Les élections du Parlement européen auront lieu dans tous les États membres de l'Union européenne entre le 22 et le 25 mai 2014. Ce seront les huitièmes élections européennes depuis que le premier vote direct a eu lieu en juin 1979. Sur les 751 députés européens que devront élire au suffrage universel direct les citoyens de l'UE, une trentaine de candidats se sont engagés à protéger les droits numériques. Il y a une semaine, l'European Digital Rights (EDRi), qui regroupe 35 associations militant pour le droit numérique, a lancé sa campagne WePromise. L'EDRi propose aux candidats de s'engager à respecter les 10 points de sa « charte des droits numériques ». En retour, elle demande aux électeurs de signer une promesse qu'ils voteront pour ceux qui ont pris cet engagement.

Les candidats au Parlement européen pensent que la question des libertés en matière de droit numérique sera un enjeu important des prochaines élections. « Actuellement, après les révélations d'Edward Snowden, la question primordiale est peut-être de dire « Non » aux mesures de surveillance. Il apparaît que les agences de renseignement des démocraties occidentales se sont retournées contre leur propre population, avec ou sans la bénédiction de leurs gouvernements. Nous devons mettre un terme à cette société de surveillance que personne n'a demandée et qui ne nous aide pas à nous protéger. Et nous devons le faire maintenant », a ainsi déclaré Christian Engström, le candidat du Parti Pirate suédois qui a été l'un des premiers à signer la charte. Au total, 13 des 29 candidats qui ont signé la charte sont des représentants de parties pirates. Les 16 autres sont des hommes politiques de partis d'extrême gauche et verts. Le projet est indépendant des partis politiques. La majorité des candidats qui ont signé appartiennent à des partis politiques d'Allemagne, d'Autriche et de Suède.

Promouvoir les logiciels en Open Source

Ces dernières années, en Europe, les élections des parlementaires européens comme les élections nationales ont mobilisé peu, affichant des taux de participation faibles. Mais, selon le directeur exécutif de l'EDRi Joe McNamee, la technologie et les médias sociaux offrent une vraie opportunité de combler le fossé entre les électeurs et leurs représentants. « Nous apportons la solution à trois problèmes. Tout d'abord, nous allons contribuer à augmenter le taux de participation désastreusement bas aux élections européennes, nous allons sensibiliser les candidats au grand défi des droits numériques que le nouveau parlement devra relever et nous posons des directives claires pour les cinq prochaines années », a déclaré le directeur exécutif de l'EDRi. Au cours de la première semaine de campagne, plus de 350 électeurs ont signé la promesse de voter pour les candidats qui s'engageaient sur la charte, mais Joe McNamee pense qu'il en faut beaucoup plus pour inciter les candidats. « Si les hommes politiques croient vraiment en cette cause, c'est bien. Mais un tel engagement lie les mains du candidat, et le bénéfice qu'il peut en tirer en retour est difficilement mesurable. C'est sans doute la raison pour laquelle, à ce jour, un seul candidat du Royaume-Uni a signé la charte », a déclaré le blogueur suédois Jon Worth qui traite de sujets sur la politique européenne, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la technologie.

En plus de la neutralité du Net et de la confidentialité des données, les candidats s'engagent à promouvoir les logiciels libres ou Open Source, à demander une révision de la législation en matière de droit d'auteur, à promouvoir l'anonymat en ligne et le chiffrement des données et à faire pression pour obtenir un contrôle sur les technologies de surveillance et la censure. Les candidats qui s'inscrivent promettent également de lutter contre des pratiques privées qui se placeraient en dehors du droit, contrairement à certains parlementaires européens actuels qui ont soutenu des directives autorisant les FAI à surveiller l'utilisation d'Internet par leurs clients. L'engagement prévoit également que les hommes politiques prennent position contre toutes mesures de surveillance sans contrôle. « La surveillance doit respecter les droits de l'homme au niveau international et protéger les droits en matière de vie privée et de liberté d'expression. Ce n'est pas parce qu'il est possible de tout surveiller que cela donne le droit de le faire », déclare ainsi la charte.

Au nombre des associations accompagnant l'initiative figurent la Free Software Foundation Europe, l'April, GoVeto,Young European Federalists, la Quadrature du Net, Reporters sans frontières, Netzpolitik.org et Wikimedia Deutschland.