C’est un projet ambitieux de croissance externe qu’AtoS vient d’engager. Le numéro 2 français des services numériques fait une offre de rachat à l’Américain DXC Technology, le groupe de services informatiques issu de la co-entreprise créée en mai 2016 par Hewlett Packard Enterprise et CSC, lorsque HPE s’est séparé de sa branche services IT. L’offre dépasserait les 10 milliards de dollars, selon Reuters qui cite des sources proches du dossier, soit 8,2 milliards d’euros. Pour Atos, qui procède régulièrement à des rachats, cela constituerait sa plus grosse transaction réalisée jusque-là. En mai 2014, l’offre faite à Bull, spécialisé dans le HPC et la cybersécurité, valorisait ce dernier à 620 millions d’euros. Et à l'été 2018, Atos avait racheté Syntel, aux Etats-Unis déjà, pour 3,4 Md$ (2,9 Md€).

Le groupe français, dirigé depuis novembre 2019 par Elie Girard, a confirmé dans un communiqué « avoir approché DXC Technology concernant une transaction amicale potentielle entre les deux groupes afin de créer un leader des services digitaux bénéficiant d’une envergure mondiale ». En revanche, l’ESN française ne communique aucun montant d’acquisition, puisqu’il n’y a pour l’instant « aucune certitude » que cette approche débouche sur un accord ou une transaction. L’action d’Atos a baissé à l’annonce de ce projet, tandis que celle de DXC Technology a poursuivi la hausse qu’elle avait amorcée ces derniers jours. Selon Bloomberg, Atos chercherait d’autres acquisitions potentielles aux Etats-Unis en citant SecureWorks parmi les centres d’intérêts possibles.

Contraction du chiffre d'affaires en 2020

Atos réunit 110 000 collaborateurs au niveau mondial et a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 11,6 Md€. Sur 2020, ce dernier a été impacté par le contexte sanitaire et devrait s’être rétracté dans une proportion de 2 à 4% selon les objectifs d’évolution organique confirmé par le groupe en octobre dernier. De son côté, DXC Technology a réalisé sur son exercice fiscal 2020, clos fin mars, un chiffre d’affaires de 19,57 Md$ contre 20,7 Md$ un an plus tôt. Sur son 1er semestre fiscal, fin septembre, il s’est élevé à 9 Md$ contre 9,7 Md$ l’année précédente. Cette semaine, le groupe américain a vendu l’une de ses entreprises, Fixnetix, fournisseurs de services de trading front-office aux banques d’investissement. En juillet, il avait déjà cédé pour 525 M$ son activité de logiciels de santé à Veritas.

Atos a réalisé différents rachats au cours de l’année, dont en octobre Eagle Creek, Edifixio et SEC Consult. En juillet, il a repris Digital Security à Econocom, après les rachats successifs de Miner & Kasch dans le conseil, de Paladion dans la sécurité et d’Alia dans le secteur de l’énergie. En novembre, Atos a annoncé qu’il fédérait ses services cloud avec son initiative OneCloud, guichet unique d’offres cloud apportant des capacités sectorielles pour accompagner la migration des entreprises vers le cloud. A travers l'activité rachetée à Bull, Atos est par ailleurs très engagé dans le secteur des supercalculateurs avec les livraisons régulières de systèmes HPC à des clients institutionnels en Europe et dans le monde. Cette activité fait aussi du groupe l'un des acteurs les plus avancés de l'informatique quantique en France. Atos était dirigé jusqu'à fin 2019 par Thierry Breton, actuellement commissaire européen au Marché intérieur, également responsable du Numérique.