Le ministre du Travail Xavier Darcos rencontrera demain, mardi 15 septembre à 11h, le PDG de France Télécom, Didier Lombard, à propos de la série de suicides de salariés au travail qui touche l'entreprise. Une jeune chargée de clientèle, au service de recouvrement Orange, est en effet décédée vendredi 11 septembre après s'être jetée du 4e étage d'un immeuble de l'entreprise situé dans le 17e arrondissement de Paris. Son décès porte à 23 le nombre de suicides recensés par les syndicats dans l'entreprise depuis février 2008, pour un effectif d'environ 100 000 salariés en France. Selon l'AFP, la direction du groupe avait proposé jeudi dernier, 10 septembre, de suspendre provisoirement les « mobilités » au sein du groupe. Elle avait par ailleurs rencontré les syndicats de l'entreprise fin août à propos de la prévention du stress, sujet sur lequel elle a annoncé l'ouverture de négociations à partir du 18 septembre, et le recrutement de 100 DRH de proximité et de médecins du travail supplémentaires. L'AFP précise que la ministre de l'Economie Christine Lagarde a demandé à Didier Lombard de convoquer un conseil d'administration consacré aux 23 suicides constatés en 18 mois. Xavier Darcos a aussi proposé d'envoyer le directeur général du Travail Jean-Denis Combrexelle assister à une prochaine réunion du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'entreprise. L'Agence ajoute que quatre syndicats de France Télécom, FO-Com, CGT, CFTC et Sud-PTT, avaient demandé tour à tour samedi à l'entreprise des "mesures radicales", la plupart appelant l'Etat à "prendre ses responsabilités" et FO menaçant d'invoquer son droit de retrait, après un nouveau suicide de salarié. L'entreprise ne doit pas être débarrassée de ses responsabilités Le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant a indiqué, toujours selon l'AFP, avoir été lui-même "confronté à une vague de suicides" alors qu'il était directeur général de la Police nationale. "J'ai enquêté de façon extrêmement précise sur chacun de ces suicides, c'était beaucoup de drames personnels et je crois qu'il faut être attentif à cet aspect des choses", a-t-il expliqué avant d'ajouter : "Ca ne veut pas dire que l'entreprise soit débarrassée de ses responsabilités. Même si c'est personnel, une entreprise c'est une collectivité humaine, c'est une solidarité de tous les jours. Donc il faut que l'entreprise vienne au secours de ceux qui sont dans la difficulté." Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a estimé lundi, de son côté, que la série de suicides de salariés qui touche France Télécom ne correspond pas seulement "à des drames personnels" et a appelé la direction à un "moratoire" sur les restructurations. "On a une entreprise dont le seul objet est de ramener du cash, du pognon, et inévitablement, aux salariés de France Télécom, qui étaient habitués à travailler autrement auprès du client, on demande de la rentabilité", a-t-il ajouté sur LCI (propos repris par l'AFP). "Parfois, ils se sentent atteints dans leur intégrité, dans leur identité, ils ne le supportent plus et des personnes, qui ont peut-être parfois des difficultés dans leur vie, passent à l'acte d'une façon dramatique." Dans un entretien avec le Journal du Dimanche, le DRH de France Télécom, Olivier Barberot, a néanmoins estimé qu'il était inenvisageable de suspendre les restructurations et les mouvements de mobilité interne « ou alors la concurrence doit être gelée et la technologie cesser d'évoluer". Il a précisé par ailleurs avoir envoyé samedi "un courrier à tous les médecins du travail du groupe pour leur demander de nous indiquer, dans les limites du secret professionnel, les cas de salariés en situation de fragilité". Concernant la salariée qui s'est suicidée vendredi, Olivier Barberot a confirmé que l'on "venait de lui annoncer qu'elle changeait de chef", mais "pas de travail ni de métier". Toujours selon le DRH de France Télécom, elle avait été mutée en juin de Courbevoie à Paris mais cela réduisait son temps de transport. La jeune femme "qui avait des difficultés personnelles (...), avait travaillé 58 jours en 2008 et avait été absente 61 jours cette année".