Pendant les deux dernières années et demie, la plate-forme de gestion de clouds publics et privés OpenStack a convaincu un nombre impressionnant d'entreprises - HP, Dell, Cisco, IBM, Rackspace, eNovance, Cloudwatt et d'autres - à s'engager pour la solution Open Source. Selon les experts, en 2013, le défi pour OpenStack sera de voir si la plate-forme parvient à séduire les clients au même rythme que les vendeurs qui ont choisi de supporter la technologie.

Chaque fournisseur a adopté une approche différente pour s'impliquer dans OpenStack. Certains, comme Rackspace et HP, proposent leur propre cloud public basé sur le code d'OpenStack, et Dell s'est engagé dans une stratégie similaire. D'autres, comme Red Hat, Suse et Canonical, qui développent leurs distributions Linux, travaillent tous à rendre leurs propres distributions compatibles avec le code OpenStack, et en 2013, ils comptent offrir à leurs utilisateurs la possibilité de construire des clouds privés. Ces initiatives devraient permettre d'étendre la base utilisateur d'OpenStack et dépasser ce que l'on observe déjà sur le marché.

Transférer les charges de travail d'un cloud privé à un public

OpenStack promet de livrer une plate-forme cloud Open Source utilisable aussi bien par les utilisateurs finaux que par les fournisseurs de services et capable de concurrencer Amazon Web Services. Les supporters d'OpenStack disent qu'avec une plate-forme cloud commune, ils vont pouvoir faire tourner aussi bien des clouds internes privés pour les utilisateurs, que des clouds publics pour les fournisseurs de services, et offriront ainsi un écosystème qui permettra aux clients de déplacer leurs applications et leurs charges de travail en toute liberté entre clouds publics et privés et entre de multiples fournisseurs. Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas, et certains observateurs, comme Lydia Leong de Gartner conseille aux utilisateurs de modérer leurs attentes. Selon elle, par exemple, l'interopérabilité entre clouds publics et privés OpenStack n'est pas inhérente à la plateforme.

Mais le fait est qu'OpenStack est de plus en plus attractif. Lors du dernier sommet consacré à la plateforme cloud Open Source qui s'est tenu à l'automne 2012, ses responsables ont indiqué que depuis son lancement, le projet était passé de 30 000 lignes de code à plus de 600 000, que plus de 600 développeurs travaillaient sur le projet, et que plus de 400 y avaient contribué cette dernière année.

Une communauté consolidée

Selon James Staten, analyste chez Forrester, « 2013 sera une année importante pour OpenStack ». La communauté des partenaires OpenStack est consolidée, et l'on sait qui en fait partie. Le moment est venu pour ces acteurs de mettre leurs stratégies OpenStack à exécution, et en particulier de trouver des clients prêts à adopter la plateforme. « Beaucoup d'entreprises se sont engagées en faveur d'OpenStack, mais elles ne gagnent pas encore d'argent avec ça », a expliqué l'analyste.

Pour en gagner, elles ont besoin de vendre des produits. Rackspace, avec son cloud alimenté par OpenStack, semble le plus au point. En tant que membre fondateur, Rackspace est resté leader du projet et il est aujourd'hui l'un des premiers à déployer les nouvelles fonctionnalités ajoutées au code OpenStack dans son offre commerciale. Le cloud public d'HP basé sur la plateforme Open Source est disponible pour tous. Quant à Red Hat, Dell, IBM et diverses petites entreprises comme Nebula - elle a été fondée par Chris Kemp, un pionnier d'OpenStack -, elles devraient toutes faire des annonces majeures en 2013 sur les produits OpenStack.

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En plus de cet écosystème de fournisseurs et d'utilisateurs autour d'OpenStack, le code du projet continue aussi à évoluer. Deux fois par an, OpenStack organise un événement entièrement consacré à la conception qui réunit plus d'un millier de développeurs, d'utilisateurs, de vendeurs et d'observateurs pour discuter des dernières tendances d'OpenStack et établir le calendrier de mise à jour bisannuel du projet. La dernière version Folsom s'est enrichie d'un composant réseau virtuel nommé Quantum. Celui-ci a été développé par Nicira, aujourd'hui propriété de VMware. La livraison de Grizzly, septième évolution du code depuis la fondation du projet en 2010, est attendue pour avril 2013, et une autre version est prévue pour fin 2013. Selon de récents rapports, la gestion des identités et des autorisations d'accès, ainsi que le support de plates-formes clouds multiples depuis le portail de gestion d'OpenStack pourraient faire partie des évolutions de Grizzly.

Mais certaines interrogations persistent autour du projet. En particulier, certains se demandent si les utilisateurs ne perçoivent pas le projet comme un faire-valoir marketing pour les gros fournisseurs et s'inquiètent de ce que l'attirance des utilisateurs pour Openstack est plus modérée que celle des vendeurs. James Staten estime que le développement du projet est encore à ses prémices et que l'adoption peut encore décoller.

Un autre handicap pour le projet pourrait venir d'offres plus avancées sur le marché. VMware, par exemple, propose des plates-formes clouds publics et privées très matures et largement utilisées dans vSphere et vCloud Director. Microsoft cherche à faire la même chose en combinant Windows Server 2012 et sa plate-forme de cloud public Azure. Et puis il y a Amazon Web Services. Les fournisseurs de services qui ont choisi OpenStack peuvent-ils entamer les parts de marché d'AWS et les utilisateurs feront-ils confiance à un projet Open Source encore en développement et concurrencer l'offre cloud très évolutive d'Amazon ? En 2013, nous aurons peut-être la réponse à ces questions.