En matière d’innovation technologique, les techniciens et organisateurs du spectacle de U2 ne sont pas en reste. Pour leur dernière tournée, Stefaan « Smasher » Desmedt, le directeur artistique, responsable des effets vidéo, a fait le choix d’une configuration 100 % flash basée sur le système VNXe 3200 d’EMC. Grâce à la puissance de sa solution, il a pu imaginer de nouvelles façons de travailler avec les images, mélangeant des vidéos archivées avec des images prises en direct par plusieurs caméras, avant de les diffuser sur deux écrans géants suspendus au-dessus de la scène. La pièce maîtresse du spectacle repose sur immense podium qui part de la scène principale, surmonté de part et d’autre de deux écrans géants LED semi-transparents de 29 mètres de large par 7 mètres de haut. Chaque écran est composé de 240 panneaux V-Thru, une technologie mise au point par Saco Technologies. La configuration permet par exemple au directeur artistique de mixer des images du chanteur Bono quand il interprète « Cedarwood Road » avec celles projetées sur l’écran, donnant l’impression que l’artiste interagit avec la vidéo et les graphiques.

Directeur artistique de la dernière tournée de U2, Stefaan Desmedt mixe en temps réel les vidéos du concert. (Crédit IDG NS)

C’est la première fois que Stefaan Desmedt et son équipe utilisent à ce point des vidéos archivées pendant une tournée, et les exploitent ainsi pendant un spectacle. Jusqu’à présent, ils ne pouvaient enregistrer et stocker que la vidéo d’une seule caméra, et afficher une sorte de plan large de référence », a-t-il expliqué. Pour sauvegarder toutes les données des vidéos prises pendant la tournée, l’équivalent d’un téraoctet chaque soir environ, ils utilisent désormais un système Data Domain d’EMC. Stephan Desmedt voyage avec une équipe de diffusion complète qui gère la captation du spectacle avec plus de 20 caméras. Tout ce matériel visuel – il devrait atteindre les 50 téraoctets de données d’archive d’ici la fin de la tournée - permettra à l'équipe d’avoir un plus grand choix pour produire le DVD qu’ils commercialiseront au terme de l’« I+E Tour 2015 ». « Je ne me vois pas faire la captation d’un seul spectacle et mettre les images sur un DVD dans la foulée », a déclaré le directeur artistique dans une interview le 14 juillet, juste avant le concert de Boston.

450 To en flash et 6,6 Po pour le back-up 

Le VNXe 3200, qui peut stocker jusqu'à 450 téraoctets de données, et le Data Domain, sont tous deux au forme 2U, et correspondent à la taille des racks standards. Le Data Domain 2500 peut stocker jusqu'à 6,6 pétaoctets, avec un débit maximum de 13,4 téraoctets par heure, si bien qu’il peut sauvegarder toutes les images pendant la nuit qui suit le spectacle avant que l'équipe ne remballe le matériel et ne reprenne la route. Stephan Desmedt, qui a également travaillé pour des artistes comme Madonna, Prince, et les Rolling Stones, commence sa journée en expliquant au groupe de musiciens ce qu’il a prévu pour le spectacle du soir. Dans le cas de la tournée actuelle, « la première partie du spectacle de U2 est assez statique. Elle raconte une histoire, et nous devons coller à ce récit », a-t-il expliqué. « Mais, pour ce qui est de la seconde partie, on travaille beaucoup à la volée, on prend des contenus sur le réseau et ont les mélange avec les prises de vue en direct ».

Bono, le chanteur du groupe U2, marche à l'intérieur des écrans vidéo LED semi-transparents lors d'un concert à Boston le 14 Juillet 2015.

Stephan Desmedt, qui est basé à Bruges, Belgique, orchestre le spectacle vidéo avec le logiciel de d3 Technologies depuis une station de travail personnalisée. « Vous ne pourriez pas faire la même chose sur un Mac, il ne serait pas assez puissant. Apple est vraiment en retard dans ce domaine. Il faut une machine surpuissante pour gérer ce genre d’application », a-t-il dit. Son PC multicœurs utilise une architecture backplane pour fournir les performances dont il a besoin pour, par exemple, mélanger trois ou quatre sources de vidéo non compressée. Le fait de pouvoir disposer facilement de tout le contenu vidéo sur des baies flash lui permet d’adapter le spectacle à la demande des artistes directement sur place. Par exemple, à Boston, U2 a voulu modifier quelque chose dans l'un de ses morceaux. « Je suis allé immédiatement là-bas pour faire les modifications. L’ensemble du système se déplace et « vit » avec nous, et nous pouvons interagir avec lui », a déclaré Stephan Desmedt. « Nous ne pourrions pas nous installer dans une chambre d'hôtel pour télécharger des dizaines de gigas de vidéo et en faire un clip. Nous essayons de tout faire sur place, et de transporter avec nous autant de matériel que possible ».