En 2019, les R&D des fournisseurs engagés dans l’informatique quantique, IBM, Intel, Google, Atos et Microsoft, ont continué à avancer leurs pions vers la simulation d’ordinateurs capables de résoudre des tâches dont la résolution demanderaient des milliers d’années aux supercalculateurs actuels. Cet automne, Google a même pensé avoir démontré la suprématie quantique - une déclaration aussitôt réajustée par IBM - en ayant fait exécuter en 200 s par son processeur quantique Sycamore 54 Qubits un calcul qui aurait, selon lui, pris 10 000 ans au supercalculateur actuel le plus rapide. Pour IBM, une simulation idéale du test aurait pu être exécutée en 2 jours et demi sur un système classique en tirant autrement parti de ses capacités et ressources. En outre, il souligne que l’expression suprématie quantique, proposée par John Preskill en 2012, doit être utilisée avec précaution car, en dehors de rares experts, elle est mal comprise et induit en erreur. IBM relève toutefois que Google démontre les progrès de l’informatique quantique basée sur la supraconductivité. L’expérimentation de ce dernier, décrite dans Nature, repose sur une puce constituée d’une grille à deux dimensions où chaque qubit est connecté à quatre autres qubits apportant à la puce la connectivité pour que les états en qubit interagissent rapidement dans l’ensemble du processeur.

Intel, pour sa part, renvoie vers l’article qu’il a lui-même publié dans Nature en mai dernier. Richard Uhlig, senior fellow chez Intel, rappelle que l’étude compare un algorithme quantique tolérant au bruit (ANT) avec un algorithme classique sur une série de problèmes Max-Cut de taille croissante. « Après des simulations approfondies, notre recherche suggère qu’il faudra des centaines, si ce n’est des milliers de qubits travaillant ensemble de façon fiable avant que les ordinateurs quantiques soient capable de résoudre des problèmes pratiques plus vite que des supercalculateurs », indique-t-il dans un billet. Il estime que cela prendra des années : « la course à l’informatique quantique commercialement viable est un marathon, pas un sprint », pointe-t-il.

Simulateur à 41 Qubits 

En attendant, les tenants du domaine proposent aux chercheurs, développeurs et étudiants d’explorer l’univers quantiques à partir des simulateurs qu’ils mettent à leur disposition dans le cloud. IBM suggère de tester le champ des applications dans la chimie, la finance, l’optimisation ou l’intelligence artificielle en développant et exécutant des programmes sur sa plateforme cloud IBM Q Experience ou il fournit son framework quantique Qiskit basé sur Jupyter. En mai dernier, le Français Atos a annoncé son programme myQLM, dérivé de son simulateur Atos QLM (Quantum Learning Machine) lancé 2 ans plus tôt et capable de simuler de 30 à 41 Qubits. Cet environnement Python conçu pour développer et simuler des applications quantiques sur un poste de travail est mis à disposition gratuitement. En novembre, Atos s’est associé à Zapata Comupting pour fournir des bibliothèques d’algorithmes quantiques sur des marchés verticaux (chimie, pharmacie, logistique, finance, science des matériaux) à exécuter sur l’appliance Atos QLM.

Au même moment, Microsoft a annoncé son écosystème cloud Azure Quantum qui rassemble un ensemble de services quantiques, d’outils et de tutoriels dont son Quantum Development Kit pour tester du code écrit en Q# sur des simulateurs quantiques. Et AWS vient d’enchérir avec trois initiatives sur ce terrain à l’occasion de re:Invent à Las Vegas : le service managé Braket pour accéder à des plateformes quantiques, l’AWS Center for Quantum Computing et le programme Quantum Solutions Lab.