En direct de Dallas. Avec 6300 personnes attendues  clients, partenaires et employés - pour son événement Solidworks à Dallas, du 11 au 13 février, Dassault Systèmes réunit comme tous les ans son écosystème afin de mettre en avant ses solutions et partager ses ambitions. L’éditeur de Catia, fondé en 1981 pour répondre aux besoins de sa maison mère Dassault Aviation, a bien grandi en étendant son empire au manufacturing, au PLM et à la simulation, accompagnant également l’essor des imprimantes 3D dans les entreprises et les start-ups. Comme l’a souligné Gian Paolo BassiCEO de Solidworks (racheté en 1997 par Dassault Systèmes), lors de la première keynote, « nous arrivons dans un monde où les possibilités prennent forme de différentes manières afin de créer des projets pour accompagner la vie ».

Un exposé a priori très américain qui prend tout son sens quand on connaît les clients et leurs projets. La ville de Jaipur, en Inde, utilise les solution 3DExperience pour développer ses programmes urbains avec une modélisation de la ville et de ses sous-sols. Un projet d’autopont peut ainsi être inséré dans son environnement urbain avec une simulation de la nuisance sonore pour mesurer son impact sur les populations. Les informations du trafic routier sont également collectées et analysées comme autant de points indispensables à l’amélioration de la vie des citoyens. Autre exemple, le très célèbre cabinet de design et d’architecture de Zaha Hadid qui explore toutes les possibilités des outils 3DExperience pour proposer des solutions – en terme de matériaux – qui correspondent à la maturité des villes. Parmi les clients mis en avant par Bernard CharlèsCEO de Dassault Systèmes, lors de la keynote du 11 février, le fabricant de chaussures de sport Ecco utilise Solidworks pour créer des semelles adaptées en moins de deux heures grâce à un relevé précis de la voûte plantaire réalisé avec une plateforme bourrée de capteurs et à une analyse dynamique de la course du client.

Rapolas Gražys, fondateur de la  start-up Lava Drops, derrière un musicien utilisant une guitare designée avec Solidworks. (Crédit S.L.)

Une plateforme pour les partenaires

Sur ce Solidworks 2019, Dassault Systèmes fait toujours la part belle aux partenaires qui contribuent à dynamiser son écosystème avec des projets originaux comme la start-up Lava Drops, fondée par Rapolas Gražys, qui utilise Solidworks pour créer et construire des instruments de musique fabriqués à partir de matériaux naturels (différents types de bois dont l’érable ou le merbau et un peu d’aluminium pour les guitares électriques dotées d’un contrôleur midi laser pour s’interfacer si besoin avec un synthétiseur).

Et pour mettre en relation les petites entreprises et start-ups qui n’ont pas toujours les budgets pour rémunérer à plein temps un spécialiste de la modélisation 3D, Dassault Système a mis en place une place de marché pour fédérer les offres de ses partenaires (plus de 200 à ce jour) et un catalogue d'objets 3D mais également une place de marché des talents en engineering. Comme l’a expliqué durant la keynote Florence Hu, responsable de la plateforme et de la marketplace de l’éditeur, « il suffit de spécifier sa requête en quelques clics pour trouver une ressource et finaliser un arrangement [financier] avant de travailler sur la modélisation du produit ». Sur le salon, le thème principal de la zone partners est d’ailleurs passé du virtuel au réel.

Solidworks en mode desktop et - un petit peu - cloud

Confronté à une concurrence dynamique emmenée par Autodesk, PTC, SketchUp et Trimble Connect, le leader du marché continue à innover avec Solidworks, à savoir de meilleures performances, une plus grande attention aux détails et un meilleur accompagnement du design grâce à son écosystème. La dernière version de Solidworks, la version 2019 lancée en novembre 2018, améliore ainsi le « design refinement » avec une application des textures plus rapide aussi bien en intrusion qu’en extrusion avec de nouvelles patterns dans la bibliothèque. Solidworks MBD vient aussi étoffer les informations sur les caractéristiques des métaux utilisés pour un projet avec un recalcul de la résistance si des modifications doivent être apportées à une pièce. La vue 3D s’enrichit avec les caractéristiques détaillées des matériaux utilisés. Et pour séduire les utilisateurs non IT, Solidworks propose un mode eDrawing pour exporter des modèles 3D en HTML. Une fonction pour exporter à moindre coût ses projets, VR notamment, vers le web. 

