A l'occasion d'une table ronde le 18 juin, autour du thème « La fibre optique: nouvel Eldorado? », Joël Mau, directeur de Mission à l'institut Mines Telecoms affirme qu'il faudra « 20 milliards d'euros d'investissement afin de câbler l'intégralité de la France en fibre optique ». Cela représente le même investissement que pour créer la liaison métro du Grand Paris. Afin de développer la fibre au plus vite, ainsi que réduire les coûts, il y aura besoin de mutualiser les installations, selon les intervenants présents, y compris Laurent Papiernik, directeur du business développement chez SFR pour le FTTH (Fibre To The Home).  

Marc Duchesne, Directeur de Projet chez Sequalum, société qui installe la fibre optique dans les Hauts de Seine (92), rappelle néanmoins que c'est « les usages et services qui permettront à la fibre optique de se populariser » et donc de s'implémenter massivement dans les logements. Sequalum est une société créée par Numericable, SFR et Eiffage. Par le biais d'un contrat de Délégation de Service Public, le Département des Hauts-de-Seine lui a confié la réalisation et l'exploitation du réseau THDSeine. En contrepartie, Sequalum s'est engagé à rendre accessible le réseau à l'ensemble des opérateurs commerciaux.  Sequalum se positionne comme « l'opérateur d'immeuble » de référence sur le Département des Hauts-de-Seine.

Marc Duchesne rappelle les usages que la fibre optique dans les domaines de la « Télé-surveillance, des Télé-Services et dans le domaine de la e-santé ». Il ajoute que dans les domaines de la gestion technique des bâtiments ou de la consommation énergétique, la fibre optique pourrait avoir un fort intérêt. Dans les domaines de la Domotique, la fibre pourrait aussi faciliter l'émergence de la maison entièrement connectée. 

Les élus locaux accélérateurs de fibre

Côté mutualisation des infrastructures, celle-ci existe dans les 148 zones de forte densité en France dans lesquelles les contrats de tirage de fibre au niveau horizontal (c'est-à-dire jusqu'au pied des habitations) et vertical (à l'intérieur des immeubles et dans les habitations) sont répartis entre les opérateurs. Quand une offre est souscrite, une somme est due par l'opérateur du client à l'opérateur qui a mis en place la fibre optique.

Dans la démarche de pose de la fibre,  de l'avis de Joël Mau de l'institut Mines Télécoms, « les élus locaux ont un rôle très fort à jouer pour pousser à l'adoption de la fibre. [...] Les collectivités peuvent proposer des offres de gros sur la location de fibre optique moins chères, afin de motiver le changement ». Pour les opérateurs autres que France Telecom, l'intérêt de passer à la fibre optique est d'« éviter de payer la redevance sur le cuivre à France Telecom, de l'ordre de 10 € par abonné » affirme Laurent Papiernik de SFR, qui ajoute que « même Orange a un intérêt financier à basculer vers la fibre optique. »

En conclusion, Marc Duchesne de Sequalum apparaît partisan d'une fibre optique des "champs" face à une fibre optique des "villes", en estimant que « le besoin de services et de débit est plus important dans les campagnes que dans les villes qui ont l'ADSL ». Une assertion étonnante quand on connait les différences de densité en population et en entreprises dans les villes et la frénésie d'équipement dans les foyers urbains.