En direct de San José. Le marché du SD-WAN (Software Defined networking in a Wide Area Network ) est en pleine effervescence, avec tous les acteurs habituels du réseau (Cisco, VMwareCitrix, etc.) qui s'y intéressent. Les technologies et services SD-WAN permettent de combiner plusieurs liaisons WAN physiques en un seul réseau logique et de disposer de capacités de priorisation du trafic pour accélérer les performances des applications. Grâce à l'abstraction réseau, le SD-WAN allège la facture économique de la connectivité des succursales car il permet aux entreprises d'exploiter des réseaux peu coûteux, l'Internet en particulier, pour répondre à leurs besoins croissants en bande passante. Le SD-WAN est relativement facile à déployer et à gérer et permet d'ajouter de nouveaux services - priorisation des applications, sécurité, gestion - au-dessus des réseaux physiques existants.

Il s'agit d'un marché qui a été construit, défini et affiné par des start-ups. Quelques pionniers ont déjà été sortis, rachetés par les géants du secteur qui cherchent à moderniser leur portefeuille réseau : Cisco a acquis Viptela pour 610 millions de dollars, VMware a acheté VeloCloud pour environ 449 millions de dollars, NTT a acheté Virtela pour 525 millions de dollars et Riverbed, qui était un leader dans le domaine de l'optimisation du WAN, a acquis Ocedo (pour un montant non divulgué) pour faciliter sa transition vers un avenir défini par logiciel.

40% de croissance d'ici 2022

IDC s'attend à ce que le marché SD-WAN atteint 45 milliards de dollars en 2022 avec une croissance de 40% par an et selon la société d'études IHS Markit, les leaders actuels du marché SD-WAN sont VMware (VeloCloud)Aryaka (fondée en 2009, toujours privé)Silver Peak (fondé en 2004, toujours privé) et Cisco (Viptela). Mais on compte toujours des start-ups intéressantes sur ce créneau comme eQual, Cato Networks, BigLeaf Networks, SimpleWAN ou encore CloudGenix que nous avons justement rencontré la semaine dernière à San José.

Créé en 2013 par Kumar Ramachandran, un ancien de Cisco en charge des activités de routage et d'optimisation WAN, CloudGenix propose un contrôleur réseau maison (sur un serveur Intel ou une VM) et une App Store qui permettent aux entreprises de définir le comportement de leur WAN pour chacune de leurs applications. Toutes ces dernières sont considérées comme indépendantes et leur priorité peut donc être hiérarchisée. Elles peuvent toutefois être classées en catégories avec différents paramètres de sécurité et de bande passante. App Store est donc une plate-forme compatible avec les applications, qui comprend à la fois les facteurs réseau et applicatifs qui contribuent à améliorer l'expérience globale des utilisateurs. Cela permet à CloudGenix d'acheminer le trafic en fonction des besoins de l'entreprise.

Des connexions chiffrées par défaut

Selon Kumar RamachandranCEO et cofondateur de CloudGenix, ce qui les distingue des autres fournisseurs, c'est que l'« App Store est sensible aux applications et tient compte des indicateurs de fonctionnement et de performance du réseau en plus des indicateurs propres aux applications ». CloudGenix s'appuie également sur une approche API-first, qui permet aux entreprises de simplifier et d'automatiser leurs WAN d'entreprise. Les connexions sont toutes chiffrées, tout comme le transit des données. Chaque connexion a un chiffrement unique qui change toutes les 30 minutes si besoin afin de réduire l’exposition en termes de sécurité. « Les clefs sont automatiquement gérées par CloudGenix, même s’il n’a pas été facile de convaincre [les clients] au début », nous a expliqué le CEO. Les clefs de chiffrement propres aux applications restent toutefois gérées par les clients eux-mêmes.

Parmi les clients de CloudGenix, on peut mentionner Autodesk, Bank of America, Caterpillar, Chase, Columbia Sportswear, Restoration Hardware, Macy's et Home Point Financial. CloudGenix vient d'annoncer un tour de table de série C d'un montant de 65 millions de dollars (pour un total de 120 M$) avec le concours de Bain Capital, Blackstone, ClearSky, CRV, Intel et Mayfield. Et dans la liste des conseillers de la start-up, on découvre un nom très connu dans le petit monde de la virtualisation de réseau : Martin Casado, le fondateur de Nicira revendu 1,26 milliard de dollars à VMware.