Contrairement aux garçons, très peu de jeunes filles envisagent spontanément de s’orienter vers le numérique. Quelles sont les raisons de manque d’attrait pour un secteur qui recrute à tour de bras ? Comment faire pour que la technologie devienne un écosystème mixte et ouvert ? Pour répondre à ces questions, l’enquête Gender Scan 2021 a décidé de consacrer un focus sur la perception qu’ont les adolescentes des métiers de l’IT. Réalisée en collaboration avec le ministère de l’Education nationale et 200 associations à l’international (117 pays), cette étude a été conduite pour la première fois en France auprès d’adolescentes en classes de 6eme jusqu’à la Terminale et d’étudiantes (enseignement supérieur). Objectif ? Mesurer l’intérêt des jeunes filles pour le numérique et le niveau de satisfaction des étudiantes de la filière. Les résultats confirment qu’il existe des étapes à franchir pour renforcer la mixité dans les technologies.

Pour preuve, en 2021, moins de 7% des adolescentes envisagent spontanément de s’orienter vers le numérique, contre une forte proportion de garçons (29%). Les raisons ? Un manque d’assurance qui freine clairement l’intérêt des filles pour les formations et les métiers IT. Ainsi, la peur de ne pas se sentir capable de faire ces études (28% de filles contre 22% de garçons) et la perception technique de ces métiers est plus prononcée chez les filles (38%) que chez leurs homologues masculins (27%). A la question « Est-ce que tu as envie de t’orienter vers le numérique plus tard ? », les réponses sont explicites. Sont cités par des collégiennes, lycéennes et étudiantes des facteurs comme des faiblesses en maths ou des métiers jugés intéressants mais trop compliqués. De même, la filière dispose d’une fausse image auprès des filles qui indiquent ne pas vouloir « passer une vie derrière les écrans ». Pour d’autres, le secteur ne leur correspond pas et manquerait de « contacts humains ».

4 fois plus de garçons déclarent avoir envie de s'orienter vers le numérique que de filles. Source Gender Scan 2021/Crédit image: Gender Scan 2021)

Sensibiliser à l'IT pour susciter des vocations

Pour les 7% de filles qui souhaitent s’orienter vers le numérique et les 29% de garçons que cela intéresse les motivations sont similaires (avec le fait de pouvoir créer, innover, transformer les choses, ou avoir un impact utile sur la société). La principale différence porte sur un intérêt nettement plus élevé des garçons pour ces matières (83% versus 60%) et un gout plus prononcé pour la technique, le codage, le développement de logiciels (78% contre 38%). De même, la proportion d'adolescents qui évoque la rémunération comme facteur attractif est motivant pour 51% des garçons et ne séduit que 38% des filles. Pour inverser cette tendance, le rapport préconise de déployer des formations scolaires et extra-scolaires axées sur les différentes carrières que propose le secteur. En effet, l’attrait pour ces filières augmente fortement dès lors que les jeunes participent à des parcours de sensibilisation. Les répondants - filles et garçons- ayant suivi ces parcours ont d’ailleurs identifié cinq métiers attrayants. Il s’agit de game designer, graphiste web, chef de projet, policières du Net et experte en robotique. 

Le top 5 des métiers du numérique est le même pour les filles et les garçons. Source: Gender Scan 2021/Crédit image: Gender Scan 2021)

19% d'étudiantes dans le numérique en 2019

Autre note positive : bien que 43% des étudiantes du numérique aient été découragées par leur entourage de faire ce choix d’orientation, elles sont plus nombreuses (65%) à à être très satisfaites de leur choix que les étudiants (56%°). Reste que les obstacles à surmonter sont plus importants pour les filles : 62% de celles qui sont en formation se déclarent stressées (contre 50% pour les hommes), et 38% se disent confrontées à des comportements sexistes au cours de leurs études. Malgré ces points noirs le nombre de femmes diplômées dans le numérique est en croissance depuis 2013, en France et en Europe, conclut le rapport. Dans l'Hexagone, la proportion de femmes étudiantes dans les formations numériques repart à la hausse, même si elles ne représentent encore que 19% des effectifs en 2019 (vs 17% en 2017).