Avec l’adoption croissante du développement low-code, le marché des solutions associées devrait atteindre 13,8 milliards de dollars cette année, estime Gartner. Cela correspondrait à une hausse de 22,6% par rapport à 2020. Il faut dire qu’en dehors des spécialistes du domaine, les grands éditeurs généralistes jouent aussi leur carte sur ce terrain, avec des offres propres ou à travers des rachats. Dernier en date, SAP qui s’est offert AppGyver, un éditeur évoluant dans le no-code, un segment que Gartner inclut dans celui des plateformes low-code. Pour le cabinet d’études, l’importance pris par le développement à distance, du fait de la pandémie, joue un rôle dans cette progression du low-code et va continuer à l’alimenter, « malgré les efforts continus d’optimisation des coûts ». Une levée de 150 millions de dollars tout juste réalisée par Outsystems, un acteur historique du low-code ainsi valorisé à près de 10 milliards de dollars, vient illustrer cette semaine cette projection de Gartner.

Le low-code n’est pas une tendance nouvelle, puisqu’on y retrouve beaucoup d’acteurs du BPM, c’est-à-dire de la gestion des processus métiers, aux premiers rangs desquels Appian, Pegasystems, Bonitasoft, Mendix (racheté par Siemens en 2018) ou Outsystems, justement. En France, on peut aussi citer Avanteam et Simplicité Software. Mais, pointe Gartner, cette tendance se renforce par la conjugaison de plusieurs facteurs: les ruptures induites par la transformation numérique des entreprises, la montée de l’hyperautomatisation et la capacité à pouvoir réorganiser facilement ses processus métiers en s'appuyant sur des briques existantes (composable business). « Cela a généré un afflux d’outils et fait monter la demande », commente Fabrizio Biscotti, vice-président recherche chez Gartner dans un communiqué.

Les spécialistes rejoints par des éditeurs généralistes

Ces dernières années, aux acteurs traditionnels du BPM convertis au low-code se sont vu rejoindre par de grands éditeurs généralistes, Microsoft en tête avec ses Power Apps, par exemple, mais aussi Oracle, Salesforce, ServiceNow (axé sur l’ITSM et sur d'autres processus métiers), Google (rachat de Appsheet) ou même Apple à travers sa filiale Claris (FileMaker). La vision du marché low-code par Gartner est assez large. Le cabinet y distingue 6 catégories de solutions : les plateformes d’applications low-code proprement dites ou LCAP (41,6% du marché en 2021), les suites de BPM intégrant des fonctions avancées que Gartner désigne sous le nom d’Intelligent BPM suites (20,9%), les plateformes de développement multiexpérience (16,8%), le RPA c’est-à-dire l’automatisation des processus robotisés (15,8%), les plateformes de « citizen automation & development » ou CADP (4%) et, enfin, les autres technologies low-code dont les outils de développement d’application rapide (RAD) et de développement d’apps mobiles rapide (RMAD) qui ensemble pèsent moins de 1% du marché. A noter que Gartner place les outils de développement no-code dans la première catégorie, Low-code application platforms (LCAP).

Bien sûr, l’accélération induite par la transformation numérique a sa part dans le recours à ces outils qui réduisent les délais de mise à disposition de nouvelles applications. De même que la demande accrue pour des solutions personnalisées dont la réalisation est confiée à des « citizens developers », en dehors des équipes IT, souligne Gartner. Le cabinet d’études évalue à 41%, en moyenne, la proportion d’employés non IT qui interviennent directement sur de telles solutions. Et il prédit que, d’ici la fin de 2025, la moitié des nouveaux clients du low-code seront des acheteurs métiers plutôt que IT. « Les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 ont validé la proposition de valeur du low-code », confirme Fabrizio Biscotti.

Le SaaS et l'hyperautomatisation vont tirer le marché

Parmi les facteurs d’adoption du low-code, Gartner rappelle que la plupart des fournisseurs de solutions SaaS incorporent ces technologies dans leurs offres. Le SaaS continuant à gagner en popularité, il entraînera mécaniquement les outils low-code dans des proportions équivalentes. Le deuxième facteur d’adoption réside du côté des spécialistes métiers intéressés par la technologie et souhaitant mettre en oeuvre leurs propres idées pour automatiser leurs applications et leurs workflows. Enfin, pour Gartner, le 3ème facteur est l’hyperautomatisation qui confirmera la tendance low-code en 2022 (sur le terrain de la RPA, on a pu voir de très fortes levées de fonds comme celle de 750 M$ par l'éditeur UiPath). Avant cela, au niveau mondial, la plupart des grandes organisations auront, d’ici la fin de l’année en cours, adopté plusieurs outils low-code, sous une forme ou une autre, affirme Gartner.