Malgré les investissements massifs réalisés dans les technologies big data et IA par les grandes entreprises, malgré les applications qui semblent apporter de la valeur et les fonctions créées pour capitaliser sur les données, les difficultés persistent pour prendre des décisions basées sur les données. D'une année sur l'autre, « une chose ne change jamais : les organisations ne sont pas ‘data-driven’ et ne créent pas de cultures axées sur les données », constatent les auteurs de la 8ème enquête annuelle de NewVantage Partners (NVP) sur la transformation des entreprises par les données, menée dans plus de 70 grandes entreprises, principalement américaines, auprès de cadres exécutifs constitués de CDO, CIO, CEO et CMO (*). L’an dernier, en avant-propos de leur précédente étude, Thomas Davenport et Randy Bean, co-fondateurs du cabinet de conseil et d’études NewVantage Partners, relevaient que la majorité des dépenses engagées sur les big data et l’intelligence artificielle portaient sur la technologie mais qu’ils voyaient peu d’initiatives consacrées à changer les attitudes et les comportements humains autour des données.

« A moins que le focus ne se déplace vers ce type d’activités, nous devrions voir à l’avenir les mêmes problèmes que nous observons année après année dans cette enquête », prévoyaient-ils en ajoutant que, de fait, leur prédiction se vérifiait. L’enquête 2020 montre que les efforts se font sur la technologie plutôt que sur un engagement des dirigeants et des équipes à s’appuyer davantage sur les données pour prendre des décisions, à développer plus de processus métiers qui en tiennent compte ou à embarquer plus largement les données et les analyses dans les produits et services. 

70% tirent des résultats mesurables des big data et de l'iA

Plus de deux tiers des grandes organisations investissent plus de 50 M$ ou plus dans les technologies big data et IA et nombre d’entre elles dépensent un demi million de dollars ou plus. Et plus de 70% des entreprises sondées disent obtenir des résultats mesurables à partir des big data et de l’IA, contre 62,2% l’an dernier. « Clairement, les firmes ont établi des cas d’usages métiers qui démontrent de la valeur », pointent les analystes. Mais plus de 73% des répondants à l’enquête continuent à dire que l’adoption des big data et de l’IA constitue un challenge. C’est toutefois moins que l’an dernier (77%). Et plus de 90% indiquent que les difficultés ne viennent pas de la technologie, mais des personnes, des processus et de la culture. Eu égard à ces freins, seuls 15% ont déployé l’IA largement en production, montre l’enquête.

Les co-fondateurs de NewVantage Partners estiment que la situation ne pourra évoluer qu’avec des efforts concertés pour former les managers sur la puissance des big data et de l’IA, en procurant des expériences d’utilisation propres à faciliter l’adoption de la technologie. Il faut aussi, ajoutent-ils, repenser les postes pour les adapter aux outils exploitant ces technologies et renforcer les compétences de chacun pour travailler avec les fonctions analytiques et l’IA. Or, il apparaît qu’une majorité de personnes estime que la maîtrise de l’exploitation des données est plus difficile à acquérir que d’autres compétences. NewVantage Partners cite ici une étude de Splunk qui indique que 73% des personnes qu’ils ont interrogées ont ce sentiment et que 53% s’estiment trop âgées pour acquérir ces compétences. « Cela traduit soit la nécessité d’un effort concerté pour changer d’avis, soit la nécessité d’un changement de génération », concluent les co-fondateurs de NewVantage Partners.