Le consortium OpenDaylight a été créé lundi dernier afin de coordonner les initiatives autour du SDN (Software Defined Networking). Le SDN a pour ambition de transformer les réseaux en plates-formes programmables, au lieu d'un assemblage de boîtiers.

Le consortium regroupe la plupart des principaux acteurs en la matière. L'objectif du projet est la mise à disposition d'un cadre de développement Open Source pour des réseaux SDN. On trouve dans le consortium au niveau des membres Platinium : Cisco, Ericsson, Brocade, Citrix et Big Switch.

Parmi les autres membres, on trouve : IBM, HP, Microsoft, Dell, Intel, Nec, Nuage Networks (la startup SDN d'Alcatel Lucent), VMware et Juniper Networks. L'initiative est similaire à celle qui dans le domaine du big data a amené au développement de Hadoop. Le projet est hébergé dans la Linux Foundation, dirigée par Jim Zemlin. Le groupe de développement doit être neutre vis-à-vis des acteurs, et « le meilleur logiciel proposé par les fournisseurs gagnera » selon Jim Zemlin. Ce cadre de développement évitera aux protagonistes de se battre sur les fondations, pour pouvoir se concentrer sur les applications à valeur ajoutée.

La caution de la fondation Linux


Les logiciels développés par le consortium seront distribués sous la licence publique d'Eclipse. Malgré le support de la Foundation Linux, les logiciels ne seront pas compatibles uniquement avec Linux. Parmi les outils développés, il y aura un contrôleur qui s'interfacera avec des outils de gestion de cloud, des commutateurs, au sein du réseau.

Une plateforme SDN pourra apporter un dialogue direct entre un accélérateur applicatif d'un fournisseur et les commutateurs du réseau d'un autre fournisseur, afin de favoriser certaines applications. Les membres Platinium du consortium doivent dédier 10 ingénieurs à plein temps au projet, et les membres Gold doivent fournir 3 ingénieurs à temps plein. « Reste à savoir ce qui sera remis à la communauté, et ce qui sera conservé en interne de ces contributeurs » se demande Mike Spanbauer, analyste chez Current Analysis.

Un fort scepticisme sur le projet


Restent d'autres questions en suspens. On note l'absence dans le consortium de l'ONF (Open Networking Foundation), qui est menée par les utilisateurs. Cisco tente de placer son propre contrôleur Cisco One Controller  comme le contrôleur de facto d'OpenDaylight. Certains membres sont prudents - comprendre sceptiques - à l'instar de Big Switch sur le fait que les efforts restent dans l'axe de l'objectif initial.

Big Switch est tout à la fois un contributeur et un chien de garde de l'initiative. On voit également que Cisco minimise, voire veut supprimer, le rôle d'OpenFlow et le découplage entre les plans de contrôle et de données pour les réseaux SDN.  OpenFlow est pourtant adopté comme API Open Source des réseaux SDN par des acteurs comme Google ou d'autres membres fondateurs de l'ONF, et par des fournisseurs comme Big Switch, HP ou IBM.

De plus, il est aussi probable que l'entité Insieme Networks de Cisco n'intégrera pas Daylight dans le développement de ses propres produits. Et enfin, il est improbable que des concurrents acharnés puissent collaborer sur des développements stratégiques de produits. L'institut Gartner se montre sceptique, car OpenDaylight n'est contrôlé que par des fournisseurs et n'intègre pas les utilisateurs. L'initiative pourrait finalement permettre à Cisco ou IBM de geler le marché en attendant qu'ils disposent de leurs propres produits.