( Source EuroTMT ) Lors du DigiWorld Summit, événement sur les télécoms organisé par l'institut IDATE, et qui s'est tenu à Montpellier, les 18 et 19 novembre, il a été beaucoup question de la fibre optique. Pour la plupart des protagonistes, l'avenir de cette technologie dépend du modèle économique qu'elle saura générer. Et aujourd'hui les questions sont plus nombreuses que les réponses. Chez l'américain Motorola, en tout cas, on ne doute pas de l'avenir radieux de la fibre optique. Même si le chiffre d'affaires de la division en charge de cette activité a été durement touché par la conjoncture (- 15 % au troisième trimestre 2009 à 2 milliards de dollars), Floyd Wagoner, directeur global marketing et responsable de l'entité Home & Networks Mobility, est plutôt confiant : « C'est un marché qui a énormément de potentiel notamment avec le développement de l'IPTV qui va réclamer beaucoup de débit. On le constate au Japon, en Corée du Sud et à Hong Kong. Les Etats-Unis et l'Europe suivent aussi le mouvement. » Un cadre réglementaire trop flou pour les investisseurs Interrogé sur les raisons du retard pris par l'Europe à s'équiper, Floyd Wagoner estime qu'il s'agit avant tout d'un problème réglementaire : « Jusqu'à présent, la réglementation était floue mais cela s'arrange comme en France. Et je pense que ça va donner confiance aux opérateurs qui vont pouvoir investir. Par ailleurs, en Europe, vous avez un réseau ADSL très performant qui suffisait pour les services jusqu'alors proposés. Mais avec les nouveaux services, il va falloir beaucoup plus de débit et donc passer à la fibre optique. De toute façon, c'est l'évolution naturelle de l'ADSL comme la 3G l'est pour la téléphonie mobile. » La technologie proposée par Motorola repose sur le FTTP, (le Fiber To The Premises ou Fibre jusqu'au site), un ensemble d'infrastructures qui intègre le FTTO (jusqu'au bureau) et le FTTH (jusqu'à la maison). Pour le FTTH, domaine en proie à d'énormes enjeux en France, Motorola a fait le choix du GPON, beaucoup moins cher à déployer, selon lui, que le point-à-point. « Le GPON, c'est plus flexible et beaucoup moins coûteux. C'est ce que recherchent les opérateurs aujourd'hui. » Une concurrence asiatique toujours plus rude Néanmoins, s'il veut bien faire du prosélytisme pour le GPON, Floyd Wagoner, par prudence, refuse de se prononcer sur le conflit qui oppose France Télécom (partisan du GPON) à Free (porte-drapeau du point-à-point). Par ailleurs, s'il reconnaît que la concurrence avec les équipementiers asiatiques et européens est rude, le représentant de Motorola se sent suffisamment armé pour l'affronter: « Nous avons une véritable expertise grâce à notre contrat avec l'opérateur américain Verizon pour qui nous avons commencé les premiers déploiements aux Etats-Unis dès 2004/2005. Nous allons capitaliser sur cette expérience. Aujourd'hui dans le monde, nous avons installé plus d'un million de terminaux de réseaux optiques FTTH. » Quant au dumping financier de certains constructeurs, Floyd Wagoner assure que « [ses] prix sont suffisamment concurrentiels pour pouvoir affronter les équipementiers chinois ». Mais si Motorola est convaincu que la fibre va se déployer à grande échelle, il ne compte pas pour autant délaisser un autre marché encore très actif surtout aux Etats-Unis : le câble. « Les câblo-opérateurs ont cinq à dix ans d'avenir devant eux voire plus. Ce sont aujourd'hui les seuls à apporter du très haut débit à un grand nombre d'abonnés et comme nous leur permettons de moderniser leurs réseaux, ils vont être encore plus performants » explique Floyd Wagoner. Un sentiment partagé par Jacques Rames, Président de Motorola France quand on l'interroge sur son client hexagonal, Numéricâble. « Numéricâble a deux atouts importants : il est présent dans presque toute la France et il peut fournir dès aujourd'hui des services à très haut débit. Je pense qu'en France, la compétition du très haut débit va se jouer entre Numéricâble et les autres opérateurs plutôt qu'entre Free, Orange et SFR. »