Au moment de son lancement en janvier par SAP, le portefeuille de solutions Leonardo devait essentiellement servir de plate-forme IoT. Cette dernière devait notamment permettre aux clients de tracer et d’analyser rapidement des données remontées de capteurs installés sur des périphériques connectés. Désormais, l'éditeur veut proposer une façon d’exploiter simplement des technologies de plus en plus utilisées ou émergentes - intelligence artificielle, apprentissage machine, analyse avancée, blockchain - pour résoudre des problèmes métiers spécifiques. Avant de packager ensuite ces technologies pour d’autres utilisateurs, moins précoces à les adopter.

Ainsi, avec Leonardo, SAP ne se limite plus à accompagner ses clients sur leurs projets IoT avec une offre cloud et des modèles. Il a désormais l’ambition de couvrir l'ensemble des problématiques de l’entreprise. « Leonardo va contribuer à accélérer le time-to-value en identifiant des sujets communs à traiter de façon globale au sein d'un secteur d'activité », explique Mike Flannagan, vice-président senior de l’analytique chez SAP. « On prend une problématique métier spécifique à un client, on cherche les éléments communs à travers le secteur d’activité considéré, puis on définit les éléments d’une méthodologie, ainsi que les technologies utilisées pour résoudre cette problématique et on les package pour les mettre à disposition des autres clients, tel un accélérateur ».

Des technologies bâties sur le PaaS de SAP

À ce stade, il est difficile de donner une définition fonctionnelle de SAP Leonardo, car la plateforme réunit différentes technologies SAP, toutes construites sur Cloud Platform, l'offre PaaS. La semaine dernière, sur Sapphire Now (du 16 au 18 mai à Orlando), Hasso Plattner, cofondateur et président du conseil de surveillance de SAP, a qualifié Leonardo de « bounding box » en expliquant qu'il réunissait « un ensemble d'objets ou d'outils permettant de créer un système qui, grâce à des algorithmes d'apprentissage machine, sera capable d’identifier des informations qu’il pourra relier à des transactions » au sein de l’environnement SAP. Selon Hasso Plattner, la façon dont SAP utilise l’intelligence artificielle et l'apprentissage machine est unique dans le sens où toutes les informations commerciales importantes se trouvent dans les systèmes transactionnels SAP des clients, donc à portée immédiate. De plus, selon lui, le fait de pouvoir conserver les données au même endroit est le meilleur moyen de les protéger.

Des outils IA sur un marché bien pourvu

Lorsqu'on a demandé à Bernd Leukert, responsable des produits et de l’innovation de SAP, ce qu’apportait de plus Leonardo sur ce marché encombré où des concurrents comme IBM Watson et Microsoft Azure proposent déjà des services cognitifs, celui-ci a répondu : « Je sais qu'il y a déjà des quantités de plates-formes sur ce marché, mais elles fonctionnent toutes en silo ». Mais, avance-t-il, la solution de SAP est ouverte et permet aux clients d’accéder à toutes leurs données physiques, à leurs données RH, à toute information accumulée au fil des ans dans leur ERP. Ils peuvent en plus collecter toutes les données qui remontent de leurs capteurs et même les combiner avec des données d’affaires externes ». Pour réaliser une analyse approfondie de ces données, certaines entreprises utilisent l'apprentissage machine pour transférer ces données vers un autre système dédié, ce qu’on appelle le traitement par lots. Les données sont ensuite analysées et retournées au système central. « Nos API permettent une connectivité en temps réel avec la plateforme et l’offre couvre plus de 25 industries. Je ne connais aucune entreprise au monde qui puisse offrir cette connectivité et cette exhaustivité », a-t-il affirmé.

Il semble que Leonardo fasse concurrence aux plates-formes clouds Azure de Microsoft ou Watson d’IBM, lesquelles permettent également aux clients de choisir la technologie cloud ils souhaitent utiliser pour résoudre un problème d’affaires et non à la solution plus packagée de Einstein de Salesforce, qui s’appuie sur un service SaaS (softare-as-a-service) pour proposer des pistes et des idées d’analyse aux utilisateurs. SAP fait déjà la même chose, mais de manière moins évidente, avec ses applications cloud. Par exemple la recherche intelligente de CV et la gestion de travailleurs temporaires avec Fieldglass ou l’optimisation de la relation client avec Hybris Cloud. Il faut signaler au passage que SAP a opté pour le partenariat pour développer ses capacités d'apprentissage machine, au lieu de tout faire en interne. L’éditeur utilise le projet open source TensorFlow de Google pour ses algorithmes d'apprentissage machine et Nvidia pour le hardware qui sert à entraîner les algorithmes.

Des tarifs personnalisés

Naturellement, les tarifs d'un produit comme Leonardo seront assez personnalisés, car ils font entrer des logiciels et des services cloud dans le processus. Selon Mala Anand, vice-président exécutif des Analytiques chez SAP, « les clients n’auront pas besoin de rassembler des éléments épars pour résoudre un problème d'entreprise. La plateforme utilise des services inclus qui adaptent des éléments logiciels prédéfinis à leurs besoins spécifiques. Tous les prix seront prédéfinis et notre engagement sera lié à un échéancier précis, de façon à faire profiter chaque client d’un time-to-value plus rapide ».