Avec les quatre derniers sites ouverts fin 2014, dont celui de Clichy le 7 novembre dernier, l'infrastructure mondiale de clouds de SoftLayer compte actuellement 28 datacenters. En 2015, la société rachetée il y a moins de deux ans par IBM va continuer à se focaliser sur le développement de son infrastructure de datacenters, nous a indiqué son CTO Marc Jones, lors d'un déplacement à Paris la semaine dernière. En décembre, les trois derniers sites ont démarré à Francfort, Tokyo et Mexico. En Europe, en dehors de l'Allemagne et de la France (le datacenter se situe à Clichy, dans les locaux de Global Switch), SoftLayer s'est aussi installé à Londres et à Amsterdam. Au cours des 1er et 2ème trimestres 2015, d'autres datacenters viendront s'ajouter au réseau actuel, sur lesquels l'opérateur ne souhaite pas encore communiquer. On sait néanmoins qu'ils ne seront pas situés en Europe.

Lors de l'ouverture du site parisien de SoftLayer en octobre dernier, IBM France avait détaillé cette offre IaaS qui permet à ses clients français de déployer des projets dans le cloud en stockant leurs données dans l'Hexagone. Au-dessus de cette plateforme IaaS, Big Blue propose de son côté les services PaaS et applicatifs de son offre BlueMix. Cet automne, la filiale française avait présenté le témoignage de deux entreprises déjà engagées avec SoftLayer, Assima (environnement de formation virtuel) et Hypernia (hébergement de jeux vidéos). Depuis, plusieurs clients français - petites et grandes entreprises - ont opté pour SoftLayer. Si IBM ne souhaite pas en donner le détail, il cite en revanche volontiers le projet qu'il mène en ce moment avec l'Ecole de management EMLyon. Celle-ci s'appuie sur l'infrastructure cloud de SoftLayer pour créer un environnement d'apprentissage proposant un contenu adapté à chaque participant et qui sera déployé en France, en Chine et au Maroc.  

Un logiciel d'orchestration mis à jour de façon agile

Tous les datacenters de SoftLayer sont reliés au sein d'un réseau privé et l'interconnexion avec ceux d'IBM est maintenant pratiquement réalisée, nous a précisé Juliette Macret, directrice cloud computing d'IBM France, la semaine dernière. Sur la plateforme IaaS, les clients peuvent classiquement disposer de serveurs virtuels et de services de stockage et réseaux, mais aussi provisionner des serveurs physiques (bare-metal). L'orchestration de ces services est assurée par une application développée en interne. « SoftLayer a été fondé en 2005 et depuis le début, nous avons développé notre propre logiciel, IMS (Infrastructure Management System), que nous utilisons pour orchestrer toutes les actions au sein de chaque datacenter. Ce logiciel est constamment amélioré, de façon agile. Nous réalisons plusieurs mises à jour de code chaque semaine, mais il s'agit pour la plupart d'améliorations incrémentales pour supporter notre portail et l'expansion de nos datacenters », nous a expliqué le CTO, Marc Jones.

Depuis le rachat par Big Blue, son équipe de R&D collabore avec celles d'IBM Research à travers le monde, un apport qu'il apprécie particulièrement. Parmi les développements, SoftLayer a réalisé il y a environ un an le projet Jumpgate. « C'est un projet Open Source dont l'intention était de montrer que nous pouvions fournir une compatibilité OpenStack pour l'API SoftLayer. Mon équipe a réalisé l'essentiel du développement initial sur ce projet puis nous l'avons ouvert sur GitHub et certaines équipes d'IBM l'ont utilisé pour interagir avec la plateforme SoftLayer en recourant à l'API OpenStack. Il s'agit vraiment d'un projet Open Source et non d'un projet officiel d'IBM ou SoftLayer », nous a précisé Marc Jones.

Notre réseau, l'un de nos actifs les plus solides

IBM est très impliqué dans l'environnement de cloud OpenStack dont il est l'un des contributeurs importants (le 4ème en fait). SoftLayer travaille aussi sur ce framework. « Notre plateforme de stockage objet est basée sur OpenStack Swift et nous continuons à nous intéresser à OpenStack. Nous pensons qu'il y a un fort élan autour du projet et c'est l'un des domaines que nous regardons », a confirmé sans plus de détail Marc Jones en citant un deuxième domaine important pour sa société. « Si vous regardez ce qui se passe aujourd'hui dans le réseau, il y a un changement rapide qui s'effectue vers la compatibilité SDN et vers NFV, Network functions virtualization, et l'un de nos actifs les plus solides chez SoftLayer, c'est notre réseau, notre réseau privé mondial qui interconnecte chaque datacenter et qui bénéfice de nombreuses avancées technologiques. Nous avons deux différenciateurs clés sur le marché : nos serveurs bare metal et notre réseau. Ce dernier a une empreinte que les concurrents n'ont pas, nous regardons donc constamment comment nous pouvons l'améliorer. Par exemple, nous avons introduit l'an dernier à Londres des capacités dual 10 Gbits sur chaque serveur. Auparavant, c'était une option, maintenant, c'est en standard sur tous nos serveurs. Nous mettons donc beaucoup l'accent sur les capacités de notre réseau ».

SoftLayer Network

Chaque datacenter et point de présence du réseau de SoftLayer comporte plusieurs connexions 10 Gbps vers différents opérateurs. A Paris, le point de présence se fait avec Equinix. (Agrandir l'image)

Interrogé par ailleurs sur l'intérêt que SoftLayer porte à Docker, la technologie Open Source de mise en containers, et l'opportunité de la proposer aux clients, Marc Jones se montre mesuré. « Nous ne sommes pas sûrs. Nous aimons beaucoup Docker et les containers. En interne, nous l'évaluons et tous mes développeurs l'apprécient. Nous cherchons quelle offre potentielle pourrait être faite. » Toutefois, le CTO constate que les containers restent très « single tenant » par nature. « Les containers ne sont pas prêts pour une offre multitenant pour l'instant, comparable à ce que vous avez aujourd'hui sur un cloud public mutualisé. Et donc, la plupart de nos clients qui veulent utiliser des containers vont mettre à profit nos serveurs bare metal pour le faire eux-mêmes ». En fait, SoftLayer se concentre sur les technologies de bas niveau et concernant des solutions comme Docker, c'est plutôt IBM qui va le proposer à travers son offre BlueMix. De même qu'il a lancé sous le nom de Zenith une option de cloud privé hébergé, basée sur OpenStack.