VMware, qui compte 600 000 clients dans le monde, a réalisé une croissance de 16% de ses revenus pour l'année 2014 qui se sont hissés à 6,04 milliards d'euros, mais un bénéfice de 886 millions en baisse de 13% par rapport à la même période l'année précédente. Pour le dernier trimestre de l'année écoulée, même son de cloche : le chiffre d'affaires a progressé de 15% (1,7 milliard de dollars) mais le bénéfice (344 millions), a reculé de 8%. Des résultats qui tiennent d'ailleurs compte de l'acquisition d'AirWatch, un spécialiste en MDM (Mobile Device Management), sur lequel le spécialiste de la virtualisation compte beaucoup pour poursuivre la diversification de ses activités à l'heure où son offre phare de virtualisation serveur, vSphere, n'est plus en mesure d'assurer la croissance des revenus futurs du groupe. Logique puisque plus des 2/3 tiers des serveurs physiques sont aujourd'hui virtualisés, sans compter l'essor des architectures multicoeurs poussées par Intel qui ont contribué à la diminution du nombre de licences vSphere, et donc pesé sur le chiffre d'affaires.

« Auparavant, 80% de notre activité était réalisé grâce à vSphere mais ce n'est plus le cas aujourd'hui où un peu plus de la moitié des affaires ne sont plus sur vSphere », a indiqué Jean-Pierre Brulard, patron de la division SMEA de VMware. C'était d'ailleurs un des objectifs fixés il y a trois ans aux country managers européens. Quels sont donc les autres sources de revenus sur lesquelles la société compte pour cette année ? Il en existe plusieurs : le cloud management platform d'abord, constituant aux dires de l'éditeur un « formidable réservoir de croissance », avec les solutions issues du rachat de DynamicOps vCOMS et vCAC, depuis quelques mois réunies au sein de la marque vRealize. Mais aussi (surtout ?) la gestion de flottes mobiles : « Nous avons enregistré une très bonne performance d'AirWatch qui a généré beaucoup de croissance », a fait savoir Jean-Pierre Brulard, sans donner davantage de chiffres.

Le 3e pilier de développement de l'activité sur lequel VMware compte beaucoup cette année est, sans surprise, le cloud hybride avec de très belles performances enregistrées en Angleterre, en Allemagne mais aussi en Asie où la firme de Palo Alto dispose de datacenters dédiés pour soutenir son offre Cloud Air. Quant à savoir si l'ouverture d'un datacenter de ce type est prévu en France dans les prochains mois, l'éditeur a botté en touche, sans toutefois fermer la porte à une telle opportunité. Bien que l'éditeur ne soit pas encore présent en France avec un datacenter en propre, cela ne l'empêche pas d'enjoindre les entreprises à se tourner vers ses plates-formes allemandes ou britanniques que « bon nombre de clients français ont déjà adopté », a indiqué Jean-Pierre Brulard sans aller toutefois - encore une fois - jusqu'à fournir de chiffres précis.

vSphere 6 en tant que pierre angulaire de la stratégie SDDC de VMware

La stratégie cloud hybride de VMware passe aussi par des accords avec des partenaires visant à ce que son offre Cloud Air soit opérée par des business ventures. Concernant vCloud Air Network (anciennement VSPP), les revenus ont doublé d'une année sur l'autre en France, soulignant une bonne croissance venant du réseau de partenaires. Mais la véritable question sur le fait que VMware ne se dote pas en France d'un propre datacenter ne viendrait-elle pas de la volonté de VMware de ne pas se froisser avec ses partenaires qui revendent son offre cloud hybride ? Pour l'éditeur, cela n'est pas le cas, grâce à un éventail d'offres qui ne se marchent - a priori - sur les pieds. « Nous proposons trois types de cloud, celui bâti par nos clients en mode privé, celui hybridé par nos partenaires avec vCloud Air Network et notre offre hybride vCloud Air », a précisé Jean-Pierre Brulard.

En France, l'orientation de la stratégie de VMware est claire et « sera orientée plus que jamais sur le cloud et la mobilité », a confirmé Sylvain Cazard, directeur général de l'éditeur en France qui vient récemment de prendre ses fonctions. vSphere n'ayant beau ne plus être la pièce maîtresse de la croissance des revenus de VMware, cela n'empêche pas l'éditeur de compter énormément sur la 6e version qui vient d'être annoncée pour en faire la pierre angulaire de sa stratégie de Software Defined Datacenter, seule capable, aux yeux de l'éditeur, de porter les projets aussi bien en matière de virtualisation du stockage que du réseau.

Côté Software Defined Storage justement, l'arrivée de vSAN 6 constitue une avancée en apportant la gestion des environnements Flash et en « permettant au niveau d'un cluster d'utiliser tous les disques associés à un environnement serveur et de pouvoir démultiplier les i/o », a expliqué Marc Frentzel, directeur technique de VMware France. L'ouverture en direction des fournisseurs de baies de stockage et des partenaires comme Tintri et Atlantis Computing, constituent également des signaux forts d'ouverture. Toutefois, pour le support d'Infiniband, il faudra encore attendre et se contenter pour l'heure du protocole Fiber Channel. L'éditeur ayant indiqué vouloir travailler sur l'intégration des protocoles standards du marché... Autre preuve de son ouverture : l'intégration dans le package vSphere de VIO (VMware Integrated OpenStack) sans compter la prise en charge des conteneurs Docker et du gestionnaire Google Kubernetes dans ses machines virtuelles. Enfin, concernant son offre de virtualisation réseau NSX, plus de 400 clients sont avancés sans compter une « grosse adoption » pour sa dernière solution Evo annoncée en août dernier et mis sur le devant de la scène à l'occasion de son dernier événement de Barcelone en octobre dernier.