Capgemini, Generali, Orange et Sanofi se réunissent sous un même drapeau pour accélérer le développement de start-ups dans la santé numérique. L’initiative, lancée en janvier 2020, devient aujourd’hui réalité, avec une société commune, Future4Care. A sa tête, Philippe Peyre explique vouloir « apporter une contribution majeure au futur de la santé, au service des patients, tout en exploitant au maximum les possibilités du digital ». Pour assurer le lancement de ce projet, 24 millions d’euros ont été engagés par les quatre partenaires. « Future4Care n’a pas pour objectif d’investir dans les start-ups mais bien de les accompagner » précise Philippe Peyre. L'incubateur accueillera une centaine de start-ups dès sa première année au sein d'un institut de 6000 m² implanté à Paris, au Biopark dans le 13e arrondissement. L'offre sera complétée par une plateforme digitale pour que l’ensemble des services de l’entreprise soient disponibles à distance.

« Nous avons décidé d’unir nos efforts car nous partageons trois convictions : celle que la e-santé va transformer en profondeur les modes de travail de l’ensemble des acteurs de la santé mais aussi leur manière de collaborer, et faire des avancées majeures au service des patients. Notre seconde conviction est qu’il existe, en France et en Europe, l’ensemble des compétences scientifiques, technologiques, médicales pour que l’Europe prenne un leadership dans ce domaine. Nous sommes enfin convaincus que l’open innovation va jouer un rôle déterminant dans la santé, comme les biotechnologies jouent déjà un rôle déterminant dans les médicaments » détaille le président de Future4Care.

Construire un leadership européen

Agnès de Leersnyder, actuelle directrice générale de Future4Care, était auparavant à la direction de la stratégie d’Orange. Selon elle, « l’objectif est d’accompagner une centaine de start-ups spécialisées dans la e-santé au moment de la commercialisation, les aider à trouver un business model, mais aussi faire face aux réseaux de distribution et aux clients grâce au panel d’experts que représentent Capgemini, Generali, Orange et Sanofi. Pour Paul Hudson, directeur général de Sanofi, cette union est une opportunité pour participer à la création d’une médecine de pointe. « Nous avons collecté beaucoup de données depuis le début des années 2000, c’est l’occasion de faire quelque chose d’extraordinaire dans un environnement sûr ». Jean-Laurent Garnier, PDG de Generali France souhaite faire valoir l’expertise de Generali. « Nous sommes un gestionnaire des accidents de la vie et notre ADN nous amène à nous intéresser au monde de la e-santé. Nous avons une expertise concernant les tendances, la maîtrise des risques à long terme, et possédons une connaissance fine de tous les systèmes en Europe ».

Stéphane Richard, PDG d’Orange porte ce projet avec confiance. « Il est à la confluence de deux tendances, deux paris que l’on fait. D’une part, l’investissement dans les start-ups et le domaine de la santé, où nous sommes présents depuis 15 ans, et d’autre part la mise à disposition des données, avec domaines que l’on a identifiés comme porteurs ». Il ajoute qu’ « Orange est un partenaire des foyers, des gens, avec 260 millions de clients dans le monde », un point fort pour Future4Care et le développement du réseau de start-ups. Aiman Ezzat, directeur du groupe Capgemini compte mettre à disposition des start-ups les services proposés par Capgemini. « La technologie joue un rôle très important ici, nous accompagnerons les start-ups dans la structuration et le traitement des données, notamment liées à l’IA ». L’expérience utilisateur est également un point clé pour la réussite de ces jeunes pousse. « Le niveau d’acceptation d’une solution santé est très lié à cette qualité d’expérience utilisateur », précise Aiman Ezzat.

Les soins à distance, un pari sur l’avenir

« L’initiative Future4Care va nous permettre de répondre à plusieurs défis, anticiper les risques et leur matérialisation, maîtriser les coûts, organiser la mutualisation et l’accès aux soins, mais aussi mieux prévenir les maladies », détaille Jean-Laurent Garnier. « Notre rôle d’assureur apportera des services au-delà du remboursement, notamment sur les services à domicile ». Accélérer le progrès, mais aussi miser sur la réunion de quatre grandes entreprises est un message pour les européens. Stéphane Richard ajoute que désormais « il s’agit de trouver des startups qui apportent des solutions en combinant cette agilité, cette capacité de créer avec la puissance de nos groupes ». Une quinzaine de partenaires industriels, académiques, scientifiques et établissements de santé mettront à disposition des experts pour aider les start-ups sur des besoins pointus et précis afin de se différencier d’autres lieux d’incubation. Stéphane Richard, fort de son expérience au sein d’Orange Fab, connaît bien l’incubation, les fonds et veut pousser les jeunes entreprises à se lancer et passe au-delà de la phase intermédiaire critique, que représente la mise sur le marché.

En pratique, les start-ups peuvent rejoindre Future4Care de plusieurs manières. Elles peuvent être cooptées par un partenaire ou un fondateur, postuler en candidature libre ou encore répondre à un appel à projets. Cette année, le premier appel à projet de Future4Care – qui aura lieu en septembre – se positionne sur la gestion des soins à distance et le numérique au service d’une médecine plus personnalisée. Les start-ups paieront ensuite un abonnement à Future4Care en échange de la mise à disposition d’un panel de services. « Le sujet est à la fois économique et social, la gestion des soins à distance pourrait régler le problème de saturation de certains lieux de prise en charge, mais aussi lutter contre l’isolement », précise Jean-Laurent Garnier. « Le champ de l’innovation dans ce domaine est infini, le service à la personne est un réservoir d’emplois » conclut-il.