Récemment, lors d’une discussion avec Rob Enderle, contributeur de Computerworld, Israel Sumano, directeur senior des services d'infrastructure de Southland Industries, a déclaré qu’environ 450 ingénieurs de l’entreprise utilisaient la solution de bureau cloud de la plateforme SaaS Workspot sur Microsoft Azure. La plupart de ces ingénieurs utilisent de vieux ordinateurs desktop, mais Israel Sumano héberge son bureau sur un Samsung Galaxy S20 Ultra.

Généralement, les utilisateurs de stations de travail exigent - et obtiennent - le matériel dont ils ont besoin, et les stations de travail coûtent bien plus chères que des PC. Si bien que l'idée même de faire travailler le personnel d'ingénierie d'une entreprise sur une solution de client léger semble vouée à l’échec. Mais le projet du directeur senior est d’équiper ces ingénieurs du Surface Duo de Microsoft, le premier smartphone (à part les BlackBerry) à offrir, depuis longtemps, une approche vraiment professionnelle. Comme le souligne le contributeur, un tel projet montre le chemin parcouru par ces solutions. « C'est le troisième client que je connais à avoir examiné toutes les options desktop et à conclure que Workspot est la meilleure plateforme », a déclaré Rob Enderle. « Ce n'est pas une analyse définitive, loin s'en faut, mais elle suggère que la solution de ce fournisseur est différente et convaincante », précise-t-il encore.

Reconsidérer les clients légers

Le concept du bureau virtuel adopté par Workspot, Citrix et d'autres acteurs du marché a été créé par Sun et Oracle pour contrer Windows. L'idée était de revenir à un facteur de forme de type terminal pour réduire les coûts de maintenance à quelques grands serveurs et rendre celle-ci moins pénible que la maintenance de milliers de postes de travail. Mais leur idée montre à quel point Sun et Oracle comprenaient mal la notion de desktop. Le desktop existait non pas parce que l’IT manquait d’alternative pendant l’époque des mainframes, mais parce que les mainframes n’offraient pas à l'utilisateur la flexibilité suffisante pour faire le travail. D’autant que ces solutions étaient généralement orientées vers le traitement par lots, ce qui obligeait à faire le travail de manière séquentielle.

Les serveurs Unix pouvaient être multitâches, mais ils n'étaient pas conçus pour fournir le multitâche nécessaire pour desservir un grand nombre d'utilisateurs. De plus, les réseaux étaient lents, les temps de latence élevés, et les solutions ne fonctionnaient pas sous Windows ou Mac OS, les deux systèmes d'exploitation desktop dominants à l'époque. Mais ils faisaient des choses utiles, par exemple réduire le bruit des ventilateurs et maintenir l'état de la machine pour que l’on puisse se connecter depuis n'importe quel ordinateur et reprendre son travail là où on l’avait laissé. Et même si les clients avaient plutôt la taille de grosses machines et qu’ils n'étaient jamais en panne, ces avantages ne suffisaient pas à faire oublier qu’en termes d’expérience, ils étaient horribles à utiliser. Au final, les clients légers ont historiquement toujours été réservés à la saisie des données ou pour les centres d'appels, deux activités nécessitant peu de performances et où la latence ne pose pas de problème.

Les besoins des ingénieurs de Southland Industries se situent exactement aux antipodes de ceux des employés des centres d'appels. Ils exigent des performances élevées et n'ont aucune tolérance pour la latence. Mais les matériels qui répondent à ces exigences sont coûteux à entretenir, car ils doivent toujours offrir les meilleures performances, si bien qu’il faut souvent les remplacer tous les ans par d’autres matériels encore plus coûteux. Et c'est là que le bureau Workspot dans le cloud prend soudain tout son sens.

Le client Microsoft Surface Duo

Rob Enderle - dont Microsoft est le client - utilise lui-même un Surface Duo, d’où son intérêt pour la solution de Southland Industries et son projet d’équiper ses ingénieurs avec ces mobiles. « Au fil des ans, les smartphones sont devenus de plus en plus performants, et ils sont aujourd’hui plus puissants que les premiers clients légers desktop sorties dans les années 1990 », a déclaré le contributeur. On peut maintenant brancher des écrans, des claviers et des souris sur son téléphone, en le dotant des mêmes interfaces qu’un PC. Les performances graphiques et la puissance du processeur ont augmenté à un point tel que les PC équipés de composants de smartphones (que l’on appelle les PC Always Connected ou toujours connectés) fonctionnent étonnamment bien.

Southland Industries utilisait déjà des tablettes Note 10+ de Samsung ou des smartphones pour certains utilisateurs de solution desktop dans le cloud, comme Israel Sumano (compte tenu de sa position, ce dernier aurait pu choisir tout ce qu'il voulait, mais il a opté pour un Samsung S20). Pourquoi, dans ce cas, ne pas équiper tout le monde d’un smartphone comme le Surface Duo, conçu pour les entreprises. Le mobile n’étant pas encore disponible, Southland Industries n'a pas encore déployé sa solution. Mais, en supposant que le Surface Duo fonctionne aussi bien que le téléphone et la tablette de Samsung, il pourrait apporter une solution idéale de poste de travail dans le cloud. Du fait de son double affichage, il est très pratique en utilisation nomade, et parce qu’on peut le connecter à des écrans, un clavier et une souris, on peut aussi l’utiliser comme poste de travail dans un bureau. Etant donné que les ingénieurs peuvent toujours spécifier les performances dont ils ont besoin dans le cloud Azure quand ils en ont besoin, ils disposeront au final un appareil proche d’une machine desktop, avec les performances d’une véritable station de travail.

En conclusion

En supposant que cela fonctionne, un mobile Microsoft Surface Duo lié à un back-end Azure exécutant une solution de bureau dans le cloud comme Workspot pourrait réaliser la parfaite combinaison entre le mainframe et le PC ou la station de travail, et allier la simplicité de l’un avec les performances de l’autre. Ce client mobile basé sur un service cloud complet hébergeant le bureau virtuel, serait sécurisé, toujours en état de maintenance et offrirait toutes les performances dont l’utilisateur a besoin. Ce qui n’empêcherait pas, par ailleurs, d’utiliser le smartphone comme un téléphone et pour des tâches peu performantes comme le courrier électronique, les médias sociaux et les communications numériques de courte durée (SMS, messagerie, etc.). Microsoft poursuit ses efforts pour intégrer le smartphone au PC (YourPhone), (Continuum), si bien qu'à un moment donné, on peut supposer que le passage d'une expérience à l'autre se fera de manière transparente. Après quoi, on peut penser que les choses deviendront intéressantes. A ce moment-là, un smartphone comme porte d'entrée vers un niveau de performance à la demande pourrait créer la différence. Il pourrait offrir à la fois la sécurité et la fiabilité du mainframe et la flexibilité et la personnalisation du PC dont on a toujours rêvé. Une affaire à suivre…