Les temps sont durs pour IBM. Après avoir enchaîné des trimestres de recul de son chiffre d'affaires, le groupe a choisi - comme HP - le chemin de la scission d'activité pour tenter de reverdir son bilan. Début octobre 2020, le géant américain a ainsi annoncé une spin-off de son entité Managed Infrastructure Services jusqu'alors rattachée à sa division Global Technology Services, afin de recentrer sa stratégie sur le cloud hybride. Cette décision est malheureusement adossée à une autre qui frappe l'effectif de big blue en plein coeur. Fin octobre 2020, de source syndicale allemande, on apprenait en effet un projet massif de réduction de masse salariale avec, au niveau mondial, jusqu'à 40 000 postes touchés dont 10 000 en Europe. La France s'avère frappée de plein fouet.

« Nous avons appris vendredi lors du dernier comité les chiffres d'un PSE qui devrait se faire début décembre », nous a indiqué un porte-parole de la CFDT, l'une des 5 représentations syndicales d'IBM aux côtés de la CFE-CGC, l'UNSA, la CFTC et la CGT. « On nous avait dit que tout IBM serait touché et c'est vérifié. Toutes les entités sont ciblées et font l'objet de suppression de postes à grande échelle ». Le plan social qui s'annonce chez IBM France s'avère particulièrement dur.

Jusqu'à 34% de postes menacés sur Systems et GTS

Sur 5 200 personnes composant l'ensemble de l'effectif France du fournisseur, ce sont en effet entre 1 200 et 1 400 postes qui sont menacés. Certaines entités devraient cependant être plus touchées que d'autres en proportion : jusqu'à 34% pour les entités Systems et GTS et même 38% pour GMNB. Les fonctions support ne sont pas épargnées avec jusqu'à 27% d'employés touchés ou encore 22% pour GBS et 14% pour Cloud&Cognitive. « C'est le plus gros plan qu'IBM France ait jamais vécu. On va essayer d'avoir un maximum de départs à la retraite sur la base du volontariat, ce qui doit être réalisable compte tenu de la pyramide des âges et négocier pour limiter le nombre de départs contraints », nous a précisé la CFDT.

Le recentrage d'IBM vers le cloud est attendu au tournant. D'après une dernière étude de Synergy Research, big blue s'est fait damer le pion par le challenger Alibaba Cloud. Il est désormais relégué dans la catégorie des « gros acteurs de niche » aux côtés de Salesforce, Oracle et NTT, loin derrière AWS, Microsoft Azure et Google Cloud. Dépassé sur le terrain du cloud et peinant à reprendre les devants en termes d'innovation face à une concurrence de plus en plus agressive, IBM a bien tenté de marquer des points - avec un certain succès - sur le terrain de l'IA et du ML avec son offre Watson dont le ticket d'entrée élevé constitue sans doute un frein à une adoption à plus grande échelle. Pour son dernier trimestre d'activité (juillet-septembre 2020), le groupe a vu son chiffre d'affaires reculer de 2,6% à 17,54 milliards de dollars, avec toutefois une consolation puisque le résultat net est ressorti à 1,7 milliard de dollars contre 1,67 un an plus tôt.

Pas d'explication claire de la part d'IBM France

Contacté pour une réaction et des précisions concernant ce plan social et le contexte de sa mise en place, IBM France nous a simplement précisé : « Nos décisions en matière de personnel sont prises afin de fournir le meilleur accompagnement à nos clients dans l'adoption d'une plateforme de cloud hybride ouverte et de capacités d'IA et nous investissons dans ces domaines. Nous continuons également à faire des investissements importants dans la formation et le développement des compétences des IBMers afin de répondre au mieux aux besoins de nos clients ».