HSBC Holdings utilise la technologie du grand registre distribué DLT Blockchain pour numériser les relevés de transactions des investissements privés, ce qui permet à ses clients du monde entier d'accéder aux détails de leurs actifs en ligne en temps quasi réel. Basée à Londres, la septième plus grande banque du monde prévoit de transférer 20 milliards de dollars d'actifs, comme des actions, des obligations et des avoirs immobiliers, dans sa nouvelle chaîne de blocs Digital Vault, en remplacement des registres sur papier utilisés actuellement pour répondre aux demandes de recherche des clients. « Déjà proposée en accès immédiat en Asie, la DLT blockchain Digital Vault sera déployée aux États-Unis et en Europe au cours du premier trimestre de 2020 », a déclaré un porte-parole de HSBC par courriel.

« En permettant aux investisseurs d'interagir avec ces données financières sur la blockchain via des applications décentralisées (dApps) supportées par des interfaces utilisateur conviviales, HSBC participe à la mise en place d’une infrastructure favorisant la généralisation de l’usage du grand registre distribué », a déclaré Avivah Litan, vice-présidente de la recherche chez Gartner. « Il est probable que des millions d'investisseurs et d'utilisateurs potentiels utiliseront les interfaces de la chaîne de blocs sans avoir conscience de la technologie sous-jacente », a ajouté Mme Litan. Structuré par l'unité Securities Services (HSS) de HSBC, le coffre-fort digital Digital Vault pourrait héberger plus tard d'autres types d'actifs numériques, ce qui permettrait à la banque de transférer et de suivre une plus grande partie des transactions dans le grand registre distribué.

Du test and learn avec une start-up

Le moins que l’on puisse dire, c’est que HSBC ne se lance pas dans ce projet de chaîne de blocs à l'aveuglette. Depuis 2015 au moins, la banque est impliquée dans R3, une entreprise new-yorkaise spécialisée dans la technologie blockchain. « Depuis, elle a eu le temps de faire des recherches et de tester divers projets de chaînes de blocs », a déclaré Michela Menting, directrice de la recherche en sécurité numérique et dans la chaîne de blocs chez ABI Research. R3, qui était à l’origine un consortium de services financiers et à qui l’on doit la plate-forme DLT open source Corda, est désormais dirigée par plus de 70 entreprises partenaires. R3 affirme que Corda n'est pas une plate-forme blockchain car elle n’a pas d’algorithme de consensus qui permet aux participants de valider les inscriptions au grand registre distribué. Comme blockchain, Corda est une plate-forme DLT autorisée ou privée qui permet également de créer, avec le langage de programmation Java, des dApps destinées à différents usages en cours dans les services financiers. « L'utilisation de la technologie du grand registre distribué (DLT) blockchain permettra non seulement d'accélérer considérablement les processus opérationnels de HSBC et de réduire les coûts liés aux « intermédiaires » impliqués dans le long processus de recherche des documents papier, mais elle stimulera également l'intérêt et l'engagement des clients de la banque pour le négoce de titres », a déclaré la directrice de la recherche d’ABI Research. « C'est un aspect important pour une banque qui vise plus de souplesse et de flexibilité, compte tenu notamment de la concurrence accrue des FinTechs », a ajouté Mme Menting.

Stephen Bayly, DSI de l'unité Securities Services (HSS) de HSBC, a déclaré que la banque répondait à la demande de visibilité en temps réelle des clients sur leurs transactions privées. Elle leur permet de savoir à quel moment ils recevront le coupon de transaction de dette privée ou de faciliter la vérification des documents. « Les actifs privés sont d’excellents candidats pour la numérisation et nous considérons cette plateforme comme une étape essentielle dans l'évolution du modèle », a déclaré M. Bayly dans un communiqué. « Nous nous préparons à l'avenir, quand le cycle de vie complet des transactions pourra être stocké dans un grand registre distribué, y compris pour l'émission de jetons numériques en remplacement des certificats papier ».

La concurrence s’organise

Cette année, plusieurs projets très médiatisés de chaines de blocs ont émergé. Des initiatives permettant notamment de convertir des actifs en jetons numériques facilitent l’achat ou l’échange des actifs au niveau national ou transfrontalier. Récemment, le réseau international de cabinets d’audit et de conseil KPMG a constaté qu’une série de start-ups et d’entreprises de services financiers établies, comme Fidelity Investments, avaient lancé plusieurs produits et services cryptographiques pour l'économie émergente de la tokénisation. KPMG pense que cette économie sera probablement l'une des innovations les plus importantes apportées par les crypto-assets comme le bitcoin, la Litecoin et Ether. Le mois dernier, JP Morgan, IBM, Intel et Microsoft ont créé un consortium pour développer conjointement une spécification de token basée sur une chaîne de blocs qui permettrait de lancer une monnaie numérique répondant aux exigences règlementaires.

« Le déploiement par HSBC d'une plate-forme de conservation numérique basée sur la blockchain est important à plusieurs titres, y compris pour le nombre d’actifs confiés au grand registre distribué, car il va dans le sens de la forte tendance en cours sur le marché des investissements financiers », a déclaré Mme Litan. Le grand registre distribué Blockchain DLT garantit une version unique et partagée de la vérité basée sur des données immuables et des journaux d'audit, une exigence capitale de la comptabilité financière partagée. « Cette mise en œuvre devrait également prouver que la technologie peut répondre aux exigences mondiales en matière de performance bancaire et de confidentialité des données », a ajouté Mme Litan.

Alors que HSBC et d'autres entreprises financières recourent de plus en plus à la blockchain, la State Street Bank de Boston aurait supprimé plus de 100 postes de développeurs dédiés à la blockchain pour s'affranchir de la technologie. En fait, State Street n'abandonne pas la chaîne de blocs, mais elle ralentit le développement interne de la technologie basée sur la plate-forme open source Hyperledger pour se concentrer davantage sur la création d'actifs numériques, en particulier des actions et obligations tokenisées basées sur les cryptomonnaies. « State Street Bank ne veut plus consacrer autant de temps au lourd travail de front et de back-office qu’implique la technologie du grand livre distribué (DLT) », a expliqué CoinDesk, un site d’information spécialisé dans le secteur de la blockchain.

La blockchain n’a pas vocation à servir de middleware pour s'intégrer aux systèmes existants, mais il existe des méthodes pour automatiser le flux de données des systèmes ERP vers les réseaux de chaîne de blocs. Ces systèmes ERP ou de bases de données contenant des données d'entreprise sont appelés « oracles ». Le flux de données entre les oracles et les registres de la chaîne de blocs est automatisé par des contrats intelligents, c’est-à-dire un logiciel d'automatisation qui s'exécute sur le registre distribué. Pour créer son propre grand registre de chaîne de blocs, HSBC a dû procéder à d’importants « travaux de restructuration », car, comme l’a rappelé Mme Litan, la technologie et ses composants middleware qui se connectent aux systèmes existants sont encore « relativement immatures ».