Cette année, les entreprises ont bataillé dur pour maintenir leurs activités commerciales malgré la pandémie. Et en 2021, elles envisagent de dépenser encore plus en outils de collaboration pour soutenir leurs travailleurs distants. Cependant, le début des campagnes de vaccination et le manque de recul sur la forme que pourrait prendre d’éventuels « espaces de travail hybride », devraient inciter ces mêmes entreprises à dépenser avec prudence du fait de l'incertitude qui pèse sur l'environnement économique général. Même si le vaccin permet d'espérer un retour à la normale dans l'année à venir, le travail à distance restera une nécessité pour de nombreuses entreprises. Dans le cadre d'une enquête Pew Research publiée ce mois-ci, plus de la moitié (54 %) des personnes interrogées ont déclaré qu’une fois passée l'épidémie de coronavirus, elles souhaitaient continuer à travailler depuis leur domicile « tout le temps ou la plupart du temps », et un tiers d’entre elles ont déclaré qu’elles souhaitaient y recourir « parfois ». Seuls 11% ont déclaré ne vouloir y recourir que « rarement ou jamais ».

« Le besoin permanent d'outils pour connecter ces équipes à distance va entraîner une augmentation des dépenses de collaboration l’an prochain », a déclaré Irwin Lazar, vice-président et directeur de service chez Nemertes Research. Une enquête sur les intentions de dépenses sur 12 mois, de la mi-2020 à la mi-2021, réalisée par Nemertes Research à partir du mois de juin, a montré qu'un peu plus de la moitié (52 %) des personnes interrogées prévoyaient d'augmenter les budgets consacrés aux applications vidéo, tandis que près de la moitié d’entre elles (45 %) envisageait d’investir davantage dans des applications de collaboration en équipe comme Slack et Microsoft Teams. La suite de l’enquête réalisée par Nemertes ces dernières semaines indique que les intentions d'achat n'ont pas beaucoup évolué entre-temps. L'augmentation des dépenses devrait cependant être relativement modeste, probablement en deçà de 10%. « Dans l'ensemble, en termes d’investissements, les entreprises seront prudentes l'année prochaine », a déclaré M. Lazar. « Elles envisagent d’augmenter progressivement leurs dépenses en matière de collaboration, de l'ordre de 10 % ou moins, afin de mieux soutenir leurs travailleurs à domicile et renforcer leurs outils de vidéoconférence, c'est vraiment dans ces domaines qu’elles réaliseront leurs principaux investissements ».

Une budgétisation rendue difficile par un avenir incertain

Du fait de l’incertitude réelle sur la fin de la pandémie et sur la reprise soutenue de l’économie mondiale, de nombreux départements IT vont sans doute attendre avant de décider la part de budget qu’ils consacreront à leurs investissements de collaboration en 2021. « Les gens me disent souvent qu’ils ont établi trois budgets pour l'année prochaine », a déclaré M. Lazar. « Ils ont préparé un budget de dépenses « réduites à l'essentiel », basé sur le pire des scénarios, comme l’effondrement des marchés financiers ; un budget de dépenses « pour assurer la stabilité » ; et, enfin, un budget optimiste avec reprise économique forte et « expansion massive » des dépenses », a-t-il encore déclaré. Dans un rapport récent (accessible sur abonnement) du cabinet d'analystes IDC, les données indiquent qu’en 2021, environ la moitié des entreprises du monde entier (48 %) prévoient d'augmenter leurs dépenses en logiciels de collaboration. « La nécessité de renforcer la collaboration dans l'entreprise est clairement l’une des leçons apprises en 2020 », a déclaré Wayne Kurtzman, directeur de recherche pour la collaboration chez IDC. « L’année 2021 permettra de l'améliorer, souvent par des intégrations logicielles, en faisant en sorte d’installer les logiciels de collaboration au cœur de la pile informatique et en permettant à tous les travailleurs d'y accéder ».

