mémoire, s'apprête donc à devenir S4HANA. C'est ce qu'a glissé Bill McDermott, CEO de l'éditeur allemand, lors d'une conférence téléphonique consacrée aux résultats financiers 2014 du groupe, hier. On devrait en savoir davantage sur le sujet le 3 février prochain lors de l'Investor Symposium, journée consacrée aux investisseurs de la société. Mais l'offre est déjà présentée depuis plusieurs jours aux équipes commerciales de l'éditeur à travers le monde lors des événements FKOM (Field Kick-Off Meeting) 2015, organisés en Asie, à San Diego et à Barcelone. Les tweets sur S4HANA circulent déjà depuis une semaine et demie.

Lors de son intervention téléphonique, Bill McDermott a rappelé que depuis 5 ans, SAP s'était embarqué dans une stratégie tirée par HANA, englobant le cloud, les terminaux mobiles et, plus récemment, l'Internet des objets. Le tout s'est complété d'acquisitions dans le domaine des « business networks » avec l'énorme réseau mondial de e-commerce B-to-B Ariba (par lequel a transité 700 Md$ via 1,7 million d'entreprises) puis avec Concur, spécialisé dans les voyages d'affaires et la gestion des frais professionnels. Pour Bill McDermott, ce dernier rachat viendrait compléter l'offre de SAP en introduisant une dimension de « simplicité ». Un aspect que l'éditeur a commencé à vouloir mettre en avant ces derniers temps avec, par exemple, un produit comme Simple Finance. 

Depuis plusieurs mois déjà, avec l'offre HANA Enterprise Cloud, les clients qui voudraient accéder aux bénéfices de la base en mémoire (traitement OLTP et analyse en temps réel), sans déployer la suite de gestion chez eux, peuvent accéder à une version de l'offre hébergée par SAP ou par IBM. Avec le rachat de SoftLayer, IBM dispose maintenant d'une vaste infrastructure de datacenters dans le monde qui s'est complété d'une implantation en France en décembre. Selon Bill McDermott, 1 200 clients exploitent aujourd'hui la plateforme cloud HANA.

Une expérience utilisateur revue avec Fiori

Interrogé sur le futur « S4HANA » lors de l'annonce des résultats financiers, le dirigeant a renvoyé au 3 février pour en savoir plus. Il a néanmoins concédé quelques explications. « Pensez à HANA comme la seule plateforme dont une entreprise a besoin pour exploiter ses transactions, ses données non structurées, les données des médias sociaux. C'est l'architecture in-memory standard de facto pour cette génération. Pensez à la Suite sur HANA [présentée] de façon très simplifiée. Nous vous en avons déjà montré quelques signes avec Simple Finance [...] et cela s'étendra à tous les autres aspects de la Suite. »

Bill McDermott a ajouté que l'expérience utilisateur serait particulièrement soignée puisque SAP était en train de revisiter la Suite entière avec Fiori, ses interfaces conçues pour les apps mobiles. Utilisée depuis un terminal mobile, consommée à partir du cloud, « vous aurez l'application la plus moderne dans son genre au monde. » SAP a prévu des témoignages de clients le 3 février. « Cela fonctionnera évidemment dans le cloud, mais je rappelle toujours que ce que vous pouvez exploiter dans le cloud, vous pouvez aussi le ramener dans un monde on-premise », a également souligné le dirigeant. Avec cette offre revisitée, SAP ne vise pas seulement les métiers, mais aussi les dirigeants d'entreprise, le « C level » (CEO, CFO, CMO...) a rappelé Bill McDermott. Une cible à laquelle l'éditeur s'adressait déjà avec Simple Finance.

Des modèles de données simplifiés

Mais Bill McDermott n'est pas le seul à lever déjà le voile sur cette évolution. Il y a plusieurs jours que les premiers tweets s'échangent derrière le mot-clé #S4HANA. Lors des rendez-vous FKOM (Field Kick-Off Meeting) 2015, SAP a commencé à communiquer officiellement sur le sujet auprès de ses équipes commerciales. Différents messages postés sur Twitter indiquent que S4HANA utilisera un modèle de données simplifié et tirera tous les avantages des capacités in-memory. Sarhan Polatates, architecte SAP HANA, explique qu'elle contiendra les précédentes tables même si elles ne sont pas utilisées, afin de pouvoir faire tourner les codes spécifiques existants. Il ajoute aussi que l'empreinte de données sera 8 fois moins importante.

De son côté, Sven Denecken, responsable de la co-innovation et de la stratégie pour la suite Cloud chez SAP, a déjà ajouté la mention S4HANA à son profil LinkedIn et à son fil Twitter. « SAP aide ses clients à fonctionner plus simplement avec une approche en trois volets : plateforme ouverte, des apps innovantes et des réseaux », rappelle-t-il au passage. En fait, cette transformation est à l'oeuvre depuis près de cinq ans au sein des équipes de développement de SAP. Elle s'est progressivement manifestée de différentes façons au cours des nouveautés présentées au fil des mois, au fur et à mesure de la maturation de la technologie HANA, avec laquelle l'éditeur concurrence de plus en plus sérieusement Oracle.

Cet automne, le responsable du développement des produits chez SAP, Bernd Leukert, également membre du comité exécutif de la société, avait déjà évoqué s-Innovations, qui reprend la description du système sERP décrit par Hasso Plattner, le fondateur de SAP. Celui-ci réintègre notamment des composants comme le CRM (gestion des relations clients), le SRM (gestion des relations fournisseurs) et le SCM (la supply chain), au-dessus de la base in-memory.