En attendant l’arrivée à maturité des technologies Gen-Z et CXL, qui ambitionnent de remplacer le bus PCIe dans les serveurs x86, des start-ups travaillent déjà sur des systèmes informatiques composables, c’est à dire exploitant les ressources disponible dans un datacenter pour allouer des accélérateurs GPU, DPU et FPGA, des liens réseau (Infiniband ou Ethernet) et du stockage NVMe à des workflows comme les traitements IA ou la compression vidéo en qualité broadcast. Le logiciel d'orchestration Matrix Fabric de la start-up Liqid ambitionne justement - avec quelques réserves - de composer dynamiquement des pools avec CPU (et RAM), GPU, SSD NVMe flash et Optane, et du réseau pour fournir à la demande des serveurs bare metal définis par logiciel.

Fondée en 2013, Liqid a commencé à déployer son architecture composable en 2018, soit deux ans après HPE et sa plateforme modulaire Synergy. L’approche de Liqid est toutefois différente et travaille avec les principaux fournisseurs du marché. « Ce que nous entendons par composable est une nouvelle façon de créer des serveurs dans un centre de données » a expliqué Sumit Puri, le CEO de Liqid. lors d’un IT Press Tour virtuel organisé par Condor Consulting. « Nous pouvons faire en quelques secondes, ce qui prend des heures dans un datacenter ». La technologie de Liqid donne la possibilité aux entreprises de désagréger, puis regrouper et orchestrer des ressources physiques à travers le bus PCIe en mode bare-metal pour les applications qui l’exigent. Le logiciel de contrôle permet aux administrateurs système d'ajouter des éléments désagrégés selon leurs besoins. « L'infrastructure statique est morte. Le centre de données dynamique est l’avenir », a souligné Sumit Puri, « avec du peer-to-peer entre les châssis pour améliorer la performance et la latence ». 

L'objectif de Liqid est d'arriver à une souplesse totale dans les datacenters avec sa plateforme composable Matrix Fabric. (Crédit Liqid)

Un commutateur pour piloter les serveurs 

À la base de la solution de Liqid, on trouve un commutateur avec le logiciel d’orchestration, auquel sont raccordées les ressources serveurs disponibles ou spécialement dédiées. Les châssis et baies de stockage peuvent être fournis par les partenaires de la start-up, à savoir Dell et Inspur mais pas HPE.  Liqid se raccorde aux serveurs et baies de ces fournisseurs avec son commutateur et transforme les boîtiers statiques en machines dynamiques. L’approche composable de HPE, qui repose sur une architecture convergée, est toutefois différente, puisqu’elle exploite de la virtualisation ou des containers avec une option bare metal via l’outil Composer. Synergy travaille également en Ethernet, SAS et Fibre Channel, offrant aux entreprises le choix des structures à intégrer aux centres de données existants.

La principale nouveauté mise en avant par Liqid lors de sa présentation de juin est l’intégration à vCenter de VMware. Via un plug-in, les utilisateurs de vCenter peuvent désormais composer depuis leur interface habituelle des pools de serveurs à l'aide du logiciel Matrix Fabric. Si vSphere est le premier hyperviseur pris en charge par Liqid, d’autres devraient suivre et notamment AHV, KVM et Hyper-V. « Nous ne voulons pas réinventer ce qui marche bien », assure le CEO. Enfin Liqid compte également sur l’arrivée de Gen-Z et de CXL pour étoffer sa solution et s’affranchir des limites du PCIe 4 - en termes de bande passante et supporter d’autres protocoles qu’Ethernet - pour offrir des  architectures composables avec tous les matériels du marché. Le  GPU-over-Fabrics est également envisagé avec Nvidia, et  support des SmartNIC et du FPGA est dans les cartons. En Europe, Liqid a installé un bureau central au Royaume-Uni et entend étendre sa présence sur le vieux continent pour devenir un acteur global, assure le dirigeant.