En 2014, l’éditeur français Systran, spécialisé depuis plus de trente dans les technologies de traduction automatique, a été racheté par la société coréenne CSLi. Trois ans plus tard, son équipe de R&D installée dans l’Hexagone a vu partir un certain nombre de développeurs, plus de la moitié selon nos confrères du Figaro qui signalent des licenciements et des départs volontaires. L’éditeur propose plus de 140 paires de langues et ses logiciels sont utilisés par le secteur public, notamment le ministère français de la Défense, et par de grandes entreprises, dans le secteur bancaire, le commerce électronique, l'industrie et les services. Ses clients recourent aux services de support et de maintenance de sa R&D.

Les derniers ajouts de paires de langues de l'éditeur ont porté sur les langues asiatiques. Systran travaille aussi sur le traitement du langage naturel et sur la mise en œuvre des technologies d’intelligence artificielle, en particulier les réseaux de neurones. Ses solutions sont mises à profit dans de nombreux cas d'usage, dans les entreprises pour la collaboration au sein des équipes, pour la veille, la gestion et localisation de contenus et le support client, en particulier.

Dans une logique de recrutement

Interrogé par la rédaction de LMI sur les mouvements intervenus à la R&D, Emmanuel Tonnelier, directeur général de Systran, nous a confirmé 6 départs depuis le début de l’année, dont des licenciements. « Lorsqu’il y a un changement de gouvernance, il y a des personnes qui adhèrent, d’autres moins, il peut y avoir des frictions sur la stratégie, ce n’est pas atypique dans la vie des sociétés », a-t-il indiqué en ajoutant être dans une logique de recrutement. « Le plan va démarrer pendant le milieu de l’été, nous avons l’intention d’intégrer de nouvelles personnes au 3ème trimestre. L’objectif est d’embaucher 5 à 6 développeurs d’ici la fin de l’année ». Sur un effectif total de 200 personnes au niveau groupe, la France compte environ 70 personnes avec une trentaine de personnes sur le développement et le support.

Concernant la maintenance des solutions de traduction, deux versions commerciales sont maintenues, n et n-1, nous a précisé le directeur général, soit la version 8, avec la livraison de versions intermédiaires, et la version 7 qui a 4 ans. La version 9, attendue d’ici la fin de l’année, est basée sur des technologies d’intelligence artificielle, certaines déjà intégrées dans la v.8.6.1, avec des modèles de traduction basés sur de l’apprentissage profond et l’utilisation de réseaux de neurones. L’éditeur collabore beaucoup au système de traduction neuronale Open NMT du laboratoire de recherche Harvard NLP. « Systran en est le plus gros contributeur », rappelle Emmanuel Tonnelier. 

Sur le marché, Google et Microsoft sortent également des moteurs de traduction neuronaux. Par rapport à certains concurrents, les produits de Systran fonctionnent aussi on-premise et sont hébergés dans des datacenters privés, ce qui constitue un critère important pour les services secrets ou pour les clients qui veulent traduire des documents internes confidentiels et ne souhaitent pas recourir à des services de traduction dans le cloud, souligne le DG.