Petit à petit, le voile se lève sur ce qu’il s’est passé la nuit du 10 mars 2021 au sein du datacenter d’OVH à Strasbourg. Un incendie a ravagé une partie du site impactant plusieurs millions de sites web. Après l’émoi provoqué, la question des causes et des responsabilités s’est posée. Un premier éclairage a eu lieu avec un rapport (un partage d’expérience pour être exact) des pompiers en mars dernier qui a montré des déficiences des dispositions anti-incendie. Aujourd’hui, un autre rapport celui du BEA-RI confirme ces faiblesses et donne des éléments sur la possible cause du démarrage du feu.

En effet, cette instance créée en décembre 2020 dans le cadre du Plan post-Lubrizol, fait plusieurs constatations sur la partie énergétique (batteries et onduleurs) du datacenter touché. « L’analyse des paramètres d’ambiance rapportés en figure 8 (température et hygrométrie mesurées sur des capteurs situés sur la face arrière des onduleurs) conduit à constater une mesure hygrométrique singulière vers 23h15 et une nouvelle augmentation de celle-ci un peu après 0h30 ». Si le BEA-RI ne donne pas de conclusions (laissant cela à l’expertise judiciaire), il lance des hypothèses, « présence de liquide ou d’humidité liée à la présence du système de refroidissement situé à proximité, dysfonctionnement lié à l’opération de maintenance réalisée le matin même, exploitation de l’onduleur en dehors des plages normales de fonctionnement, … ».

Le BEA-RI constate des mesures singulières d'humidité et de température. (Crédit Photo : OVH)

Des faiblesses dans la protection anti-incendie et de conseils

L’organisme est par contre plus affirmatif concernant les éléments qui ont facilité la propagation de l’incendie. Tout d’abord la conception du bâtiment (SBG2) notamment avec un système de refroidissement par l’air extérieur a alimenté le feu. Par ailleurs, si les locaux étaient équipés d’une détection d’incendie, ils étaient exempts de système d’extinction automatique. Les moyens d’eau n’ont pas été suffisants avec une seule borne à incendie disponible et aucun moyen de pompage d’eau dans le canal du Rhin. Des points sont cependant positifs comme par exemple la présence de personnel d’astreinte et leurs actions face au sinistre, l’existence d’un mur coupe-feu entre le SBG3 et SBG2,…

Fort de ce constat, le BEA-RI donne des recommandations sur l’amélioration des règles anti-incendie. On notera que l’organisme s’appuie sur le livre blanc sur la sécurité incendie des datacenters réalisé par France Datacenter, mais se distingue sur la manière d’éteindre le feu. Dans le cas d’OVH, il estime que quand « l’incendie est provoqué par l’emballement thermique d’une batterie au lithium, l’aspersion d’eau en quantité présente l’intérêt d’assurer à la fois l’extinction et le refroidissement des batteries ». Il écarte donc les recommandations de France Datacenter qui mise sur les technologies inertage gaz, brouillard d’eau ou sprinklage.