Nébuleuse il y a encore quelques années, l'informatique quantique a fini par faire son coming-out. A tour de démonstrations et de simulations, ce qui s'annonce comme un pan de l'Histoire de l'informatique, sort en effet de l'ombre depuis quelques mois avec la montée en puissance de grands acteurs mondiaux (IBM, Intel, Google, Atos, Microsoft...) qui investissent en masse dans des technologies et simulateurs quantiques.

Encore une preuve de l'engouement - et de l'avenir - de l'informatique quantique, la dernière annonce faite par le président de la République Emmanuel Macron d'un plan quantique. Lors d'un déplacement à l'Université Paris-Saclay, le président a indiqué, « nous devons être parmi les premiers pays à maîtriser les technologies quantiques clés ». Il a ainsi annoncé un plan d'investissement sur 5 ans d'1,8 milliard d'euros. Ce dernier se compose d'1,1 milliard émanant directement des fonds publics français, 500 millions d'euros émanant de fonds privés et 200 millions de crédits européens. « Nous devons être parmi les premiers pays à maitriser les technologies quantiques », a expliqué Emmanuel Macron. « Nous devons développer un ordinateur hybride notamment pour la chimie, la logistique, l'IA et ce dès l'horizon 2023. Avec le grand équipement national de calcul intensif et le CEA, la France hébergera le premier ordinateur quantique hybride au monde ».

800 M€ injectés dans les systèmes quantiques

Alors que le niveau actuel des dépenses publiques allouées pour l'informatique quantique atteignait jusqu'à présent 60 millions d'euros par an, ce montant est porté à 220 millions par an en investissement étatique. Une augmentation qui permet à la France de se situer à la troisième place des pays injectant le plus de fonds dans ce domaine, derrière les Etats-Unis et la Chine. Cette enveloppe conséquente d'investissements sera consacrée d'une part aux développements de systèmes quantiques actuels ou à venir pour un montant global de 800 millions d'euros. Le milliard restant sera quant à lui ventilé entre plusieurs technologies connexes aussi bien matérielles que logicielles : capteurs (250 M€), chiffrement (150 M€), réseaux (320 M€)... A noter par ailleurs que ce plan quantique doit notamment permettre de financer « une centaine de bourses de thèse et une cinquantaine de contrats post-doctoraux », selon un conseiller de l’Elysée cité par Le Monde.

« Il nous faudra aller plus loin en développant l'ordinateur quantique universel et passer à l'échelle industrielle », a lancé le président de la République. « La France est considérée comme un des rares pays capables de relever ce défi. Grâce à l'excellence de notre recherche théorique et technologique, notre industrie microélectronique, la France pourrait devenir le premier Etat à disposer d'un prototype complet d'ordinateur quantique généraliste ».