Deux semaines pour préparer des start-ups françaises à aborder les marchés nord-américain ou chinois à travers un programme d’immersion. C’est ce que permettent Business France et Bpifrance à travers leurs French Tech Tour America et China 2017. A l’issue de ce planning serré jalonné de bootcamps et de rendez-vous d’affaires, elles pourront valider le degré d’opportunité de leur projet. La liste des participants a été bouclée cet été. Les French Tech Tour réunissent cette année 33 entreprises. A partir du 17 octobre, 21 d’entre elles se répartiront entre New York, San Francisco, Montréal et Toronto. Les 12 autres partiront en Chine le 4 décembre à Shenzhen, Hong Kong, Shanghai ou Pékin.

Pour ces équipes qui projettent de se lancer sur ces marchés internationaux dans les 12 à 24 mois, l’objectif est de se familiariser avec les codes et règles de ces pays, le plus efficacement possible dans les limites de temps imparties. Des bootcamps les renseignent sur la propriété intellectuelle, le management interculturel, les relations avec les investisseurs et le fameux pitch à travers lequel les start-ups doivent présenter leurs activités et convaincre leurs interlocuteurs en quelques minutes. Sur place, le planning de rendez-vous d’affaires est personnalisé. Ces programmes ne datent pas d’hier. Le premier remonte à 2007 (conduit alors par Ubifrance, devenu Business France en se rapprochant de l’AFII) et il avait notamment bénéficié à Criteo, exemple de réussite emblématique s’il en est dans l’écosystème français.

Vekia vient de lever 12 M€ et part aux Etats-Unis

La promotion 2017 des French Tech Tour réunit une série de solutions très technologiques. Aux côtés de quelques start-ups BtoC, les 14 candidats en partance pour les Etats-Unis comptent des éditeurs d’outils marketing tels que Advalo et Early Birds, ou Heuritech qui s’appuie sur l’IA et les technologies de visualisation pour rechercher des produits en ligne. On trouve aussi Vekia, un spécialiste de la supply chain qui vient de lever 12 M€, justement pour internationaliser ses solutions SaaS basée sur le machine learning. Proxem, spécialiste déjà connu de l’analyse sémantique (créé en 2007), fait partie du voyage, de même que QuantCube Technology, qui travaille sur la prédiction en temps réel de mesures macro-économiques ou Quarkslab, investi dans les problèmes complexes liés à la sécurité des données sensibles des entreprises et administrations. Egalement sélectionné, Hiptest propose aux développeurs une plateforme de test en continu pour améliorer la collaboration entre équipes techniques et commerciales. Wisper virtualise le poste de travail et centralise ainsi la gestion de milliers de postes. Enfin, Paytweak propose du paiement par SMS ou email, tandis que Snips et Riminder ont mis au point des assistants virtuels à base d’IA. Le premier peut s’embarquer dans tout produit, le deuxième automatise l’évaluation des talents en s’appuyant sur le deep learning.

A destination du Canada, 7 autres start-ups ont été retenues : Centreon (solution de monitoring des systèmes), CoWork.io (gestion d’espaces de travail partagés), Cogiway qui propose avec Kapitalizer une interface de questions/réponses en SaaS basée sur le machine learning, Aptiko (gestion en SaaS de contenus interactifs distribués sur écrans tactiles), Smart Traffik (solution web-to-store pour les détaillants), Enjoy Your Business (outil collaboratif en SaaS permettant d’améliorer l’engagement des équipes), Mobapi (pour transformer ses sources de données métiers en API sur mesure).

Kerlink et Platform.sh se tournent vers la Chine

Du côté des candidats qui s’apprêtent à plonger dans l’Empire du Milieu, 12 start-ups se préparent. Elles ont été sélectionnées par un jury franco-chinois comprenant des investisseurs, des acteurs de l’écosystème numérique et des entrepreneurs français ayant déjà mené en Chine une expérience concluante. Parmi eux figurent 88Jobs, plateforme de recrutement spécialisée dans les emplois bilingues chinois, ForCity, spécialisé dans la planification stratégique et l’optimisation opérationnelle ou encore Geo4cast qui collecte en temps réel des données géolocalisées pour analyser les comportements clients, les associer à des donnée d’entreprise ou à des outils IoT. Spécialisé sur les réseaux IoT basés sur la technologie LoRa, l'équipementier breton Kerlink est déjà coté sur Alternext Paris depuis mai 2016. Platform.sh, créé par Frédéric Plais (ex-Commerce Guys), s’attaque maintenant au marché chinois après avoir retenu l’attention outre-Atlantique puisque son PaaS a déjà été choisi par Magento. Dans la robotique, Partnering Robotics récupère des données environnementales, ou encore, dans le domaine du PIM, Quable organise les informations sur les produits au sein d’un référentiel unique.

Au-delà du programme d'immersion, Business France propose par ailleurs un programme d'accélération, Impact, aux entreprises déjà installées en Chine.

Toutes ces équipes se préparent à un périple mené tambours battants. « En deux semaines, elles sont soumises à un rythme intense, confrontées à des marchés très exigeants, bousculées dans leurs certitudes », assure Eric Morand, directeur du département Tech et Services de Business France, dans un communiqué. Mais l’objectif est clair : préparer « selon une méthode très précise, leur lancement sur ces marchés dans les 12 à 24 mois ». Cette première étape vers l’internationalisation peut être ensuite complétée par un autre programme, Impact, destiné cette fois à accélérer le développement sur les marchés cibles.