Happydemics lève 5 millions d’euros avec ses sondages ciblés et automatisés

0

La jeune pousse française a mis au point une solution pour concevoir, diffuser et analyser automatiquement et instantanément des sondages auprès d’internautes. Les questions sont posées dans les espaces publicitaires des canaux disponibles.  Face aux géants du service et du conseil en études marketing, Happymedics parie sur la technologie et en particulier, ses propres algorithmes de machine learning. (De G à D, Tarek Ouagguini et Nicolas Trabuc, co-fondateurs d’Happydemics)

Happymedics vient de lever 5 millions d’euros, entre autres auprès du family office Fair/e et des deux co-fondateurs et CEO du studio de jeux mobiles Voodoo, Laurent Ritter et Alexandre Yazdi. Née en 2015, la startup parisienne a conçu un dispositif de création, diffusion et d’analyse d’études marketing par le biais de sondages ciblés directement en ligne. Elle achète des espaces publicitaires en masse sur tous types de canaux, et propose directement des questionnaires aux internautes, en lieu et place de publicité. Une solution qui permet aux entreprises d’éviter de faire appel à des prestataires pour réaliser de longues études auprès de panels de consommateurs rémunérés. Les algorithmes développés par les équipes, nés de près de 3 ans de recherche, identifient les médias idoines en fonction de la population ciblée, du produit proposé, etc.

Création, diffusion et analyse de sondages sont automatisées

La solution de Happydemics automatise le processus complet de création, diffusion et analyse d’un sondage marketing pour que toute personne, même sans compétence statistique, s’en saisisse sans intervention d’un intermédiaire.  Pour créer un sondage, la jeune pousse a défini des modèles de sondages personnalisables selon elle en quelques minutes. L’entreprise a le choix entre plusieurs types d’enquêtes (baromètres, modèles post test ou pré test marketing, A/B testing etc.) et plusieurs formats de questionnaires (sondage d’opinion, questions simples, questionnaire à choix multiple, etc.).

Une API vers l’écosystème de diffusion

« Pour diffuser les sondages, nous avons créé une API qui se connecte à l’ensemble de l’écosystème publicitaire mondial. Toutes les plateformes avec un dispositif d’achat publicitaire sont concernées : Google, la presse, les réseaux sociaux jusqu’à Snapchat ou Jeuvideo.com, explique Tarek Ouagguini, fondateur et CEO de Happydemics. Une entreprise peut s’adresser immédiatement et simultanément à une audience potentielle de 2,5 milliards de personnes dans 144 pays. » Une fenêtre pop-up propose à l’internaute de répondre à une dizaine questions. Il peut accepter ou non. Ses données personnelles ne sont jamais conservées.

Enfin, la suite d’analytics de la startup permet d’analyser et présenter les réponses, d’exporter des graphiques, de convier des collaborateurs à les exploiter, de générer des animations, etc. Des rapports générés automatiquement aux formats Powerpoint et PDF reprennent les résultats et analyses principaux. Pour Happydemics, il s’agit de réduire drastiquement le délai d’exploitation des sondages et d’éviter leur obsolescence. « Nous voulons démocratiser l’accès dans les organisations aux résultats et aux analyses de sondages, continue Tarek Ouagguini. La plupart des rapports marketing finissent dans un tiroir car ils sont trop anciens, trop longs. Et ce sont parfois jusqu’à 100000 euros qui sont ainsi jetés à la poubelle. »

Une offre en packs et en SaaS

En effet, la technologie et le modèle de la startup réduisent aussi le coût des études. L’accès à la plateforme Happydemics est direct et gratuit après inscription depuis le site. Il en va de même des modèles et des outils de création de sondage. « Les utilisateurs peuvent s’amuser autant qu’ils veulent sur la plateforme. Le modèle Saas ne s’active que quand l’entreprise décide de diffuser son étude. L’entreprise ne paye que pour la diffusion, l’analyse et le reporting, » explique Tarek Ouagguini. Happydemics vend ses études par packs d’une, 3, 12 ou 24 par exemple, quel que soit leur format ou les pays visés. Ce qui permet aussi de rajouter un format ou un pays cible avec un crédit supplémentaire. Le premier prix est à 6000 euros pour une seule étude et peut décroître jusqu’à 2900 euros.

Innovation technologique et en business model

« Nous avons innové technologiquement mais aussi sur le business model, estime le co-fondateur de la startup. Ce modèle donne une grande visibilité aux entreprises sur leurs planning de sondages, en toute transparence. Elles savent exactement combien une étude va lui coûter et peuvent budgéter tout leur calendrier sur plusieurs mois. Tout est automatisé, et il n’y aucun coût de consulting ni d’accompagnement. » Les équipes d’Happydemics sont néanmoins disponibles en moins de 5 minutes en cas de problème sur la plateforme.

La solution a été entièrement développée en interne et sur les 30 employés que compte Happydemics aujourd’hui, la moitié sont des profils techniques et des data analysts. « Nous sommes une entreprise de technologie et c’est ce qui nous différencie, affirme Tarek Ouagguini. Et notre levée de fonds va entre autres servir à poursuivre nos recrutements d’ingénieurs et de techniciens. Nous voulons par exemple aller au-delà des études quantitatives et développer des outils pour identifier des personnes susceptibles de répondre à des entretiens qualitatifs. »

Plus de 300 millions de réponses accumulées

La startup compte aussi exploiter la masse de données qu’elle récolte, pour proposer des analytics (données de marché, de comparaison, de persona) et identifier de nouvelles idées pour les entreprises. « Nous pourrons abonner nos clients à des données de marché dynamique, s’enthousiasme le CEO. Nous avons accumulé plus de 300 millions de réponses à des sondages depuis nos débuts et nous capitalisons de la connaissance sur la manière de poser des questions, sur les audiences spécifiques, insiste le CEO. Développée avec des techniques de machine learning, la solution permet par exemple, chaque fois qu’un sondage est diffusé, d’optimiser la diffusion du suivant.

15 recrutements prévus en 2020

Enfin, Happydemics va utiliser sa levée de fonds pour développer ses ventes à l’étranger. Elle espère devenir une référence en Europe. La startup annonce déjà réaliser 40% des études pour ses clients vers l’étranger. Une proportion qui atteindrait tout juste 15% globalement pour les instituts français, selon la communauté de chercheurs et utilisateurs d’études de marché Esomar. La clientèle de la startup se répartit à égalité entre de grands clients de tous les secteurs comme Total, L’Oréal, Estée Lauder, Dailymotion ou Mano Mano et Cityscoot par exemple, et des PME ou des entreprises qui lancent tout juste leur marque et ont besoin d’études de qualité efficaces à un coût raisonnable.

La jeune pousse espère recruter une quinzaine de personnes en 2020 et après avoir été hebergé chez WeWork à Paris, vient tout juste d’emménager à cet effet dans ses propres locaux de 250 m2 près de la gare de l’Est. Rue de la Fidélité…

Emmanuelle Delsol

Partager