Vrai report ou abandon programmé. La décision de WhatsApp de décaler la mise en œuvre de sa politique de partage des données privées au 15 mai prochain. Pour mémoire, la filiale de Facebook avait annoncé à ses abonnés hors Europe des changements dans les termes de son service et des règles sur la vie privée. Et c’est sur ce dernier point que le bât blesse, car le service de messagerie ouvre les vannes de l'exploitation à des tiers des informations personnelles de ses utilisateurs.

Ainsi, une clause prévoit que lorsque les utilisateurs s'appuient sur « des services tiers ou d'autres produits de la société Facebook intégrés à nos services, ces services tiers peuvent recevoir des informations sur ce que vous ou d'autres partagez avec eux ». Les abonnés informés régulièrement par un pop-up sur l’application avaient donné jusqu’au 8 février pour accepter ces évolutions des termes du contrat avec WhatsApp, faute de quoi ils ne pourraient pas continuer à utiliser le service.

500 millions d’utilisateurs pour Telegram et 50 millions pour Signal

Ce changement de politique a engendré non seulement du mécontentement des abonnés, mais surtout il a déclenché un mouvement de départ vers d’autres plateformes de messagerie. Deux services se sont particulièrement démarqués cette semaine : le russe Telegram et l'américain Signal.

Le premier a annoncé avoir eu plus de 25 millions de téléchargement entre le 9 et le 12 janvier dernier pour dépasser les 500 millions d’utilisateurs. Le second a bénéficié de la promotion d’Elon Musk avec son tweet court mais efficace « Use Signal ». Le service de messagerie sécurisée américain revendiquait 50 millions d’utilisateurs. Un afflux qui a posé quelques soucis de montée en charge pour Signal, mais qui lui a permis de devenir l’application la plus populaire sur l’AppStore et le Playstore.

Report ou temporisation avant abandon ?

Face à cette hémorragie, WhatsApp a essayé dans un premier temps de communiquer pour mieux expliquer sa politique de partage de données. Mais l’opération déminage ne semble pas avoir été suffisante, car hier, WhatsApp a annoncé le report des modifications des termes de son service au 15 mai. Dans un blog, on peut lire, « Nous retardons désormais la date à laquelle les utilisateurs devront relire et accepter les conditions ».

Est-ce que cela suffira à colmater la fuite des abonnés vers Signal ou Telegram ? Est-ce que la maison-mère Facebook décidera d’abandonner ces changements avant la date butoir du 15 mai ? Il faudra attendre la semaine prochaine pour voir si le mouvement migratoire s’arrête ou se poursuit.