Le résultat de notre sondage flash est sans appel : vous avez exprimé, à une très large majorité, votre défiance à l'égard des machines à voter. Vous êtes en effet 891 à estimer que les ordinateurs de votes constituent un danger pour la sincérité du scrutin, contre seulement 262 à considérer qu'ils sont une évolution technologique souhaitable. Il ne saurait être ici question de technophobie : la réticence de nos lecteurs à l'égard des machines à voter traduit simplement le flou artistique qui entoure les appareils mis en place dans les bureaux de vote. On se souvient par exemple du remplacement de dernière minute des machines iVotronics de la société ES&S, lesquelles embarquaient un logiciel postérieur à l'arrêté d'agrément délivré par le ministère de l'Intérieur en 2005. Il est probable que les votants aient aussi été sensibles aux questions de sécurité soulevées, notamment, par la plateforme citoyenne ordinateurs-de-vote.org. Pierre Muller, l'animateur du site, confiait ainsi au mondeinformatique.fr que « la sécurité informatique a été largement oubliée » de la liste des critères examinés par les bureaux d'expertise Veritas ou Ceten Apave. Enfin, au-delà des difficultés logistiques que plusieurs bureaux électoraux équipés de machines électroniques ont rencontrées lors du scrutin, c'est la désacralisation du vote qui a pu conduire à votre rejet des e-urnes. L'acte républicain se trouve dépouillé d'un de ses symboles phares et perd, de fait, une composante essentielle de son decorum. Le Conseil constitutionnel semble avoir entendu les craintes légitimes qu'ont ressenties de nombreux électeurs. Le président du gardien de la Norme suprême vient ainsi d'exprimer trois recommandations : « offrir à nos concitoyens la certitude du respect de la sincérité du scrutin, conserver intacte leur envie de prendre part au processus démocratique, éviter de désacraliser le scrutin ».