Dans sa dernière étude, Gartner révèle que les dépenses IT dans la région EMEA devraient atteindre 1 300 Md$, soit une augmentation de 3,7 % en 2023. La raison ? La hausse des dépenses en logiciels cloud qui entraîne une croissance globale des dépenses IT. En effet, selon l'enquête publiée à l'occasion de l'IT Symposium 2022, organisé par le cabinet, les DSI de la région EMEA se tournent de plus en plus vers le cloud. Que ça soit pour lancer des offres de métiers dédiées ou mettre en place des grilles de données tout en maintenant leurs environnements actuels sur site.

Dans le détail, les dépenses en services cloud public devraient atteindre 111 Md$ en 2022 et 131 Md$ en 2023, soit une augmentation de 18,2 % d'une année sur l'autre. Le budget cloud des entreprises représentera 34 % du total alloué à l'achat de logiciel. Quant aux dépenses en services IT, elles devraient connaître le deuxième taux de croissance le plus élevé, avec une hausse de 6,6 %. Une augmentation en partie imputable aux difficultés de recrutements rencontrées par les DSI qui sont désormais contraints de recourir à des services informatiques gérés pour combler les manques, parfois à grands frais.



Prévisions des dépenses informatiques en EMEA, 2021-2023, en millions de dollars US. (Crédit : Gartner) 

Les dépenses IT devraient mieux se porter au Royaume-Uni qu'en France


Parmi les marchés les plus matures d'Europe Occidentale, les dépenses IT du Royaume-Uni devraient atteindre 218,7 Md$, soit la plus forte croissance de la région. En 2022, le pays s'en sortira également mieux que la France et l'Allemagne en monnaie locale. Les dépenses IT britanniques devraient enregistrer le taux de croissance le plus élevé avec une augmentation de 8 % en livres sterling. À noter cependant, qu'en raison de la faiblesse de la livre britannique, cela se traduit par une baisse globale des dépenses informatiques de 2,5 % en dollars américains.

Les consommateurs ne sont pas à l'abri de la récession

Si les perspectives semblent largement positives pour les entreprises, la situation est radicalement différente lorsqu'il s'agit de suivre les dépenses informatiques des consommateurs. En amont du symposium de Gartner, John Lovelock, vice-président et analyste du cabinet a fait remarquer que le PIB d'un pays peut être mesuré de deux manières. D'un côté, il y a le « PIB réel » corrigé de l'inflation, et le « PIB nominal » dépourvus des effets de l'inflation.

Selon M. Lovelock, dans certains pays européens, le PIB nominal est en réalité en hausse, ce qui signifie que les entreprises gagnent globalement plus d'argent que l'année dernière. Toutefois, le pouvoir d'achat des consommateurs est déterminé par le PIB réel, dont la majeure partie a été complètement érodée par l'inflation, ce qui a entraîné un report des dépenses sur les produits de luxe tels que les nouvelles technologies et les terminaux de type smartphones, PC et tablettes.

Le marché des terminaux se dégonfle

En conséquence, Gartner estime qu'en 2022, les dépenses des consommateurs dans ces produits diminueront de 13 %, soit la plus forte baisse à deux chiffres depuis 2009. Elles avaient alors chuté de 11,3 %. De plus, cette tendance se poursuivra en 2023, avec une baisse prévue de 2,6 % des dépenses des consommateurs dans ce secteur. « Bien que les ordinateurs, smartphone ou encore tablettes, puissent être un besoin, nous venons de passer par deux années de renouvellement, afin de pouvoir télétravailler, continuer ses études ou encore se divertir durant les confinements », explique John Lovelock. En conséquence, il a déclaré que la majorité des consommateurs possèdent déjà des terminaux « suffisamment bons ». Il n'y a donc pas de nouvelles fonctionnalités indispensables sur le marché qui les pousserait à les remplacer.

Alors que les dépenses en matière de cloud computing et de services IT compenseront l'effondrement de la demande de PC, smartphones et tablettes, la croissance globale des dépenses IT en EMEA, qui s'élèvera à 3,7 % l'année prochaine, sera légèrement inférieure aux prévisions de Gartner qui tablait précédemment sur une croissance de 5,1 % en 2023.