« 20 ans, c’est un bel âge pour une société : cela correspond à celui du passage à l’âge adulte », a retracé Weiliang Shi, le président de Huawei France à l’occasion d’un point presse organisé dans son Open Lab à Paris pour marquer la présence du fournisseur chinois en France. Fondé en 1987 en Chine, Huawei s’est tout d’abord concentré sur la Chine, puis l’Afrique et enfin l’Europe avec l’ouverture d’une filiale française en 2003 pour la commercialisation progressive d’équipements télécoms, de matériels pour datacenters (serveur, stockage et réseau), de terminaux mobiles, de cybersécurité et enfin de services cloud (Flexible Engine avec Orange). Si ce point presse a été l’occasion de revenir sur les succès du constructeur chinois – démarrage de la 3G avec Neuf Télécom, lancement de la 4G en France en 2012/13, déploiement de fibre optique, ouverture de centres de R&D et de design produit, et diversification progressive dans les équipements électriques, notamment les onduleurs pour les fermes solaires comme à Labarde en Gironde (140 000 panneaux photovoltaïques sur 60 hectares) – certaines activités stratégiques sont passées à la trappe sous le coup des sanctions américaines et de la méfiance des instances de régulation européennes, françaises notamment avec la loi du 1er août 2019.  

Faute de puces x86, l’entité serveur a, par exemple, été revendue en novembre 2021 à Henan Information Industry Investment. Les restrictions d'approvisionnements de Huawei auprès de fournisseurs de technologies occidentaux (lorsque ceux-ci utilisent des brevets américains) avaient déjà amené l'entreprise à céder sa marque de smartphones Honor à un consortium emmené par Shenzhen Smart City Technology Development Group en 2020. Pour la partie cloud, son partenaire français Orange navigue toujours entre nécessité et mise à distance.  

Une filiale française dynamique sur un marché difficile

Malgré ces vents contraires, la filiale française finement pilotée par Weiliang Shi a réussi à développer ses activités sur le marché BtoB avec une progression de 30% des revenus en 2021 (936 millions d’euros). Minggang Zhang, directeur général adjoint de Huawei France, nous a rappelé - en aparté - que la filiale avait réglé 64 millions à titre de l’impôt sur les sociétés et, ce, sans recourir à l'optimisation fiscale. « Il ne s'agit pas de ne faire que du commerce en France, mais également de créer de la valeur ajoutée. Nous avons 300 fournisseurs dans le pays, et nous pratiquons la préférence française chaque fois que cela est possible », complète le président de Huawei France. Les activités se développent dans les télécoms, les réseaux et le matériel électriques avec des clients comme Carrefour, la SNCF et même le secteur public, alors que la première pierre de l’usine européenne du chinois (l’European Wireless Factory) de Brumath, près de Strasbourg, sera posée avant la fin de l’année. Un investissement d’un milliard d’euros porté par Huawei Groupe pour produire des équipements réseau et télécom, pour la 5G notamment.  

Résolument tourné vers l’avenir, Huawei n’a pas ménagé ses efforts pour traverser une période difficile marquée par la pandémie et l’impact des sanctions technologiques américaines. Il témoigne, il est vrai d’une maitrise technologique tangible notamment dans le domaine du stockage, des réseaux, du LiFi, et de l’IoT. Du côté de l’emploi, la filiale revendique 1 208 employés en région parisienne et en Rhône-Alpes, et un impact indirect plus important sur le marché français si on compte ses partenaires. Très positif, Weiliang Shi conclut que « pour l’avenir, le focus de Huawei ne sera pas juste positionné sur les télécoms, mais également sur les prochains marchés massifs […] comme les composants pour les voitures électriques et autonomes (chargeurs, batteries, radio)».