Pour relancer l'e-administration et simplifier les procédures associées, le ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction Publique et de la Réforme de l'Etat, Eric Woerth a présenté quinze mesures et une commission de huit « experts » en compagnie de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique. « Il ne s'agit pas de remplacer un formulaire papier par son équivalent électronique mais de repenser l'enchaînement des procédures les plus utilisées par les Français pour les simplifier ou les rendre automatiques » a précisé la secrétaire d'Etat. La mise en place d'une commission de huit « experts », aux profils très différents les uns des autres, vise à prolonger l'effort via de nouvelles idées dans ce domaine. Depuis 2007, le site participatif ensemble-simplifions.fr vise, de la même manière, à remonter des idées. Une machine virtuelle entre le citoyen et l'administration Les mesures présentées restent centrées sur des usages, des circonstances de contacts avec les administrations. La logique demeure celle d'une sorte de « machine virtuelle » s'interfaçant entre le citoyen et la machine administrative dont la complexité réelle est ainsi masquée. « Il est compliqué de simplifier, reconnaît Eric Woerth, tant sont puissants les freins techniques, les freins juridiques - le droit est toujours plus protecteur mais, de ce fait, toujours plus complexe -, et, bien sûr, les freins de l'habitude. » Beaucoup des mesures déjà annoncées et de celles qui vont progressivement arriver dans les mois à venir s'appuient sur le portail Mon.Service-Public.fr. Encore embryonnaire, cette version personnalisable fr Service-Public.fr, lauréat d'un Trophée Entreprises et Société de l'Information en 2001, fonctionne depuis quelques mois et a déjà 150 000 comptes créés à son actif, selon les deux ministres. Le site concentre en un lieu virtuel unique, d'une part un coffre-fort pour des documents et des informations partageables avec chaque administration partenaire du portail, d'autre part un outil de déclenchement et de suivi de procédures administratives. La montée en charge du portail avec de nombreuses nouvelles procédures disponibles est prévue pour mi-2010. Un nombre de procédures limité par des questions de sécurité NKM a néanmoins admis que la sécurité du service était un des freins importants à l'extension du nombre de procédures. Relier le portail aux systèmes d'information des collectivités locales génère ainsi une certaine inquiétude sur d'éventuels points de fragilité. Et la plupart des procédures liées à la vie quotidienne supposeraient de nombreuses interconnexions : réservation d'une place en crèche ou en maison de retraire, demande de secours au CCAS (Centre communal d'action sociale), demande permis de construire... Face à un éventuel vol d'identifiant de citoyens, les administrations restent peu préparées. La mise en opposition d'un compte ne semble pas prévue à ce jour sur la page d'accueil du service. La seule réponse actuelle est préventive et passe par la sensibilisation des internautes aux bonnes pratiques de ce types de d'environnements par le biais de campagnes de communication. Deux autres avantages essentiels du développement de l'e-administration ont été évoqués plus timidement. Il s'agit d'une part de la lutte contre la fraude grâce au recoupement des informations, d'autre part des importantes économies réalisées par l'Etat sur le fonctionnement courant de l'administration. « Il est difficile de chiffrer ces économies et il s'agit donc avant tout de simplifier avant d'économiser » s'est justifié Eric Woerth. Il est vrai que les économies supposent aussi de nombreuses suppressions de postes au sein de l'administration. Enfin, pour éviter un élargissement de la fracture numérique - fossé entre ceux qui ont accès à Internet et à l'e-administration et ceux qui n'y ont pas accès -, les deux ministres ont rappelé la multiplication des EPN (espaces publics numériques), l'existence d'abonnements « sociaux » à Internet, etc.