Au niveau mondial, SAP a plus que doublé son chiffre d’affaires sur le cloud en un an, à 599 M€ sur le trimestre clos fin septembre contre 277 M€ au 3ème trimestre 2014. Tiré par les offres SaaS que l’éditeur allemand a rachetées au cours des dernières années (SuccessFactors, Ariba, Hybris…), ce revenu ne représente toutefois que 14,5% de l’ensemble de son chiffre d’affaires logiciel. En incluant les licences sur site et le support, ce dernier s’établit à 4,1 Md€ sur ce troisième trimestre fiscal, en augmentation de 19% par rapport à l’an dernier. Pour preuve de la bonne progression de ses activités cloud, SAP pointe les nouveaux abonnements (« bookings ») qu'il a enregistrés sur le trimestre. Ceux-ci ont également doublé par rapport à l’an dernier, à 216 M€. Avec les services, le chiffre d'affaires total du groupe a augmenté de 17% à 4,99 Md€ et son bénéfice opérationnel (24,3% du CA) de 5%. Le bénéfice après impôt s’établit à 895 M€, à peu près au même niveau que l’an dernier (+2%).

« Ces chiffres vont au-delà des attentes », a commenté ce matin Marc Genevois, directeur général de SAP France depuis le 1er octobre, lors d’une conférence téléphonique. Il constate que SAP commence, avec sa plateforme HANA, à capter les investissements liés à la transformation numérique des entreprises « qui exigent de disposer d’une infrastructure flexible et de réduire la complexité des processus métiers ». Cela se traduit par l’adoption de S4/HANA (4ème génération d'ERP de l'éditeur) sur le marché, a indiqué le DG. Pour l’instant, seule la partie Simple Finance de cette offre est disponible, mais la partie logistique est attendue pour cet automne. S4/HANA a déjà été retenue par 1 300 clients dans le monde dont quelques dizaines en France, a précisé Marc Genevois, en citant Vinci Energie. Pour la plupart des clients S4/HANA, il s’agit encore de projets en phase de démarrage. Le groupe français Vinci Energie, qui fonctionnait à 50% sur SAP ERP et à 50% sur Oracle ERP, va basculer une centaine de ses filiales sur SAP d’ici la fin de l’année. « C’est l’un des plus avancés, ayant démarré dès juin ».

Le meilleur 3ème trimestre depuis la création de SAP France

Hors cette partie ERP, l’activité de SAP prospère surtout par ses offres périphériques, notamment dans le cloud : gestion des ressources humaines (de plus en plus traitée de bout en bout), Commerce (Ariba, Fieldglass et Concur) et CRM (SAP parle désormais de Customer Engagement). L’activité GRH a ainsi progressé de 79% sur le trimestre avec 800 clients de plus sur les 12 derniers mois. En France, pour sa première conférence de résultats au poste de directeur général, Marc Genevois a démarré sous de bons auspices puisqu’il lui est revenu d’annoncer le meilleur 3ème trimestre depuis la création de la filiale. Les ventes de licences sur site ont augmenté de 15% et les abonnements cloud de 46%. « Sur le cloud en Europe, nous avons raté de peu un taux de croissance à trois chiffres », a ajouté ce matin le DG.

Mis à part ces deux évolutions, le dirigeant français n'a pas pu donner de chiffres plus précis sur les ventes, SAP comme d'autres éditeurs ne souhaitant pas détailler les résultats de ses filiales. On sait en revanche qu'il y a eu 84 clients entièrement nouveaux signés sur le trimestre par la filiale française. « C’est plus de deux fois plus que l’an dernier », a pointé Marc Genevois. Mais, ici encore, il est un peu tôt pour citer nommément les entreprises en question qui veulent d'abord gérer leur conduite du changement (prévenir les utilisateurs en interne) avant de communiquer. « Par ailleurs, pour le 8ème trimestre consécutif, tous les clients ERP sont partis d’emblée sur HANA, ce qui confirme l’adhésion à notre nouvelle plateforme ». Il s’agit d’entreprises de toutes tailles, grands comptes comme PME, plus ou moins grandes.

Audits de licence : pomme de discorde

Quelques jours auparavant, Marc Genevois s’était frotté aux griefs du club des utilisateurs francophones sur les questions d’audit de licences et de facturation des accès indirects, lors de la Convention USF à Lyon. Pour le DG français, SAP France ne se sert pas de l’audit de licences pour peser sur les négociations auprès des clients. « Nous avons construit une équipe compliance qui n’est pas une équipe commerciale », a-t-il insisté. « Nous vérifions que les clients respectent notre propriété intellectuelle, mais il ne s’agit pas d’une démarche de génération de revenus ». Cela dit, Marc Genevois reconnaît que cela reste un sujet de polémique : « Nous ne serons probablement jamais d’accord avec les clients sur ces points ».

Sur la partie cloud, SAP France développe par ailleurs des offres commerciales autour de HEC (HANA Enterprise Cloud) et HCP (HANA Cloud Platform), la première permettant d’exploiter l’ERP dans le cloud et la deuxième d’étendre son périmètre fonctionnel sur site avec des extensions cloud. « Ces offres ne porteront pas encore leurs fruits dès ce 4ème trimestre mais elles constitueront un relai de croissance sur 2016 », a assuré le DG. Autre secteur de progression, la Supply Chain étendue « qui croît à la fois comme offre seule et qui tire les projets de transformation chez nos clients », a ajouté le dirigeant en évoquant, sans le nommer, un gros client dans l’agro-alimentaire dont le choix de SAP au 3ème trimestre a été dicté par le besoin d’amélioration des processus sur sa Supply Chain. « Ce type de projets est un vecteur de croissance significatif. Cela a déjà été le cas au 1er et 2ème trimestre et c’est aussi dans le radar du 4ème ».

Rachat de Multiposting, en ligne avec les 100 M€ à investir en France

Enfin, le point presse a permis aussi de revenir sur le rachat, la semaine dernière, de la société française Multiposting, « leader incontesté », selon Marc Genevois, des solutions de diffusion automatisée pour les offres d’emplois et de stages en entreprises. Créé en 2008, l’éditeur parisien a réussi à faire croître son chiffre d’affaires de façon très significative pour atteindre 9 M€ en 2014. Le montant de la transaction est confidentiel. Néanmoins, le DG français a rappelé que Bill McDermott, CEO de SAP, reçu en avril dernier par le président de la République François Hollande et le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, avait alors annoncé que le groupe investirait 100 M$ en France. « Cette acquisition est alignée avec la stratégie annoncée, mais nous n’avons pas utilisé la totalité de cette enveloppe ».

Comme les autres sociétés rachetées, Multiposting va intégrer le portefeuille d’offres de SAP au niveau mondial. Elle est déjà présente dans 50 pays, en 15 langues avec plus de 15 000 utilisateurs. A titre de comparaison, l’offre du spécialiste français de la tarification complexe, Highdeal - racheté en 2009 par SAP - est depuis devenue l’offre de billing de l'éditeur européen au niveau mondial, désormais sous le nom d’Hybris Billing.