Le rapport intitulé « Voice of the Enterprise : Workforce Productivity & Collaboration Technology Ecosystems 2020 » du cabinet 451 Research, qui s’est également intéressé aux achats de technologies envisagés par les entreprises au cours du premier semestre 2021, dresse un tableau similaire. Selon ce rapport, les entreprises vont privilégier dans leur budget informatique les dépenses liées à la collaboration, et resserrer leurs investissements dans d'autres domaines. « Malgré le ralentissement économique résultant de la pandémie de Covid-19, les dépenses informatiques consacrées à la productivité des employés, aux communications et aux technologies de collaboration resteront inchangées ou augmenteront au cours des six prochains mois », a déclaré Raul Castanon, analyste principal chez 451 Research/S&P Global Market Intelligence.

 

Évolution des dépenses IT au cours du premier semestre 2021. (Crédit : 451 Research/S&P Global Market Intelligence)

Dans le cadre de l’enquête de 451 Research, près de quatre personnes interrogées sur cinq pensent que leur entreprise va maintenir ou augmenter ses dépenses dans les outils de stockage et de partage de contenu (85 %), la collaboration vidéo (84 %), les équipements de travail à distance et les périphériques (83 %), l'espace de travail numérique (80 %), la messagerie et la collaboration en équipe (79 %) et les communications unifiées (77 %). « Certaines de ces catégories connaîtront des augmentations plus marquées : environ la moitié des répondants s'attendent à ce que leur entreprise augmente ses dépenses en matière de collaboration vidéo (51%), d'équipements de travail à distance et de périphériques (50%), et de messagerie et de collaboration en équipe (46%) », selon 451 Research. Pour remettre cela dans le contexte, une étude de 451 Research réalisée au début de l'année, intitulée « Voice of the Customer : Macroeconomic Outlook, Corporate IT Spending », indiquait que plus d'un tiers (38%) des acheteurs de produits et services matériels et logiciels s'attendaient à une diminution des budgets informatiques globaux au troisième trimestre 2020, et que l’augmentation de leurs dépenses ne dépasserait pas 9%.

La stratégie hybride à distance va stimuler les dépenses

En 2021, beaucoup d’entreprises prévoient de mieux soutenir les employés travaillant à la fois sur site et à distance, par ce que l'on appelle souvent une « stratégie hybride à distance ». Une enquête réalisée au début de l'année par Gartner montrait qu'à plus long terme, 82 % des entreprises permettraient à leurs emplyés de travailler à distance une partie de leur temps. Il est peu probable qu'un retour attendu au bureau freine l'enthousiasme pour les outils de collaboration. « Nos données montrent qu’à l’avenir, l’usage des plates-formes de collaboration et des applications plus intégrées restera important et continuera à progresser, même quand les employés commenceront à retourner sur leur lieu de travail », a déclaré M. Kurtzman. Les entreprises vont probablement prévoir de nouvelles dépenses pour mettre à niveau leur matériel de collaboration quand leurs employés commenceront à retourner au bureau l'année prochaine. M. Lazar pense que les entreprises investiront surtout dans les systèmes de salle vidéo qui servent à connecter le personnel au bureau et à distance. « Á l'avenir, toute réunion comprendra une composante vidéo », a-t-il déclaré, en se basant sur l'hypothèse que de nombreuses entreprises adopteront un modèle hybride, c’est-à-dire que certains employés travailleront sur site, alors que d'autres continueront à travailler à distance.

L'amélioration des conditions de travail à domicile tiendra aussi une place importante dans les dépenses, car les entreprises s'efforceront de moderniser les équipements comme les casques audio et les webcams, souvent achetés à titre temporaire au début de la pandémie. « D'autres investissements dans le travail à distance, comme la mise à niveau des VPN, et l'analyse de la sécurité et des performances, seront probablement prioritaires », a encore déclaré M. Lazar. Et de nombreuses entreprises pourraient augmenter le salaire des travailleurs à domicile pour compenser les coûts liés au maintien de leur bureau à domicile. Autre domaine sur lequel les entreprises vont probablement se concentrer : la recherche de moyens pour réduire les coûts liés aux investissements dans les logiciels de collaboration existants. C'est particulièrement vrai pour les entreprises ayant acquis plusieurs solutions dont les fonctions se chevauchent. « Actuellement, beaucoup d’entreprises veulent savoir si elles peuvent réduire les coûts de support et de licence en faisant appel à un seul fournisseur intégré, et si elles peuvent migrer leurs plates-formes sur site vers le cloud, plus rapidement qu'auparavant », a déclaré M. Lazar. « Toutes ces solutions permettent généralement de réaliser des économies ».