Mais cette année, le focus n’était pas seulement sur la version desktop de Solidworks, Dassault Systèmes met également l’accent sur une déclinaison cloud mid-market avec 3DExperience Platform, un ensemble d'applications  à la carte pour les PME-PMI qui regroupe 3DExperience.works avec xDesign et xShape mais également Delmia.works (simulation numérique des moyens de production), IQMS (l'ERP maison pour la gestion des produits), Simulia.works (simulation 3D du comportement des produits et de leurs matériaux), Enovia.works (PLM) et un service de collaboration pour mener à bien des projets en groupe. Les modules seront progressivement disponible dans le courant de l'année. Une solution différente de 3DExperience qui se présente sous la forme d'une interface regroupant les principales applications de DS : Catia avec du système engineering et de la collaboration autour d'une maquette pour la rendre vivante afin de valider une expérience globale par exemple. Une étape nécessaire pour décider de sortir ou pas un produit. Et petit détail qui ne trompe pas, l’année prochaine, Bernard Charlès donne rendez-vous à Nashville (du 9 au 12 février) pour un 3DExperience World 2020, encore plus ouvert sur les partenaires.

Attaquer le marché dominant

Avant d’aller sur le marché dominant - celui du SMB - avec une solution comme 3DExperience.works, Bernard Charlès nous a expliqué lors d’un point presse qu’« il n’a pas été nécessaire de recourir à des cabinets d’étude, nous avons simplement écouté les observations et demandes de nos clients ». Comme l’an dernier, quand l’éditeur a décidé de s’attaquer au marché des life sciences, mais sans négliger pour autant celui de l’industrie manufacturière, et notamment celui du design des objets avec le développement de l’impression 3D. « Toutes les industries se restructurent aujourd'hui stimulées par la compétition des makers et innovateurs qui change la manière de jouer », a souligné le CEO de Dassault Systèmes. « Et nous voulons apporter des services innovants à ces acteurs mais également à ceux de taille intermédiaire avec la plateforme 3DExperience.works [..] Les entreprise de taille intermédiaire ne sont pas satisfaites de ce qu'elles ont ».

Comme d’autres, l’éditeur français, qui a considérablement investi dans le cloud avec le lancement puis le rachat d’Outscale, entend accompagner la mutation en cours chez ses clients, petits et grands. « Les petites et moyennes entreprises du monde entier ont besoin de solutions numériques pour se développer, mais elles peinent à trouver celles qui conviennent à leur taille. En introduisant 3DExperience.works, nous leur apportons l'effet plate-forme», a conclu Bernard Charlès. Le code de Catia, Solidworks et 3DExperience.works serait aujourd'hui le même, nous a assuré le dirigeant, afin d'optimiser les efforts dans une R&D commune à toutes les solutions [en fait seule une partie du code serait commun, les noyaux restant par exemple différents]. Si certaines fonctionnalités propres à Catia restent de mise, l'effet plateforme est bien présent. Il n'y aurait pas de développement divergent chez Dassault Systèmes. 

3DExperience.works uniquement sur le cloud

Les abonnements à 3DExperience.works commenceront avec une durée minimale de 3 mois et le prix sera adapté aux budgets des PME-PMI, nous a indiqué Bernard Charlès. Interrogé sur la partie hébergement de cette solution, le CEO nous a répondu qu'elle reposera bien sûr sur Dassault Systèmes Outscale mais également sur AWS en fonction des besoins et des exigences des clients. Outscale possède déjà des pods dans des datacenters américains pour accompagner ses clients et bien sûr sa maison mère. Et un autre cloud provider devrait également rejoindre AWS et ce serait plutôt Azure que GCP.