En direct de Barcelone. Pour son principal événement européen, Cisco Live 2020, l’équipementier californien, attend près de 20 000 personnes (clients, partenaires, employés et journalistes) cette année à Barcelone. L’occasion de revenir sur les dernières annonces du fournisseur, mais également de participer aux sessions de formations et de certifications à ses technologies. Quelques semaines après l’annonce de sa puce ASIC programmable Silicon One qui entend repenser l'architecture réseau pour l'Internet avec le système d'exploitation IOS XR7 et les routeurs de la série 8000, Cisco a particulièrement insisté sur les performances de son composant. La première puce de la famille Silicon One, la Q100, franchit la barrière des 10 Tbit/s de bande passante s’est félicité sur scène Jonathan Davidson senior vice-président en charge des opérateurs chez Cisco lors de la keynote du 28 janvier. « Trois choses vont accélérer l’Internet de demain : les puces de nouvelle génération du type Silicone One, l’optique (400 Gigabits) et le logiciel.

Depuis l'acquisition d'AppDynamics, Cisco s'appuie sur l'apprentissage machine et l'intelligence artificielle pour assurer la gestion et la surveillance des performances applicatives en local et dans le cloud. Comme l'a indiqué à Barcelone, David Goeckeler, executive vice président et directeur de l'activité réseau et sécurité de Cisco, avec la montée en puissance du devops, la solution dépasse le simple cadre des applications et entend suivre le déploiement des applications distribués dans un environnement multicloud. Et avec sa solution hyperconvergée maison HyperFlex, issue du rachat de SpringPath il y a 3 ans, Cisco avance une plateforme de conteneurs en tant que service intégré qui simplifie le provisioning et les opérations en cours dans le cloud, le data center et la périphérie avec le concours de Kubernetes.

Kubernetes préinstallée sur HyperFlex

Le fournisseur a donc profité de son événement à Barcelone pour préciser que sa distribution Kubernetes CCP (Cisco Container Platform) est préinstallée sur ses nœuds HyperFlex Application Platform. Cette solution HCI, hier proposée avec vSphere, est aujourd'hui également disponible avec KVM pour accueillir des VM, des containers et des apps. Kaustubh Das, vice-président en charge de l’activité HyperFlex chez Cisco, nous a expliqué que la plate-forme HCI travaille de concert avec Intersight (ex UCS Manager) en mode SaaS pour suivre et mettre à jour les différentes briques infrastructures via les API (mise à jour des firmwares par exemple) et AppDynamics pour suivre les performances des applications. Le pilotage du stockage est également possible avec Intersight via les API avec des fournisseurs comme NetApp par exemple. En complément, Cisco pousse également Intersight Workload Optimizer pour suivre le fonctionnement des containers et autres VM (via les API), alors qu'AppDynamics Journey Map affiche automatiquement les principaux trajets de l'expérience utilisateur au sein des applications critiques. L’idée est d’aider les administrateurs, mais également les développeurs à mieux mesurer l’impact des apps sur les utilisateurs et prendre les mesures nécessaires si besoin. « Les applications ne sont pas statiques, il est toujours nécessaire d’ajuster leurs paramètres pour garder de bonnes performances […] Personne n’intercepte le réseau comme nous, nous sommes nativement réseau à la différence d’autres acteurs comme VMware » », a pointé le dirigeant.

L'ensemble de ces technologies vise à accroître l'attrait de la plate-forme HCI auprès des entreprises qui ont adopté des pratiques devops. « Avec Kubernetes, nous donnons la possibilité aux entreprises de tester et mettre en place leurs applications », indique Kaustubh Das. Et pour le mode multicloud, ce dernier nous a précisé que Cisco ne se contente pas de travailler avec les API, mais soigne un peu plus l’intégration de sa plateforme HyperFlex avec les trois principaux acteurs du marché, à savoir AWS, Azure et GCP. Les deux principaux concurrents de Cisco sur le marché HCI, VMware et Nutanix, ne sont pas en reste et avancent également leurs pions avec Kubernetes. Le projet Tanzu pour le premier avec une refonte complète du moteur de vSphere pour orchestrer des VM, des containers et des apps, le projet Karbon pour le second pour faciliter le provisionnement et l'orchestration des applications distribuées. Dans les trois cas (Cisco, VMware et Nutanix), l'ambition est d'aider les entreprises à créer puis déployer leurs applications conteneurisées. "Chez Cisco, nous avons cette demande depuis un moment et nous accompagnons ceux qui désirent faire du Kubernetes mais sans payer la stack VMware ", nous a indiqué Eric Greffier, managing director architect sales chez Cisco EMEAR

Le devops pour survivre dans un monde multicloud

« Les infrastructures se transforment et vont piloter de manière plus performante les applications avec simplicité, sécurité et efficacité ». L’enjeu pour de nombreuses entreprises est de travailler dans un domaine multicloud tout en assurant la sécurité des données, la transformation des infrastructures et la responsabilisation des équipes (administrateurs et développeurs). Danny Winokur, en charge des activités AppDynamics chez Cisco a aussi relevé que « les pénalités pour une mauvaise expérience avec une application sont élevées, toutes les entreprises doivent aujourd’hui être une software company pour se développer ».

Privilégiant une approche très orientée devops depuis l’abandon de la solution Intercloud, Cisco arrive sur un marché ou la concurrence est féroce. Si l’équipementier peut mettre des atouts certains dans le domaine du réseau et de la sécurité, il se retrouve face à un VMware ou un Nutanix qui entendent déborder du simple cadre de la virtualisation du datacenter – en mode classique ou hyperconvergé - pour accompagner les entreprises dans leur conquête du cloud avec une explosion du nombre d’applications ou workflows en service. A un dirigeant de Cisco me faisant remarquer que VMware ne possédait pas de plate-forme de développement, il n’a pas été inutile de rappeler le retour de Pivotal – avec Cloud Foundry – dans le giron de l’éditeur. Et Nutanix, comme d’autres, travaille de concert avec les principaux frameworks pour aider les entreprises à déployer leurs applications dans un cloud privé ou public. « 50% des applications sont actuellement en dehors de datacenter », nous a fait remarqué Fabio Gori, directeur marketing en charge du cloud chez Cisco. « Nous accompagnons les entreprises qui désirent étendre leurs périmètre applicatif dans le cloud tout en conservant leurs politiques sécurité […] Les cas d’usages se multiplient avec des déploiements hybrides et multicloud. Et la maîtrise technologie est indispensable pour interconnecter les applications en toute sécurité ».