Fondée en juin 2014 et commercialisant sa solution depuis l'année dernière, la start-up bordelaise Wiidii s'est positionnée sur un créneau original, à savoir celui de l'assistant multilingue cloud et mobile dopé au machine learning. Après avoir fait le tour de quelques grands centres R&D en matière d'intelligence artificielle (LIP6, Iris...) et analysé l'offre proposée par les grands de l'industrie IT (Google Now, Microsoft Cortana, Apple Siri...), la jeune société a alors fait le constat qu'elle devait prendre le meilleur des mondes de l'apprentissage machine et de la perspicacité humaine. « Toutes les offres proposant un soi-disant dialogue entre l'homme et la machine sont frustrantes car elles ne permettent que de répondre à des listes de questions établies et requêtées dans une liste », indique Cédric Dumas, PDG de Wiidii. « Nous avons voulu concevoir une technologie capable de discuter avec un utilisateur, qui apprend de lui et de ses habitudes, tout en faisant aussi appel à des humains pour prendre le relais au besoin. »

La solution Wiidii, stockant les données personnelles utilisateurs chez un partenaire cloud en France, est accessible sur tablettes et smartphones Android et iOS, et cible les entreprises qui peuvent ensuite l'implémenter pour le proposer à leurs clients (modèle BtoBtoC). L'assistant personnel Wiidii permet d'effectuer des réservations en langage naturel simple « Prendre rendez-vous avec mon médecin généraliste samedi 16 avril matin » ou plus complexes « Je souhaite réserver un billet de train aller/retour Paris-Aix-en-Provence le 26 avril à 9h avec placement côté fenêtre à l'étage supérieur ». Wiidii a passé des accords avec plusieurs partenaires (rome2rio, des compagnies aériennes ou encore voyages-sncf.com avec lequel il est en pilote) pour vérifier les disponibilités sur leurs plateformes de réservation. Toutefois, dans le cas où la demande utilisateur s'avère trop complexe ou n'est pas comprise, un opérateur du service client de Wiidii prend alors le relais, sans aucune rupture de l'expérience client, dans la continuité de l'interaction avec le moteur d'apprentissage learning. « Notre logique, c'est que l'intelligence artificielle passe la main au moment où elle ne peut pas répondre à la demande de l'utilisateur. Un humain saura toujours faire des choix plus pertinents que la machine », insiste Cédric Dumas. 

Un mois et demi pour implémenter chaque langue supplémentaire

Il n'y a pas que les réservations que Wiidii peut gérer, mais également toutes les questions relatives à la visite de lieux touristiques, type « Quels sont les monuments à voir à Bourg-en-Bresse ? » Ce n'est pas tout, la solution stocke également les données de l'utilisateur pour faire des propositions plus pertinentes ou faciliter la prise de rendez-vous. « Si un utilisateur demande pour la première fois à Wiidii de prendre un rendez-vous avec son médecin dont il aura précisé le nom, la prochaine fois qu'il se connectera, il n'aura pas à lui préciser son nom », explique Cédric Dumas. Outre le français, Wiidii gère pour l'heure l'anglais et le chinois mais va s'ouvrir prochainement à l'espagnol, à l'italien, au russe, à l'allemand, l'arabe, le japonais et le portugais. Pour se développer, et après une première levée (hors amorçage) de 600 000 euros, la société en prévoit une autre dont le montant devrait être compris entre 5 et 7 millions d'euros. Wiidii compte aujourd'hui plusieurs bureaux à l'étranger (Montréal et Singapour) et prévoit d'en ouvrir d'autres aux Etats-Unis. « Nous allons faire grimper nos effectifs à plus de 50 contre une vingtaine aujourd'hui. Le support d'une langue supplémentaire est un enfer et coûte très cher, il faut compter un mois et demi par langue. »

Wiidii

Ecran de dialogue entre Wiidii et un utilisateur. (crédit : D.R.)