Le ministère de l’Education nationale traine toujours des pieds. Il n'a communiqué à l’association Droits des lycéens qu'une partie du code source de l’algorithme d’admission post-bac (APB) utilisé pour classer les vœux des candidats au baccalauréat. Dans un souci de transparence et comme la loi l'y autorise, l'association réclamait ce code depuis plusieurs mois. L’organisation étudiante, qui souhaite en comprendre le fonctionnement, a donc reçu en début de semaine un document papier d’une vingtaine de pages sur lesquelles elle va se pencher en s’appuyant sur la communauté des informaticiens, l’un d’eux ayant déjà numérisé et publié sur le référentiel GitHub les 400 lignes de code fournies, code « fortement amélioré » par la suite à la faveur d’un effort collaboratif, précise le contributeur en question.

Le document du ministère de l’Education nationale indique que le code transmis concerne « la génération automatique de classements aléatoires en production, pour les FNS », c’est-à-dire pour les formations non sélectives. Une première analyse de ces lignes a déjà été faite par certains internautes, dont le blogueur Guillaume Ouattara, étudiant en 3e année à l’UTC, l’Université de technologie de Compiègne. Celui-ci regrette d’emblée que le document non numérique ne s’accompagne pas de commentaires et d’explications plus détaillées, en particulier sur les nombreuses variables utilisées qu’un autre internaute a commencé à identifier. Par ailleurs, « impossible de faire tourner le programme (…) tant les données sont incomplètes », note le blogueur. Le but de l’algorithme consiste à constituer pour chaque filière non sélective une liste triée de candidats.

Pas assez d'éléments pour comprendre et peut-être un bug

Tel qu’il se présente, l'algorithme traite dans un 1er temps de façon séparée les demandes des étudiants des lycées situés en France et ceux des lycées français de l’étranger, semblant, à 1ère vue, donner une priorité à ces derniers. Cependant, souligne le blogueur, le manque d’éléments fournis ne lui permet pas « de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse ». Il s’arrête par ailleurs sur ce qui ressemble à un bug (une valeur 0 affectée à certains vœux apparait susceptible de perturber le classement), bug sur lequel il reste dubitatif en regrettant encore « le manque de clarté du ministère » qui « ne permet pas de savoir ce qu’il se passe concrètement ».

Nul doute que ces lignes de code vont être rapidement passées au crible par d’autres internautes, l’association Droits des lycéens ayant lancé un appel en ce sens sur son site. L’organisation espère pouvoir comprendre ainsi comment fonctionne l’algorithme APB sur les filières en tension avec l’objectif de publier rapidement un document explicatif. Dans un communiqué, elle explique qu’elle compte aussi vérifier la compatibilité de l’algorithme avec les textes législatifs et réglementaires. En attendant, elle prévoit toujours de déposer prochainement un recours devant la CNIL et devant le Défenseur des droits sur « les sélections illégales pratiquées par les facultés ». L’association Droits des lycéens rappelle aussi qu’elle continue par ailleurs à assister les lycéens qui effectuent des recours contre des refus d’affectation en université.