En direct de San Francisco - Juste après la conférence Docker fin juin, nous avons rencontré le CEO de CoreOS, Alex Polvi, à l’origine - avec Brandon Philips son CTO - de la start-up spécialisée dans la technologie des containers. Installée au fin fond de Mission Street, dans un quartier que certains qualifieront de « pittoresque », la jeune entreprise emploie une quarantaine de personnes sur 3 niveaux.

Critique envers le modèle de sécurité proposé par Docker pour sa plate-forme container, CoreOS a commencé par travailler sur une alternative open source à cette technologie avec sa solution RKT (Rocket) lancée en décembre 2014. « Un peu de concurrence ne fait pas de mal, car elle oblige tout le monde à proposer de meilleurs produits », précise le dirigeant. « Nous sommes partis sur un projet open source avec une base Linux CoreOS pour proposer une architecture distribuée capable de gérer très facilement des applications dans des containers et, ce, même avec des clusters très importants ». Baptisée Tectonic, cette solution de gestion de containers travaille aussi bien avec Rocket que Docker. Difficile de ne pas faire le parallèle avec le projet Kubernetes de Google. Interrogé sur ce point, Alex Polvi n’élude pas la question en indiquant que « les équipes de Google se sont focalisées sur l’évolutivité avec leur gestionnaire de containers Kubernetes. Nous sommes partis de leurs travaux en ajoutant notre technologie avec des outils de gestion plus complets pour les entreprises ».

Tectonic disponible en version bêta privée 

Tectonic inclut une console de gestion pour les charges de travail et les tableaux de bord, un registry intégré pour construire et partager des conteneurs Linux ainsi que des outils pour automatiser le déploiement. « Quand nous avons démarré CoreOS, nous avons voulu créer et fournir l'infrastructure Google à tout le monde et aujourd'hui, cet objectif devient réalité avec Tectonic qui permet aux entreprises de par le monde de faire tourner de façon sécurisée des conteneurs dans un environnement distribué similaire à la façon dont Google fait tourner son infrastructure en interne ». Et avec ETCD, CoreOs propose de coordonner les actions de différentes machines virtuelles au sein d'un cluster. Il permet de maintenir le fonctionnement d'une application distribuée même si l'un des noeuds cesse de fonctionner, indique Alex Polvi. « Il s’agit de résoudre un des problèmes essentiels dans les datacenters, rendre des données indispensables toujours disponibles dans les datacenters avec une architecture distribuée ».

Tectonic est aujourd’hui disponible en version bêta privée auprès d’entreprises intéressées par les nouvelles technologies. Justement interrogé sur le rythme d’adoption des containers dans les entreprises, Alex Polvi se montre confiant et envisage même des VM encapsulées dans des containers sur Google Cloud. « Une VM est juste un process sur un serveur » qu’il est possible de containériser. « L’enthousiasme pour les containers, c’est le peu de delta nécessaire pour leur utilisation. C’est un modèle différent des VM, vous les mettez sur un serveur Dell ou sur un serveur Amazon, mais c’est la même chose au final. Il s’agit avant tout de gérer différemment ses applications et ses serveurs afin de baisser ses coûts de fonctionnement ».

La prochaine révolution dans le cloud et les datacenters 

Si les machines virtuelles ont été conçues pour accompagner la consolidation des serveurs, les containers qui sont nés après le cloud, ambitionnent de faire tourner de façon sécurisée des charges de travail containérisées dans un environnement distribué similaire ceux que les géants du cloud utilisent dans leurs infrastructures internes.

CoreOS n’est pas isolé sur le marché, Google, Red Hat, VMware ainsi qu'Apcera ont annoncé leur soutien à Rocket. Et le dernier tour de table financier, emmené par Google Ventures, a fait entrer une belle brochette d’investisseurs avec l’arrivée de Kleiner Perkins Caufield & Byers, Fuel Capital et Accel Partners. Cela porte aujourd’hui à 20 millions de dollars le montant total des fonds levés par CoreOS. Interrogé sur un rachat prochain de Docker par Red Hat par exemple, Alex Polvi estime qu’ « ils sont très sophistiqués, ils peuvent répliquer tout ce que Docker à construit. Je ne pense pas que ce soit intéressant pour Red Hat. Quelqu’un acquerra Docker ou ce sera simplement une IPO. C’est le business, nous verrons, c’est la partie fun. Si vous n’aimez par le risque ne devenez pas entrepreneur. »