Comme le notent nos interlocuteurs, certaines entreprises ont dû redimensionner l’infrastructure de leur datacenter pour absorber leur charge de travail pendant la crise. « Nous concernant, les deux urgences des entreprises étaient d’une part, de rajouter de la capacité pour connecter en VPN plus d’utilisateurs aux applications et d’autre part, un besoin de renforcer les infrastructures serveurs des datacenters notamment pour supporter le VDI et assurer ainsi la continuité de service. Enfin, n’oublions pas également une forte demande des outils de communication en temps réel », souligne Bruno Caille, directeur technique chez Cisco France. Bien avant la crise, de nombreuses entreprises avaient déjà franchi le pas de la modernisation de leurs infrastructures et n’ont pas rencontré de grandes difficultés à monter en puissance. Un avis que partage Bruno Caille en rappelant certains faits : « Il ne faut pas oublier qu’une grande entreprise, qui a investi dans un cloud privé avec toutes les briques, du portail de gestion automatisée au Cisco Workload Optimization Manager pour la performance applicative et qui, plus est, dispose des ressources en interne, n’a pas forcément la velléité de mettre toutes ses applications dans un cloud public. Dans ce contexte, c’est aussi simple d’ajouter des serveurs dans ce cloud privé que dans un cloud public, l’entreprise n’a pas besoin de compétences particulières ». Et d’ajouter : « Même pour nos clients de plus petites tailles qui ont modernisé leur infrastructure en déployant la plateforme hyperconvergée Hyperflex et les outils associés, c’est assez simple d’ajouter de la capacité. » De son côté, Philippe Dosset, Vice President Sales Infrastructure chez Dell Technologie, reconnaît que si les entreprises qui étaient déjà dans un mode cloud ont certainement été avantagées, celles qui sont en multicloud l’ont été encore plus. « L’offre multicloud avec nos solutions VMware nous permet d’apporter de la flexibilité et de l’agilité dans la gestion mixte clouds privés/publics. Certains clients ont même accéléré le retour de leurs datas du cloud public vers le cloud privé. Les raisons de ce retour : le contrôle et l’explosion des coûts qui sont difficiles à gérer sur les cloud publics mais aussi de l’inquiétude autour de la sécurité des environnements cloud ; les cyberattaques ayant fortement augmenté pendant la période du confinement. Dans le même temps, la demande de cloud privé a continué à être très forte et l’IT transformation s’est accélérée, nos offres d’hyperconvergence et gestion multicloud ont connu une très forte croissance. »

Un retour vers le cloud privé ? Michel Mounir Reguiai, directeur des solutions datacom chez Huawei EBG, préfère plutôt parler de renfort vers les clouds privés : « Bien sûr, toutes les entreprises disposent d’applications dans le cloud, notamment celles qui dépendent des relations avec l’extérieur (ndlr : l’usage de Salesforce par exemple). Mais le cloud ne répond pas à tout, les entreprises doivent conserver un noyau en interne qui leur apporte cette capacité à bouger et à réagir sans être dépendantes, c’est dans ce contexte que nous avons conçu nos solutions hybrides cloud (avec l’interface unifiée FusionSphere). » Quant à HPE, avec GreenLake, il donne aussi les moyens aux entreprises de bénéficier de tous les avantages d’un cloud public pour leur cloud privé via un catalogue complet de services et de solutions et en parallèle, GreenLake propose aussi les outils pour gérer les clouds publics.

La flexibilité du cloud public citée en exemple

Il ne s’agit pas, en toile de fond, d’opposer le cloud privé au cloud public mais bien de répondre aux besoins des entreprises en fonction de leur maturité dans leur transformation IT. Stephan Hadinger, Head of Technology chez AWS France, met donc, de son côté, tout logiquement les avantages du cloud et surtout de sa flexibilité : « Pendant la crise, nous avons enregistré deux types de demandes : des entreprises qui devaient faire face à une forte montée en charge et celles, au contraire, qui ont dû faire face à une baisse drastique de leur activité comme les secteurs de la restauration/hôtellerie et du tourisme. Prenons l’exemple de TUI qui a pu diviser sa facture Cloud par deux. A l’opposé, le site d’informations 20 minutes ou encore le jeu de plateau Asmodee.net ont vu leur fréquentation fortement augmenter. » Hébergée chez AWS, la plateforme Asmodee.net repose sur une très grande automatisation des configurations de tous les nœuds du cluster (infrastructure as code) et utilise massivement les technologies comme Kubernetes, Docker, Terraform, Puppet, etc. Quant au site de 20 minutes, d’une prévision à 120 000-130 000 connexions simultanées pour l’épisode des élections municipales le 15 mars au soir deux jours avant le confinement, le site a finalement enregistré 700 000 connexions, soit en termes AWS : 57 instances Amazon EC2 (contre 2 en rythme de croisière).  Très satisfait, Aurélien Capdecomme, le CTO du site 20 Minutes, a d’ailleurs répondu dans le blog d’AWS à Stephan Hadinger que le cloud apportait autant de souplesse quel que soit le contexte et surtout que les services numériques du site étaient toujours opérationnels malgré cette forte sollicitation. D’autres entreprises ont su s’aider à la fois du cloud privé et du cloud public à l’instar du centre d’appels WebHelp pour faire face à leur montée en charge. En effet, en l’espace de 2 semaines, WebHelp a basculé 36 000 collaborateurs en télétravail dans les 35 pays et s’est fortement orienté vers des architectures de type Contact Center As A Service (CCAAS) délivrées à partir de clouds privés et publics (notamment l’offre Amazon Connect pour le cloud public).