« Devant l'excessive accélération des choses, il devient difficile de fixer un programme annuel d'activités et de réflexions », a regretté Pascal Buffard, président du Cigref, lors de l'Assemblée Générale le 10 octobre 2012 au Pavillon Gabriel à Paris. Le Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises se voit ainsi, à son tour, entraîné dans la tourmente de la Révolution Numérique. Pour son président, « l'émergence de la culture numérique constitue une rupture dans l'histoire de l'humanité comparable à la révolution de l'imprimerie ». De ce fait, le DSI doit accepter le sort des moines copistes ou bien anticiper une nouvelle place dans l'entreprise. Encore faut-il en trouver une. « Il faut redéfinir le 'qui fait quoi', le contenu des partenariats avec les métiers », souligne Pascal Buffard.

Parmi les nouveautés, il y a l'accompagnement de la révolution numérique. Celle-ci se traduit, par exemple, par le BYOD mais aussi les RSE (réseaux sociaux d'entreprise). Mais il ne faudrait pas oublier de s'intéresser au déploiement du Lean, en étant le moteur de sa mise en place au sein de la DSI, voire de l'ensemble de l'entreprise.

Parmi les invariants : le ROI

Et, bien entendu, les contraintes habituelles demeurent. Pascal Buffard a ainsi égrainé un inventaire à la Prévert : réactivité, flexibilité, prise en considération de l'accélération du changement en concevant les dispositifs informatiques de telle sorte qu'ils soient aptes à évoluer, prise en compte du développement durable, maintien de relations de confiance d'une part avec les métiers, d'autre part avec les fournisseurs...

Parmi ces contraintes habituelles, on peut aussi, bien sûr, citer l'exigence par les directions générales d'une amélioration continue des ROI et des coûts. « Il faut faire mieux, plus vite et moins cher », a constaté Pascal Buffard. Le Cigref tient aussi à avoir sa réflexion propre sur des sujets généraux : développement durable, on l'a vu, mais aussi non-discrimination des personnes en fonction de leur âge, de leur sexe ou de leur origine.

Transversalité en maître mot

S'intéresser aux sujets généraux est logique pour un DSI puisque sa fonction se veut être la plus transversale de l'entreprise. Cela est d'autant plus vrai que la révolution numérique amène de la performance et de l'innovation dans l'entreprise mais pas sans pièges, notamment l'anarchie des systèmes. Pour mener ses travaux sur l'entreprise numérique, par nature étendue et ouverte, le Cigref a défini trois axes de réflexion qui illustrent bien cette transversalité : l'association du métier aux projets de la DSI, le développement de partenariats avec d'autres associations professionnelles (CRIP, AFAI-IFACI, CLUSIF...) et enfin l'adoption d'un point de vue international (partenariat avec l'université Laval de Québec...). « Un livre blanc sur nos travaux avec l'association française des Managers de la Diversité est d'ailleurs en préparation », a indiqué Georges Epinette, vice-président du Cigref.

L'ouverture de la DSI au métier pose cependant la question du leadership de la DSI sur le numérique, leadership qui n'est pas évident. En effet, comme le souligne Bruno Brocheton, vice-président du Cigref, le travail de tous les métiers est redéfini par l'adoption du numérique. « Il faut donc que le leadership de la DSI concerne la transformation de son entreprise », en déduit-il.

Les fournisseurs : je t'aime, moi non plus

Pour transformer l'entreprise grâce aux systèmes d'information, le DSI se doit de s'appuyer sur des offres du marché. « Nous avons besoin, avec les fournisseurs, de nous développer ensemble malgré une tendance atavique à nous comporter en prédateurs s'entre-déchirant », a plaidé Jean-Marc Lagoutte, vice-président du Cigref en charge des relations avec les fournisseurs. Le sujet n'est pas neuf et le Cigref pousse quasiment la même complainte tous les ans, soulignant l'intérêt commun entre clients et fournisseurs pour développer l'écosystème numérique.

Mais il semblerait, à entendre Jean-Marc Lagoutte, que la situation s'est durcie cette année. « Le nombre de contentieux a augmenté, les tarifs de maintenance ont augmenté et la pression quotidienne a augmenté, notamment via les audits de licence plus nombreux utilisés pour arrondir les fins de quarter », a-t-il déploré. Face à ce constat, le Cigref va continuer de mener des travaux autour de la compréhension des politiques commerciales de tel ou tel fournisseur.