Avec CXP et IDC, le Syntec Informatique vient de présenter sa deuxième édition de la « cartographie de l'édition française du logiciel. » Les résultats montrent une dynamique du secteur qui devrait s'accroître cette année. Ainsi, l'enquête réalisée en 2006, montrait que 24% des entreprises prévoyaient une croissance de leur CA de plus de 20%. La nouvelle cartographie indique que 30% des éditeurs ont effectivement réalisé une croissance de plus de 20% en 2006. Cette croissance devrait se confirmer puisque la proportion des éditeurs interrogés anticipant une croissance de plus de 5% de leur CA est passée de 62% en 2006, à 69% en 2007. De même, ils étaient 24% à prévoir 20% de croissance en 2006, proportion qui atteint 35% pour les prévisions 2007. Cette embellie devrait être répercutée sur la R&D et les emplois pour former un cercle vertueux. Le Syntec Informatique souligne que trois éditeurs sur quatre investissent plus de 10% de leur CA en R&D (plus de 20% pour 43% des éditeurs interrogés). Enfin, 62% des éditeurs prévoient de recruter cette année (12% de plus qu'en 2006). Selon l'enquête du Syntec Informatique, une entreprise sur deux recrutera entre 1 et 5 collaborateurs supplémentaires en 2007, représentant une augmentation significative des emplois du secteur puisque 86% de ces éditeurs comptent moins de 50 personnes. Première inquiétude : les profils les plus recherchés par les éditeurs partent en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis Selon le Syntec Informatique, « les difficultés de recrutement sont une préoccupation majeure des dirigeants interrogés, qui se heurtent à de multiples tensions sur le marché de l'emploi en France dans les domaines IT. Concernant les profils techniques, les responsables évoquent la rareté des développeurs ayant à la fois la connaissance de Java ou DotNet et un minimum d'expérience, malgré un excellent dispositif de formation initiale. Ils déclarent également être pénalisés par l'expatriation croissante des compétences pointues qu'ils recherchent, la Grande Bretagne et les Etats-Unis étant les principaux pôles d'attraction. » Les raisons de ce désamour des talents sont nombreuses : meilleur salaire, meilleures perspectives de carrière, évolution plus rapide, responsabilités plus importantes, meilleures conditions de travail ou prestige de l'entreprise en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis. « Le facteur culturel est lourdement mis en avant : pour les diplômés des grandes écoles, une carrière d'ingénieur commercial en SSII ou chez un éditeur, pourtant riche et prestigieuse dans la pratique, souffre d'une mauvaise image. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays francophones comme le Maghreb ou le Canada », insiste le Syntec Informatique. Cet aveu des conditions de travail qui sont sans doute plus favorables à l'extérieur de la France, devrait être analysé par toutes les entreprises qui souhaitent embaucher, afin de renforcer leur attractivité en vue de faire revenir les profils recherchés. Cette pénurie sectorielle pourrait également favoriser la formation d'informaticiens au chômage ou, pour ceux en poste, les promotions internes, notamment par le biais des formations continues. Deuxième inquiétude : le CA réalisé à l'étranger ne décolle pas Autre ombre au tableau : de sérieux manques à l'étranger qui pourraient ralentir le développement de l'activité à moyen et long terme. En effet, dans un secteur aussi concurrentiel que l'édition logicielle, l'activité à l'international qui croît moins rapidement que l'activité globale (notamment pour les petits acteurs) s'avère handicapante car elle génère un risque de rachat par des acteurs mieux implantés. En outre, malgré de bons investissements en R&D, la pro-activité sur le secteur est une condition sine qua non pour éviter l'obsolescence qui mène inévitablement à la disparition. Une présence à l'international est indispensable pour les retours « terrains » des évolutions continuelles du marché. L'importance de l'investissement nécessaire en temps et en ressources est cité comme principal frein à l'expansion internationale. Les éditeurs préconisent donc des mécanismes de mutualisation de ressources entre eux ou de s'adosser à des entreprises disposant déjà d'infrastructures à l'international, en vue d'attaquer les marchés étrangers. Il leur reste à aller au bout de leur raisonnement en discutant des modalités pour mener au plus vite ce dessein et en jouant la carte collaborative pour ne pas se retrouver esseulés.