Pour son deuxième millésime, la conférence Green IT de l'EPITA s'est focalisée sur les logiciels orientés vers le développement durable. Plusieurs tables rondes ont eu lieues sur des thèmes variés. La première a concerné les programmes capables de recenser les émissions carbone. Simple sur le papier, mais la pratique n'est pas forcément une sinécure. Quel outil choisir, doit-on passer par des prestataires extérieurs ? Quels sont les critères à prendre en compte, comment collecter l'information ? Des questions que se sont posées par exemple la communauté d'agglomération de Val et Forêt qui regroupe les villes d'Eaubonne, Ermont, Montlignon, Plessis-Bouchard et Saint-Prix. Cette dernière souhaitait disposer d'un outil pour connaître son empreinte carbone. Le syndicat intercommunal a fait confiance à la solution Verteego, mais comme le précise Laura François, chargé de mission auprès de la Communauté d'agglomération de Val et Forêt « nous avons acquis une compétence et non une solution ». Les agents ont donc été formés, mais piloteront eux-mêmes le projet. Une responsabilité qui demande un effort de communication et d'informations auprès des différents services pour saisir les données sur la plate-forme en ligne. Il reste maintenant à passer à l'étape suivant, définir un plan d'action pour diminuer ce bilan carbone.

Une valeur ajoutée pour les achats responsables

La deuxième table ronde a réuni des acteurs des logiciels d'achat et un client en la personne d'Olivier Veilhan de Bouygues Telecom qui a piloté la mise en place d'un programme pour l'évaluation des fournisseurs. L'opérateur travaille avec 5000 prestataires pour un volume d'affaires de 2 milliards d'euros par an. Il a fait confiance à Ecovadis, jeune société née en 2007, qui propose un programme Achats Responsables, qui référence plusieurs indicateurs allant du travail des enfants (qui reste l'élément discriminant absolu en matière de relation avec les fournisseurs) à l'efficacité énergétique. Comment cela marche ? Une plate-forme collaborative est mise en place où les fournisseurs répondent à des formulaires sur les différents indicateurs. Interrogé sur la fiabilité d'un tel procédé, Jean Christophe Binetti, gérant de l'activité France de Convis explique qu'il est nécessaire d'envoyer des experts contrôler in situ la véracité des informations. Alain Veilhan rappelle que « les prestataires ont tout intérêt à jouer le jeu pour deux raisons, cela les fait progresser et nous avons étendu ce système à l'ensemble du groupe Bouygues et autres opérateurs via notre fédération ». Ces logiciels permettent aussi pour les fournisseurs de connaître leur position par rapports à leurs concurrents et de l'améliorer en passant à des certifications de type ISO 14 000 ou la dernière en date ISO 26 000 qui prend en compte des éléments environnementaux, éthiques et sociaux.

Un pilotage RSE en devenir

La troisième et dernière table ronde prenait un peu de hauteur pour se concentrer sur les logiciels pour suivre et piloter la stratégie de développement durable de l'entreprise. Isabelle Carcassonne, Business Analytics - sustainable Performance chez IBM définit d'emblée le champs du sujet « il ne s'agit pas de faire du reporting de tels ou tels indicateurs, mais bien d'un projet RSE (responsabilité sociale d'entreprise) qui comprend des éléments de gouvernance, d'éthique, du social (le travail des enfants, mais aussi de la qualité de la formation des salariés, l'effectivité de l'égalité Hommes Femmes dans l'entreprise) et économique ». Hélène Joubert, responsable développement durable chez SAP confirme « la multiplicité des contraintes réglementaires entraîne la mise en place d'un véritable projet RSE et les ERP sont une solution pour piloter cette transformation ». Thomas Couturier d'IHS, société d'analyse et éditeur de solutions logicielles pour les problématiques QEHS (Qualité, Environnement, Hygiène et Sécurité) et développement durable, modère les propos des deux intervenantes en précisant que « les entreprises tentent d'abord de se mettre aux normes sur des problématiques comme l'hygiène et la sécurité pour ensuite ajouter la brique développement durable ». L'ensemble des intervenants s'accordent néanmoins à dire que cela prendra du temps et que les avancées se feront en fonction de la maturité des décideurs.