Pour la session plénière, James Gossling, le créateur du langage Java, a déroulé sa présentation devant un parterre de 800 personnes environ. Une présentation qui s'est voulue plutôt généraliste et stratégique. Evoquant le rôle de Java dans l'industrie, Gossling a rappelé que l'entreprise est l'univers dans lequel Java a trouvé son plus grand succès. Mais on trouve aussi beaucoup de Java dans les téléphones mobiles (1 milliard de mobiles au monde). En revanche sur le desktop, Java tente de s'imposer et déploie des efforts et du buzz autour de Swing, de Java Web Start. Le salut viendrait-il de GWT (Google Web Toolkit), le framework Ajax qui permet de coder en Java ? Java, c'est d'abord une machine virtuelle, qui se veut désormais un hub d'intégration avec d'un côté de multiples langages supportés par la JVM (Java, XML, JavaScript, Ruby, etc.) et de l'autre côté de multiples appareils d'exécution (serveurs, PC, mobiles...). Concernant le langage, la simplification est de mise avec Java 6, EJB3, l'émergence des langages de script dynamique (Ruby, JRuby). Le grand changement, c'est le passage de Java en Open Source. Pour Gossling, cela implique qu'aucun compromis ne sera fait sur la qualité et que c'est le JCP qui continue de gouverner. Pour finir le keynote, nous avons eu droit à une séance de six démos très courtes de 5 minutes, chacune mettant en valeur un des points clés de la plateforme : un PetStore enrichi d'AJAX, l'API JavaDB qui permet d'accéder aux données en mode déconnecté, une boutique de fleurs virtuelles en JSF et Ajax, le mise en oeuvre de Phobos, un interpréteur JavaScript côté serveur. La démo de Romain Guy, malgré les nombreux plantages était sympathique : une application Swing agrégeant un service Google Maps et un service FlickR pour proposer un carnet de voyage dynamique. Un keynote au final assez neutre, sans aucune annonce ni nouveauté à se mettre sous la dent. A la question « qu'est-ce qui va arriver prochainement ? » posée par Gossling à lui-même, la réponse est qu'il n'en sait rien. En fait, Sun délaisse la destinée de Java à la communauté en disant : « c'est vous, les développeurs, qui savez ce que vous voulez pour Java. Suggérez, discutez-en, participez ! » Mais si Sun perd sa force d'innovation sur le langage, que lui reste-t-il, si ce n'est gérer les JCP ? Interrogé en aparté, Gossling prévoit quand même des évolutions au langage et à la plateforme. Tout d'abord, il annonce une convergence entre le desktop et la mobilité. Avec la montée en puissance des appareils mobiles, à terme les architectures Java ME et Java SE pourraient converger. Concernant le langage lui-même, il prévoit des évolutions de l'API concurrency pour s'adapter à la programmation parallèle sur les nouvelles architectures multi-coeurs, les properties et les surcharges d'opérateurs. Les Tech Days de Paris constituent une des étapes d'une tournée mondiale qui compte 14 dates. Si l'on retrouve, d'un pays à un autre, le même contenu pour les sessions, l'édition française présente quelques spécificités, notamment dû au fait que la France est un vivier d'orateurs talentueux et de haute technicité. On a pu ainsi assister à des présentations en français de Romain Guy, Vincent Brabant, Ludovic Champenois, Alexis Moussine-Pouchkine. Eric Mahé, responsable des nouvelles technologies chez Sun France et organisateur de l'événement français, le concède aisément : les Sun Tech Days ne sont pas un lieu d'annonces, mais plutôt une validation et une consolidation de l'acquis. Les technologies Java sont matures, disponibles et s'orientent systématiquement vers l'Open Source. Pour dresser un premier bilan, il y avait 1800 inscrits et Sun s'attend à 1200 visiteurs sur les trois jours. Si on est loin de l'affluence record et de l'agitation fébrile des Microsoft TechDays 2007, l'édition de Paris est tout de même la première ville européenne en termes d'affluence, devant Londres. Si rien n'a filtré, c'est qu'en fait toutes les futures annonces vont être concentrées et lancées lors de la JavaOne qui se tiendra du 8 au 11 mai à San Francisco. On peut s'attendre à un feu d'artifice.