Invité d'honneur de l'édition 2009 de l'Open World Forum, Jacques Attali, présenté comme un "prospectiviste", a discouru quelques minutes au matin de la première journée pour égrener quelques-uns de ses thèmes de prédilection. Il est ainsi revenu sur les propositions que la Commission de libération de la croissance française, qu'il présidait, avait formulées en matière de nouvelles technologies. Notamment, il a regretté que l'Etat n'ait pas entrepris sa réforme et cherché à numériser ses échanges - "hormis pour le paiement des impôts...", a-t-il ajouté. Jacques Attali a également coiffé sa casquette de patron de Planet Finance, ONG de microcrédit, pour expliquer - comme Michel Rocard l'avait fait il y a quelques jours - que le Grand Emprunt ne pourra être grand, et qu'il devra être consacré à des projets susceptibles de créer les conditions de son remboursement. Pour Jacques Attali, qui préconisait de réserver 20% des commandes publiques aux logiciels Open Source, ces derniers devraient bénéficier de l'emprunt. L'ancien conseiller de François Mitterrand a terminé son allocution par une petite pique, qui lui a sans doute aliéné une grande partie de l'auditoire : "Je suis toujours très méfiant quand je vois employé le mot libre, [...] un logiciel libre, cela correspond à une mystification. On peut dire logiciel ouvert, gratuit, libre de droit... Soyez gentils de ne pas utiliser à tort et à travers le mot, ce sont les gens qui sont libres, pas les choses." De façon plus constructive, Jacques Attali a aussi mis le doigt sur la nécessité d'améliorer la gouvernance et la transparence des projets et des entreprises autour du Libre. "Des gens gagnent leur vie avec, et c'est tout à fait normal, respectable". Mais, a-t-il souligné, il faut que cela ne soit pas bâti ou perçu comme une exploitation indue du travail fourni de façon bénévole par des milliers de contributeurs, car cela pervertirait le modèle. Ou plutôt, pour résumer en reprenant la grandiloquence de Jacques Attali, cela irait à l'encontre des fondements de la démocratie.