La détérioration des infrastructures à Bangalore, la Mecque indienne des délocalisations, inquiète les entreprises IT. Certaines d'entre-elles menacent de boycotter la conférence annuelle Bangalore IT.in organisée par le gouvernement local.

Depuis cinq ans, le mauvais état des routes et les insuffisances en eau et électricité sont une source d'inquiétude. Dans le même temps la ville s'urbanise à un rythme très élevé, principalement en raison de l'explosion du nombre de d'entreprises américaines et européennes qui choisissent de s'y délocaliser.

« La grande majorité des électeurs du gouvernement local vivent dans les zones rurales. Ici, en ville, notre voix importe peu » explique Bob Hoekstra, le PDG de Philips Innovation Campus. « Le mauvais état des routes, les embouteillages et les longs trajets qui en résultent, ont fait baisser la productivité des entreprises IT », poursuit Anant Koppar, le président de la CCI locale qui a appelé au boycott de la manifestation Bangalore IT.in. Koppar estime que nombre de visiteurs doivent se demander comment une ville comme Bangalore peut allier ses conditions de circulation éprouvantes, ses routes délabrées et la croissance économique. Une interrogation qui pourrait inciter certains, à terme, à reconsidérer leur volonté d'externaliser à Bangalore.

Et ce n'est pas la réponse apportée par les élus locaux qui va rassurer l'industrie IT : « nous faisons de notre mieux », garantit simplement N. Dharam Singh, à la tête de l'administration locale.

Malgré les difficultés, les entreprises IT ne prévoient pas de quitter la ville. Beaucoup préfèrent espérer un renouveau des relations avec le gouvernement. Des relations qui, aux dires des intéressés, étaient plus fructueuses avec le prédécesseur de Singh, S.M. Krishna.

Cependant, si les industriels s'insurgent, les analystes relativisent l'impact qu'ont les mauvaises infrastructures sur l'activité IT. Selon Siddarth Pai, consultant chez Technology Partners International, on ne constate pas de perte de la productivité à Bangalore, le nombre d'heures travaillées par employé est resté le même. « Ils doivent simplement partir travailler plus tôt », précise-t-il. Toujours selon Pai, bien que les clients étrangers sont interloqués par la pauvreté des infrastructures à Bangalore, ils le sont tout autant dans les autres villes indiennes. « A quelques petites différences près, toutes les villes, hormis la capitale Delhi, connaissent les mêmes problèmes d'infrastructure », conclut Siddarth Pai.