De passage à Paris pour une tournée européenne, Sven Breuner, CTO International de Vast Data, est revenu sur les dernières annonces de la start-up, spécialisée dans les solutions de stockage désagrégé (architecture DASE pour Disaggregated shared-everything) supportant les modes fichiers et objets. Pour séduire les entreprises exploitant de grandes quantités de données, Vast Data mise toujours sur la simplification du stockage avec des serveurs frontaux (CNodes) équipés de contrôleurs x86 reliés en mode fabric à des switches Ethernet ou Infiniband assurant un pont NVMe-over-Fabrics de bout en bout avec les baies de stockage maison. L’environnement NVMe-over-Fabrics garantit un accès optimum aux données sur le réseau. Les baies évoluent avec l’arrivée d’un modèle plus compact (1U au lieu de 2U) baptisé Ceres embarquant des cartes DPU Nvidia Bluefield-1 BF1600 avec quatre puces ARM – à la place des deux contrôleurs x86 - pour le boot et la gestion de l’OS. Ce sous-système de stockage est fabriqué par un partenaire taïwanais AIC, Vast Data se concentrant sur la partie logiciel en mode souscription. Les tarifs sont à la capacité gérée après déduplication et compression, ce que le fournisseur appelle Data Reduction dans son jargon. 

Avec sa baie de stockage 1U Ceres, Vast Data exploite des DPU Nvidia Bluefield pour piloter les lecteurs flash et SCM. (Crédit : Vast Data)

Au format 1U, la baie Ceres travaille toujours en mode hybride avec, d’un côté, des mémoires persistantes (huit lecteurs de classe Storage Class Memory au format U.2) Intel Optane ou flash très rapides à faible latence fournies par Kioxia (FL6). Une sorte de buffer cache d’une capacité de 12 To maximum conserve les métadonnées et assure le rôle de mémoire tampon. De l’autre côté, Vast Data exploite désormais des SSD flash (QLC) E1.Long (EDSFF pour Enterprise and Datacenter SSD Form Factor) fournis par Solidigm et Intel, appelés à remplacer le format U.2 (2,5 pouces). De plus grande capacité, les E1.L apportent une meilleure gestion thermique dans des boîtiers plus denses. Les Ceres proposent une capacité de stockage brute de 338 ou 675 To avec des SSD E1.L de 15,36 ou 30,72 To (jusqu’à 22 cartes PCI e 4.0 dans un châssis). Les SSD sont gérés par les cartes DPU. Si Vast Data a fait l’impasse sur les  Bluefield-2 pour cause de mémoire limitée, la start-up envisage d’exploiter des BlueField-3, qui doublent les performances par rapport à la première génération avec toujours le support d’Infiniband. Le support de cette dernière interface est particulièrement important en HPC, un segment où Vast Data s’est positionné, notamment avec la certification DGX Superpod de Nvidia. Comme pour Pure ou DDN, Nvidia a travaillé avec Vast Data pour faire de Ceres la brique de stockage de la plateforme GPU dédiée au calcul intensif et donc à l’IA.

 

Les lecteurs NAND flash E1.L (QLC) et Intel Optane (3DxPoint) sont reliés via une fabric NVMe sur Erhernet ou Infiniband. (Crédit Vast Data))

Pour la partie logiciel, la version 4.2 de l’OS de Vast Data assure toujours la conformité avec les protocoles NFS/SMB pour le mode fichiers et le service S3 d’AWS, ainsi que les mises en oeuvre des différents fournisseurs du marché pour l’objet. Le logiciel assure la gestion des clusters Vast Data qui peuvent monter jusqu'à des centaines de pétaoctets. « Le support du mode blocs n’est pas à l’ordre du jour, mais une extension vers les bases de données est en cours de finalisation », nous a précisé le CTO.

Interrogé sur ses principaux concurrents sur le marché, Sven Breuner cite sans détour Isilon Systems (PowerScale désormais chez Dell Technologies) qui se retrouve très souvent en final lors des appels d’offres. Beaucoup de projets concernent des migrations Hadoop HDFS pour gagner en souplesse avec les outils analytiques. L’autre concurrent, mais sur le marché HPC cette fois, est bien souvent DDN, nous a indiqué le directeur technique. Questionné sur l’état financier de la start-up fondée en 2016 et valorisée près de 3,7 milliards de dollars, Sven Breuner a précisé que « le cash-flow était positif pour la seconde année et qu’un montant de 300 millions de dollars avait été signé pour les commandes ». Vast Data emploie une trentaine de personnes en Europe, dont deux en France avec un country manager nouvellement nommé : Vincent Gibert, un ancien de Nutanix et Qumulo France.